Ancien CFO et COO d’atHome Group, Soufiane Saadi en est devenu le CEO en mars 2020, au moment de la reprise par le britannique Mayfair Equity Partners. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Ancien CFO et COO d’atHome Group, Soufiane Saadi en est devenu le CEO en mars 2020, au moment de la reprise par le britannique Mayfair Equity Partners. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pour ses 20 ans, le portail d’annonces immobilières veut étendre ses services et lorgne désormais le courtage en assurances, trois ans après s’être lancé dans celui en prêts hypothécaires.

Le site d’annonces immobilières en ligne atHome.lu souffle actuellement ses 20 bougies. Le portail fondé par est passé d’une structure de deux employés à un groupe de 80 salariés qui inclut Luxauto, portail d’annonces automobiles . Aujourd’hui, le site propose, à côté des annonces immobilières, des visites virtuelles, mais aussi des services connexes tels que des estimations, des comparateurs de devis pour travaux et déménageurs, et du courtage en prêts avec atHome Finance. Rencontre avec son CEO, .

atHome et Luxauto fêtent leurs 20 ans. Quelles réalisations majeures ont marqué, selon vous, ces deux portails?

Soufiane Saadi. – «Il y en a eu beaucoup, mais le plus grand changement est, selon moi, le passage du print à la recherche ‘online’. Au début d’atHome et de Luxauto, les recherches se faisaient dans les journaux. Aujourd’hui, elles se font sur le web. Au-delà de cela, ce qui importe pour nous, c’est d’accompagner celles et ceux qui utilisent nos outils pour faciliter leurs recherches pour l’achat d’un bien immobilier ou d’un véhicule en y intégrant des services financiers. . L’objectif, à terme, pour atHome, est de fournir une expérience complète: trouver, financer, aider au déménagement et, plus tard, assurer le bien.

L’assurance est quelque chose qui entre dans notre objectif de faciliter l’expérience.
Soufiane Saadi

Soufiane SaadiCEOatHome Group

L’assurance sera donc le prochain service proposé?

«Notre idée est de proposer une gamme de services, car tout est interconnecté. L’assurance est quelque chose qui entre dans notre objectif de faciliter l’expérience. Notre focus, pour l’instant, est de faire croître l’activité de courtage en prêt immobilier. Notre équipe de courtiers est passée de 4 à 5 personnes à ses débuts, à près de 20 courtiers aujourd’hui. Nous voulons ‘upscaler’ le service.

Quelle est votre part de marché sur le courtage en prêts?

«Le courtage est quelque chose qui démarre au Luxembourg. Je pense qu’en pénétration du marché, cette activité est à moins de 10%, mais on n’a pas encore de données précises pour mesurer cela. Nous estimons aujourd’hui être le leader sur le marché du courtage avec un peu moins de 50% de part de marché. C’est une estimation. Notre focus, pour l’instant, est de faire croître cette activité de courtage en prêts immobiliers. Sur des marchés comme la France ou l’Allemagne, 35% à 40% des prêts hypothécaires se font via le courtage.

Et quand comptez-vous vous lancer sur le courtage en assurances?

«Il y a de grandes chances pour que cela se fasse cette année calendaire. Mais notre but est de faire en sorte que tout soit bien préparé en amont. Ce sont des secteurs réglementés, et nous voulons avoir la certitude que les bases sont correctement posées.

«Chaque personne qui visite le site (atHome.lu, ndlr) consulte entre 30 et 40 pages», estime Soufiane Saadi. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

«Chaque personne qui visite le site (atHome.lu, ndlr) consulte entre 30 et 40 pages», estime Soufiane Saadi. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

En termes de trafic, que représentent les deux sites?

«Globalement, les deux portails figurent dans le top 10 des sites les plus visités au Luxembourg. atHome attire entre 1,5 et 2 millions de visites par mois, et environ 700.000 visiteurs uniques. En juillet 2020, nous avons recensé un petit peu moins de 2 millions de visites, c’est quasi 35% de plus qu’en 2019. Luxauto est à 700.000 visites par mois pour en moyenne 250.000 visiteurs uniques. atHome compte à peu près 25 millions de pages vues: cela veut dire que chaque personne qui visite le site consulte entre 30 et 40 pages.

atHome propose aussi des biens en Grande Région: comment se passent les relations avec vos concurrents de l’autre côté des frontières?

«Notre positionnement est différent: nous sommes leaders au Luxembourg, mais dans les autres pays, nous nous positionnons comme une option alternative aux leaders des marchés respectifs. En France, notre focus est clairement mis sur la zone frontalière, par exemple.

