Entendre les spectateurs hurler leur joie dans le stade sans avoir vu le but sur sa télévision: un problème que va régler la synchronisation satellite-OTT. (Photo: Shutterstock)

Entendre les spectateurs hurler leur joie dans le stade sans avoir vu le but sur sa télévision: un problème que va régler la synchronisation satellite-OTT. (Photo: Shutterstock)

L’annonce, par SES, qu’elle montrera une nouvelle solution à Amsterdam, capable de synchroniser la diffusion par satellite et OTT, montre bien comment l’entreprise, cernée de toutes parts sur la vidéo, sa «vache à lait», doit se réinventer.

Traditionnellement, à chaque annonce négative de SES succède une annonce positive par son service de communication. Mercredi, au lendemain de l’annonce du départ du directeur financier, le leader mondial des opérateurs de satellites annonce qu’il montrera, à Amsterdam, une nouvelle solution qui synchronise les satellites et l’OTT, «Satellite and OTT in sync».

«Les diffuseurs d’aujourd’hui cherchent à protéger et à développer leur activité en offrant la meilleure expérience possible lors d’événements en direct, en particulier pour les sports de qualité. Lorsqu’un téléspectateur assiste à un match important sur une plate-forme OTT et qu’il entend les spectateurs applaudir avant même de voir le but, la déception est palpable», a déclaré le directeur de SES Video, , dans un communiqué. «En tant que distributeur vidéo hybride, SES peut traiter la vidéo à la source pour la distribution par satellite et OTT, aidant ainsi les radiodiffuseurs à offrir une expérience utilisateur unique, cohérente et satisfaisante.»

Le «live» et sa publicité aiguisent les appétits

L’enjeu est majeur... pour SES. Au milieu des 8.200 chaînes qu’elle diffuse, le streaming représente 8.400 heures de programmes, dont 620 heures de sport chaque jour.

Mais ce n’est pas tout. Au cœur des deux tiers de son chiffre d’affaires (1,29 milliard d’euros pour la vidéo sur 2 milliards l’an dernier), une triple tendance se dessine:

- La consommation de vidéo par OTT, pour «over the top» (via internet), est dopée par des acteurs comme Netflix, Amazon Prime, et bientôt par Disney+ et Apple Video. Chacun des quatre favorise non seulement la dépendance des internautes à leur programme, mais une expérience utilisateur unique sur tous les supports, télévision, tablette et smartphone, avec le passage fluide d’un support à un autre. Netflix a diffusé 88% de contenus de plus que ce qu’elle avait produit l’an dernier. Disney et les deux autres achètent des droits sur des films locomotives pour des dizaines de millions d’euros;

- Le développement de la 5G à venir va rendre encore plus confortable la consommation de vidéo par internet. Les téléchargements de vidéos iront beaucoup plus vite, et les lives seront moins saccadés. Il faudra encore attendre quelques années avant que tout cela ne fonctionne comme le consommateur l’espère, mais un boulevard s’ouvre;

- L’IPTV (la télévision par internet, via une box) connaît un double coup d’arrêt: non seulement la Cour de justice de l’Union européenne a posé la question des droits d’auteurs de ces contenus diffusés en dehors des circuits classiques de distribution, mais de plus en plus de hackers expliquent comment ils peuvent accéder à de nombreuses données personnelles par ces boîtiers.

Un moyen de se développer en Asie

Même si elle touche un milliard d’individus sur la planète, dont 167 millions de foyers en Europe et 72 millions aux États-Unis, SES n’y progresse que peu. Pour espérer conquérir l’Asie – au moins les plus gros consommateurs de vidéos –, se rapprocher de l’OTT était une absolue nécessité: c’est sur ce continent que l’on consomme le plus de vidéos par internet (près de 50% de la consommation).

Des clients dont SES ne peut plus se passer. Au premier semestre, la verticale «Video» avait encore perdu 8,8% par rapport à la même période l’an dernier (603,8 millions d’euros). Soit 46 millions d’euros de moins, alors que l’autre verticale (Réseaux) n’en regagne «que» 34 millions d’euros.