Luc Courtois, Partner - Investments Funds chez Bonn Steichen & Partners. (Photo: Maison Moderne)

Luc Courtois, Partner - Investments Funds chez Bonn Steichen & Partners. (Photo: Maison Moderne)

Sur les 4.411 milliards d’euros d’actifs logés dans les fonds luxembourgeois, plus de 757 milliards d’euros proviennent des fonds d’investissement alternatifs. Comment en sommes-nous arrivés là et comment tirer avantage de cette profusion de possibilités d’investissement?

Si tout avait commencé en 1988 avec la transposition au Luxembourg de la Directive européenne sur les organismes de placement collectif en valeurs mobilières et la spécialisation progressive des acteurs de la Place, une succession d’innovations législatives a permis l’éclosion, puis l’explosion des fonds d’investissement alternatifs.

Il y a eu tout d’abord l’introduction en 2004 de la SICAR, un véhicule spécifique pour les investissements en capital à risque et dédié aux investisseurs avertis. La SICAR est un fonds d’investissement soumis à la surveillance de la CSSF. Bénéficiant d’un régime fiscal favorable et d’une réglementation plus souple, notamment en matière de concentration des risques, la SICAR est le véhicule de premier choix pour les investisseurs en capital à risque.

Les FIS sont également réservés aux investisseurs avertis et peuvent être utilisés pour tous types de stratégies.
Luc Courtois

Luc CourtoisPartner - Investments FundsBonn Steichen & Partners

Vint ensuite le FIS, c’est-à-dire le fonds d’investissement spécialisé. Il s’agissait ici non pas de créer un véhicule pour un type d’investissement spécifique comme ce fut le cas pour la SICAR, mais bien, sur le fondement des fonds institutionnels créés par une loi de 1991, d’ouvrir ces mêmes fonds à un plus large panel d’investisseurs et de soumettre ces fonds à une réglementation beaucoup plus souple. Ce fut un grand succès jusqu’à atteindre aujourd’hui plus de 558 milliards d’euros d’actifs. Les FIS sont également réservés aux investisseurs avertis et peuvent être utilisés pour tous types de stratégies, même si ces dernières années ont vu un développement important des FIS investissant dans l’immobilier, les créances et le private equity.

Il n’y avait jusque-là que des fonds soumis directement à la surveillance de la CSSF. En parallèle toutefois s’étaient également développés des fonds tout à fait non régulés mais réservés à un cercle restreint d’investisseurs et qui ne bénéficiaient pas de la souplesse des fonds régulés dans leur structuration et leur fonctionnement. L’adoption de la Directive européenne du 8 juin 2011 sur les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (Directive AIFM) a donné une nouvelle impulsion au développement des fonds d’investissement alternatifs.

Le FIAR est un fonds d’investissement qui n’est pas soumis à la surveillance de la CSSF mais qui doit nommer un gestionnaire de fonds d’investissement alternatif autorisé sur base de la Directive AIFM.
Luc Courtois

Luc CourtoisPartner - Investments FundsBonn Steichen & Partners

Tout d’abord, sa transposition en droit luxembourgeois en 2013 s’est accompagnée de la création d’une nouvelle forme de société en commandite, à savoir la société en commandite simple spéciale. Il s’agissait de s’aligner sur les commandites anglo-saxonnes qui présentaient une extrême flexibilité et de créer un partnership luxembourgeois sans personnalité juridique. Ensuite, la dernière étape, à ce jour, dans ce processus a été la création du FIAR, c’est-à-dire le fonds d’investissement alternatif réservé.

Le FIAR est un fonds d’investissement qui n’est pas soumis à la surveillance de la CSSF mais qui doit nommer un gestionnaire de fonds d’investissement alternatif autorisé sur base de la Directive AIFM. Le FIAR offre la même souplesse que le FIS ou la SICAR sans être soumis au processus d’autorisation préalable de l’autorité de contrôle. Il est réservé aux investisseurs avertis et peut également être utilisé pour tous types de stratégies. Le FIAR a connu un succès immédiat. Rien qu’en 2018, le nombre de FIAR a augmenté de 169% et leurs actifs sous gestion ont augmenté de 158%.

Comment en profiter?

Devant une telle panoplie de fonds d’investissement, l’investisseur particulier pourrait se retrouver un peu perdu lorsqu’il envisage un placement dans des fonds alternatifs. Un élément à considérer est de déterminer si l’investisseur se cantonne à investir dans des véhicules régulés ou s’il a un certain appétit pour des fonds non régulés.

Le FIAR pourrait être un bon compromis car bien que n’étant pas directement soumis à un agrément de la CSSF, il est géré par un gestionnaire qui, lui, est soumis à une surveillance prudentielle et qui a l’obligation de respecter un certain nombre d’exigences notamment en matière de transparence et d’information. L’investisseur particulier devra également se faire bien conseiller par rapport aux stratégies d’investissement utilisées et leurs risques.

Certes, les fonds d’investissement alternatifs offrent un rendement potentiellement plus élevé que les fonds d’investissement traditionnels, mais les actifs tels que les dettes, l’immobilier ou le private equity comportent un risque accru à bien évaluer. Le Luxembourg offre donc tout ce qu’il y a de mieux, il suffit de choisir en toute connaissance de cause.