Quelle part représentent les annonces de particuliers sur atHome?

«Au Luxembourg, nous sommes sur environ 5% d’annonces de privés et 95% d’annonces de professionnels. Il faut dire que la majorité des transactions passent par des agents immobiliers. En Belgique ou en France, beaucoup de personnes utilisent la vente de particulier à particulier via des sites généralistes comme Leboncoin. Mais sur des sites verticaux comme le nôtre, cela va principalement être des annonces de professionnels.

Les visites virtuelles sont devenues une nécessité vu le contexte sanitaire, mais elles peuvent aussi alimenter la curiosité voire l’addiction de certains internautes adeptes du «real estate porn». Comment concilier cela avec votre intérêt de générer du trafic d’une part, mais aussi de contenter vos plus gros clients, à savoir les agents, qui souhaitent trouver efficacement le bon candidat?

«Ce phénomène est d’autant plus accentué au Luxembourg. On a un marché qui est extrêmement dynamique où l’accès à la propriété peut devenir compliqué vu le niveau des prix. C’est difficile pour nous, en tant que portail, de pouvoir filtrer les gens qui viennent. Notre objectif est de fournir cet outil à nos clients: les agents immobiliers. Il est vrai que vous avez parfois des curieux. C’est un travail au niveau des agents d’identifier à un certain moment les personnes vraiment intéressées. Je ne pense pas que cela impacte la vie des agents. La grande majorité des gens qui réservent une visite reste dans la plupart des cas des gens très intéressés. Le phénomène est là, mais de là à dire qu’il impacte la vie des agents, je ne pense pas que l’on puisse faire le raccourci.

Comment le Covid-19 a impacté l’activité de votre société?

«Il y a eu deux phases: la première, en mars 2020, où l’attention était portée sur comment assurer la viabilité financière et opérationnelle de l’entreprise, comment s’en sortir; La seconde, c’est d’apprendre à vivre avec cela, continuer à travailler et à se développer. Il s’agit de mettre en place une stratégie digitale pour accompagner tous ceux qui sont dans cet écosystème: atHome Finance a mis en place la possibilité de prendre un rendez-vous en ligne avec le courtier, ce qui n’existait pas auparavant. Il n’y a plus besoin de venir ici. La chose qui a accéléré cela, c’est le Covid.

Comment se passent les relations avec le nouvel actionnaire, ?

«Elles se passent vraiment très bien. Le hasard a fait que juste après la clôture de la transaction le 13 mars 2020, le confinement a commencé. C’est un début qui n’est pas des plus faciles, c’est l’une des crises les plus importantes de notre histoire. Je pense que c’est dans ces temps difficiles que l’on voit la valeur d’un partenariat. On a vu que c’est un actionnaire fiable qui nous a soutenus. Nous avons pu continuer à investir dans le développement des services financiers, le développement de la digitalisation, nos plateformes.

Nous sommes opportunistes pour des acquisitions qui peuvent se présenter dans des domaines liés aux services financiers.
Soufiane Saadi

Soufiane SaadiCEOatHome Group

Quels sont vos projets d’acquisition ou d’expansion?

«Aujourd’hui, le focus, c’est vraiment de continuer à renforcer notre écosystème, développer les services financiers, travailler cette digitalisation parce qu’il y a énormément d’opportunités au Luxembourg. Il y a beaucoup d’entreprises qui se créent, et nous en avons rencontré pas mal. Nous sommes opportunistes pour des acquisitions qui peuvent se présenter dans des domaines liés aux services financiers ou des business qui peuvent nous aider à accélérer cette digitalisation.

Comment voyez-vous vos deux sites d’ici 20 ans?

«Je ne sais pas comment les choses vont évoluer. Ce qui est important, c’est notre façon de travailler: pouvoir se détacher de l’environnement et pouvoir se projeter. Se dire que ce que l’on fait aujourd’hui sera forcément différent que dans 5, 10 ou 20 ans. Peut-être que dans 20 ans, on pourra acheter un bien entièrement en ligne du début à la fin, le payer en bitcoin, le visiter de façon totalement virtuelle avec des technologies qui donnent l’impression d’être dans le bien. Une chose est sûre: les choses vont se passer de plus en plus en ligne, il y aura de moins en moins d’interactions, mais il y aura toujours la présence de quelqu’un qui va conseiller l’utilisateur dans ses choix, surtout pour l’acquisition d’un bien; c’est l’actif le plus cher, et c’est quelque chose de stressant. On le fait 1,5 fois en moyenne dans sa vie.»