Les apprentis ont, cette année, jusqu’au 30 novembre pour signer un contrat avec une entreprise. (Photo: Eric Chenal/archives Maison Moderne)

Les apprentis ont, cette année, jusqu’au 30 novembre pour signer un contrat avec une entreprise. (Photo: Eric Chenal/archives Maison Moderne)

Certains secteurs souffrent d’une pénurie de candidats à un apprentissage. A contrario, d’autres manquent de postes à proposer face à l’afflux de postulants. 

Les apprentis préparent leur rentrée. Avec cette année un délai supplémentaire pour trouver un patron, puisque la date limite n’est plus fixée au 1er novembre, mais au 30 novembre – même s’ils auront déjà commencé les cours théoriques. Le projet de loi a été adopté le mardi 14 septembre à la .

En attendant, offre et demande ne se rencontrent pas toujours. Selon les dernières données dont dispose la Chambre des métiers, au 19 août 2021, 16 postes restaient vacants pour des apprentis bouchers-charcutiers en formation initiale, mais sans candidats à l’horizon pour le moment. Les 8 candidats pour un apprentissage en maçonnerie auront l’embarras du choix, puisque 33 postes sont ouverts. De même pour les 7 candidats carreleurs pour 20 places, et les 5 candidats pour 31 places de couvreurs. Les 10 postes de ferblantiers-zingueurs et les 7 postes de charpentiers n’ont toujours pas de candidats apprentis.

À l’inverse, pas moins de 50 futurs apprentis cherchent un poste dans l’esthétique, alors que seulement 14 places sont disponibles. La concurrence sera aussi féroce entre ceux qui sont intéressés de devenir apprenti mécanotricien d’autos et de motos, puisque 43 places restent accessibles alors que l’on compte 179 demandeurs.

279 jeunes apprentis déjà placés

Les 279 candidats déjà placés ne sont pas inclus dans ces chiffres. Par exemple, s’il y a 7 demandeurs pour 20 postes de carreleurs, 6 ont quand même déjà signé un contrat dans ce domaine et font donc partie de ces 279. Dans le détail, 15 contrats ont déjà été signés dans l’alimentation, 47 dans la mode, santé et hygiène, 106 dans la mécanique, 106 dans la construction et l’habitat et 5 dans la catégorie Divers.

La situation n’est pas non plus figée puisque ces données prennent en compte le premier choix des candidats, qui doivent indiquer 3 métiers lors de leur demande d’apprentissage. Si une personne a inscrit l’esthétique en première option, mais la boucherie en troisième, elle aura toutes ses chances de trouver une entreprise pour l’accueillir. Le nombre d’apprentis devrait également augmenter avec la fin du congé collectif et la reprise de l’école qui ont «un grand effet sur les placements», explique la Chambre des métiers.

entre le 15 juillet et le 31 décembre – la date limite avait été décalée en raison de la pandémie. 39 dans l’alimentation, 137 dans le secteur mode, santé et hygiène, 206 dans la mécanique, 360 dans la construction et l’habitat, 1 dans la reliure et 18 chez les instructeurs de natation.

L’école jusqu’à 18 ans divise

Chaque année, de nouveaux jeunes se tournent vers l’apprentissage pour allier formation théorique à l’école et pratique en entreprise. Cela ne suffit pas à venir à bout de la . L’école  annoncée par le ministre de l’Éducation nationale (DP) pourrait-elle avoir un impact?

«Il y a un décrochage scolaire. Si on prévoit un système pour s’occuper de ces jeunes, nous trouvons que c’est une bonne idée», commente le directeur de la Chambre des métiers, . Il note que «beaucoup entrent en apprentissage, mais il n’y en a pas suffisamment qui sortent avec un diplôme». Parce qu’ils ne sont «pas assez matures ou mal orientés». , 416 jeunes et adultes avaient terminé avec succès leur formation professionnelle dans le secteur de l’artisanat.

Pour ceux qui démarrent leur apprentissage aux alentours de 15-16 ans, il dénonce, trop souvent, une «orientation par l’échec». «Au Luxembourg, il semble plus noble de travailler dans un bureau que dans un atelier.» Un élève mauvais en langues serait automatiquement dirigé vers l’artisanat. Il préconise, à la place, de «regarder les jeunes dans leur ensemble».

Au Luxembourg, il semble plus noble de travailler dans un bureau que dans un atelier.
Tom Wirion

Tom Wiriondirecteur généralChambre des métiers

«Même le meilleur système de formation ne permettra pas de résoudre» la pénurie de main-d’œuvre, relativise-t-il, tant que la croissance démographique ne suivra pas la croissance économique.

Redorer le blason de l’artisanat

, secrétaire général de la Fédération des artisans (FDA), se veut plus critique. «J’ai l’impression qu’on veut instaurer l’école comme solution à tous les problèmes plutôt que de s’interroger sur les raisons du décrochage.» Il ajoute que «chaque prolongation réduira la durée du travail alors que nous avons des problèmes de pension. On a l’impression qu’on veut éviter à tout prix aux jeunes cette corvée qu’est le travail.»

«C’est une réaction à chaud et personnelle», insiste-t-il. En tout cas pour le président de la FDA Ernest Pirsch non plus, allonger l’école obligatoire ne résoudra pas le problème de main-d’œuvre. «Nous avons besoin de gens motivés», ce qui ne sera pas le cas «si on les oblige». Il faut un «changement de mentalité» pour «redorer le blason de l’artisanat». Conclusion sur laquelle s’accordent les acteurs du secteur.