Jean-Baptiste Olivier, chirurgien au CHL, rappelle ainsi que, si un cancer du sein est diagnostiqué au stade précoce, le risque de redévelopper la maladie est de 13%. Au-delà, avec une tumeur de plus de 2 cm, le risque augmente à 19%. «Six femmes de plus sur 100 auront le cancer», constate-t-il. (Photo: CHD/Flickr)

Jean-Baptiste Olivier, chirurgien au CHL, rappelle ainsi que, si un cancer du sein est diagnostiqué au stade précoce, le risque de redévelopper la maladie est de 13%. Au-delà, avec une tumeur de plus de 2 cm, le risque augmente à 19%. «Six femmes de plus sur 100 auront le cancer», constate-t-il. (Photo: CHD/Flickr)

Un débat public était organisé à la Chambre après le succès de la pétition 2504 réclamant de «garantir et améliorer l’accès utile, rapide et équitable aux moyens de diagnostic d’imageries médicales». Le diagnostic précoce est pourtant indispensable pour vaincre le cancer.

«Tout le monde est un patient», déclarait mercredi matin Isabelle Faber, auteur de la pétition 2504 réclamant de «garantir et améliorer l’accès utile, rapide et équitable aux moyens de diagnostic d’imageries médicales». Et c’est bien parce que tout le monde se sent concerné par ce sujet qu’un débat public avait lieu à la Chambre mercredi 8 mars, après le succès de la pétition déposée en octobre dernier (plus de 4.900 signatures).

Le constat est simple, selon Isabelle Faber: après demande au CHL, il faut actuellement huit mois d’attente pour obtenir une mammographie. «Et la situation est la même dans tous les services», remarque-t-elle, l’accès à la coloscopie, l’IRM, la densitométrie ou encore le scanner présentant les mêmes difficultés.

Les dommages sont multiples durant cette période d’attente. Psychologiques d’une part, pour le patient comme pour la famille. «On survit plutôt qu’on ne vit» durant cette période, se souvient Isabelle Faber. Mais aussi, bien sûr, concernant la maladie elle-même.

Augmentation du risque de décès

Jean-Baptiste Olivier, chirurgien au CHL, rappelle ainsi que, si un cancer du sein est diagnostiqué au stade précoce, le risque de redévelopper la maladie est de 13%. Au-delà, avec une tumeur de plus de 2 cm, le risque augmente à 19%. «Six femmes de plus sur 100 auront le cancer», constate-t-il.

Le risque de décès est lui aussi multiplié: si les métastases n’ont atteint aucun ganglion, le risque de décès à 20 ans est de 15%. Il double si un ou deux ganglions sont atteints, et lorsque 3 ou 4 le sont, le risque de décès augmente à 49%. «Chaque semaine de retard est une semaine perdue», constate le médecin, pour qui il y a une véritable «urgence» à diagnostiquer le cancer du sein, qui concerne 500 femmes par an dans le pays.

Un autre problème que constate le chirurgien est l’organisation des dépistages: les dépistages, réalisés dans les hôpitaux, se révèlent négatifs à 95%. «Il faut rendre les hôpitaux aux malades», réclame-t-il, appelant à externaliser les structures de dépistage pour les personnes en bonne santé – par exemple dans un centre national, public ou privé – afin de réserver les hôpitaux pour les urgences.

La démographie en cause

Du côté du gouvernement, la ministre de la Santé, (LSAP), reconnait le constat des pétitionnaires. La raison principale d’une telle situation est simple: la croissance démographique. Avec une hausse de la population résidente de 25% sur une décennie et un doublement du nombre d’assurés non-résidents faisant appel aux services médicaux luxembourgeois, le pays fait face à un «défi important».

Infrastructure, ressources humaines, équipements: difficile d’adapter tout cela au rythme de la demande. La ministre a tenté de démontrer les efforts réalisés. Le nombre d’IRM a ainsi «presque doublé» depuis 2018, passant de 7 à – un

À l’échelle de l’Europe, le pays est 1er pour le nombre de scanners par habitant et est désormais 4e pour les IRM, contre 8e en 2018. Une amélioration, selon la ministre, «même si nous ne sommes pas encore là où nous devrions être», admet-elle.

Le système de santé actuel pas remis en cause

Les chantiers sont en cours, assure-t-elle par ailleurs: travail avec les hôpitaux pour la mise en place d’une plateforme unique pour la prise de rendez-vous et avec la CNS et la FHL pour activer des plages supplémentaires d’utilisation des appareils, notamment le matin. L’optimisation du parcours du patient est en outre en phase de réalisation et il s’agit de la dernière ligne droite concernant le plan national de santé, qui sera présenté dans les mois à venir.

Le président de la commission de la santé à la Chambre, le député (LSAP), assure en tout cas que, s’il faut «intervenir et combler les lacunes», le «système de santé actuel» ne doit «pas être remis en question» – une manière de répondre aux volontés de privatisation du CSV. «Ceux qui ont détruit leur système de santé basé sur la solidarité reviennent désormais en arrière. Et il n’est pas facile à reconstruire», prévient-il.