Michèle Detaille: «Il faut qu’on réduise au maximum les formalités pour ces gens qui viennent du Maroc, d’Inde, etc. Il faut que ce soit très simple pour eux de venir chez nous. Si cela prend des mois, les recrues potentielles vont trouver un poste ailleurs.» (Photo: Andres Lejona/Maison Moderne/Archives)

Michèle Detaille: «Il faut qu’on réduise au maximum les formalités pour ces gens qui viennent du Maroc, d’Inde, etc. Il faut que ce soit très simple pour eux de venir chez nous. Si cela prend des mois, les recrues potentielles vont trouver un poste ailleurs.» (Photo: Andres Lejona/Maison Moderne/Archives)

Renforcer l’attractivité du Luxembourg vis-à-vis d’une main-d’œuvre qualifiée étran­gère est l’une des priorités citées par les entreprises dans le dernier Baromètre de l’économie de la Chambre de commerce. Mais comment y parvenir?

Dossier Enjeux 

Selon le rapport d’activité 2021 du ministère du Travail, la cellule Ressortissants des pays tiers a été saisie de 3.957 demandes de certificat, soit une augmentation de 72,87 % par rapport à 2020, et 3.523 ont été accordées.

L’Adem explique qu’il ne s’agit pas uniquement de salariés hautement qualifiés (pour une demande de « carte bleue européenne »), mais aussi dans des domaines où il existe une pénurie, avec un niveau d’éducation débutant au niveau DAP. Car le Luxembourg connaît aujourd’hui une pénurie de talents et le vivier de la Grande Région n’est plus suffisant. Mais, pour une entreprise, recruter un ressortissant hors Union européenne est un parcours semé d’embûches. « Il faut qu’on réduise au maximum les formalités pour ces gens qui viennent du Maroc, d’Inde, etc. Il faut que ce soit très simple pour eux de venir chez nous. Si cela prend des mois, les recrues potentielles vont trouver un poste ailleurs », confirme la présidente de la Fedil, . « Le problème qui se pose, qu’il s’agisse des impatriés, des cartes bleues européennes ou des salariés qui ne sont pas ‘hautement qualifiés’, ce sont les délais de traitement des dossiers », pointe Marc Kieffer, secrétaire général de la Fedil.

Tous les secteurs concernés 

Le délai de réponse du ministère des Affaires étrangères et européennes est en effet, en principe, de quatre mois maximum – il est de trois mois pour les cartes bleues européennes – pour les autorisations de travail, qui sont obligatoirement à demander avant l’arrivée du salarié potentiel au Luxembourg. « Un délai qui est censé être maximum, mais qui peut faire perdre à l’employeur sa ou ses recrues. » Interrogé, le ministre affirme de son côté que « le délai de traitement actuel pour une demande en obtention d’une autorisation de séjour en tant que salarié hautement qualifié s’élève à environ 5 semaines ». Tous les secteurs sont aujourd’hui concernés par la pénurie de talents, et si la ministre des Finances, (DP), a annoncé lors de la présentation du budget 2023 que « dans un souci de maintenir l’attractivité du pays face aux difficultés accrues de recrutement de main-d’œuvre qualifiée, le seuil actuel de rémunération minimale de 100.000 euros dans le cadre du régime d’impatriés sera abaissé à 75.000 euros », « cette mesure va dans le bon sens, mais ne suffira pas », analyse Michèle Detaille.

Des freins au recrutement 

Car ce ne sont pas que des emplois hautement qualifiés qui ne sont pas pourvus. L’horeca, notamment, est également concernée, tout comme l’artisanat. « Les difficultés pour recruter des ressortissants de pays tiers concernent le logement, le coût de la vie, étroitement lié au logement au Luxembourg. C’est un frein sérieux, d’où le fait que, depuis de nombreuses années, nous promouvons le logement abordable à destination des salariés de l’artisanat. Jusqu’à présent, nous ne sommes pas entendus, regrette , directeur de la Chambre des métiers. Les règles pour les gens qui viennent de pays tiers sont un frein aussi. » Un sentiment partagé par Michèle Detaille, qui propose par exemple de signer le contrat de travail et que le salarié ait « trois mois pour se mettre en conformité pour les documents et autorisations. Si, au bout de trois mois, il ne répond pas aux normes, il rentre chez lui, mais pendant ce temps-là il a déjà pu travailler. » 

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  parue le 14 décembre 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam. 

 

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