La marge financière du formateur, Luc Frieden, s’est-elle encore réduite à la lecture du rapport annuel de l’assurance maladie-maternité? Sa dernière ligne invite en tout cas au minimum à un certain art du doigté. «L’Inspection générale de la Sécurité sociale ne peut qu’appeler à la prudence sur toutes les actions qui visent un changement structurel, même mineur, de l’organisation de l’assurance maladie-maternité, tant en ce qui concerne la prise en charge des prestations, tant en ce qui concerne les recettes», peut-on y lire.
Le rapport entre les réserves globales et les dépenses devrait encore diminuer à fin 2024, passant de 20,3% en 2023 à 18,2% en 2024, étant entendu que la loi oblige à avoir 10% de marge. La réserve devrait se situer à 834,6 millions d’euros, mais le conditionnel est de mise.
«Concernant la sensibilité du niveau projeté de la réserve fin 2024 dans un contexte géopolitique hostile, l’IGSS tient à souligner le risque d’un ralentissement de la croissance de l’emploi en 2023 et 2024 par rapport aux projections actuelles retenues dans le cadre du scénario retenu (…) Dès lors, dans le cas d’un ralentissement de l’évolution du marché de travail de 0,5 point de pourcentage par rapport au scénario de base, la réserve de l’assurance maladie-maternité s’élèverait prévisiblement à 17,2% en 2024 et se situerait ainsi toujours largement au-dessus du seuil légal de 10,0%.»
Et encore, comme dans les contrats d’assurance, il faut aller bout des petites lignes de ces 47 pages publiées ce jeudi soir. Certes, cette année, l’assurance maladie-maternité terminera dans le vert, avec un solde positif de 24,9 millions d’euros avec des recettes à 4,284 milliards d’euros et des dépenses à 4,259 milliards. Mais elle le doit en réalité à une augmentation de 9,3% des recettes… due au fait que l’État a payé ses dettes de 2020, 2021 et 2022 liées au covid. Soit 37,5 millions d’euros.
Quelques paragraphes plus haut, le rapport explique aussi que «sont également soulevés à côté de l’analyse de l’évolution des recettes et des dépenses, plusieurs sujets pertinents tels que notamment les impacts de la loi sur le virage ambulatoire, le financement d’incitants à la digitalisation des médecins, l’application en 2024 d’un facteur de rattrapage lié à certaines valeurs lettre – clés en raison d’une application tardive de la revalorisation des lettre-clés pour les médecins, les médecins-dentistes et les laboratoires d’analyses médicales et de biologie clinique. De surcroît, les réserves des établissements hospitaliers et la comptabilisation des primes annuelles dans le cadre du programme qualité sont également abordées.»
L’assurance maladie-maternité couvrira 955.000 personnes cette année et 968.000 l’an prochain, selon les estimations de l’IGSS, pour respectivement 550.000 puis 560.000 assurés qui cotisent et 132.000 pensionnés qui cotisent pour les soins de santé en 2023 et 136.000 l’an prochain.