Après six décès et près de 400 cas de maladies pulmonaires, les autorités américaines s’apprêtent à interdire certains arômes. Prudence, répond le ministère de la Santé, qui ne doute pas de la dépendance que crée la cigarette électronique. (Photo: Shutterstock)

Après six décès et près de 400 cas de maladies pulmonaires, les autorités américaines s’apprêtent à interdire certains arômes. Prudence, répond le ministère de la Santé, qui ne doute pas de la dépendance que crée la cigarette électronique. (Photo: Shutterstock)

Après six morts aux États-Unis et 380 cas de maladies pulmonaires, la question des effets de la cigarette électronique sur la santé se pose à nouveau. Le ministère luxembourgeois de la Santé observe les développements, mais n’a aucun doute sur la dépendance.

L’image montre des poumons et des bronches qui brûlent. «Lésions pulmonaires, épidémie de lésions pulmonaires liées à l’utilisation de cigarettes électroniques», dit le texte qui barre la une  (CDC).

Selon ce dossier, mis en ligne dans l’urgence de six décès en fin de semaine, 380 cas de maladies pulmonaires ont été recensés dans 36 États américains. Point commun, toutes les personnes touchées utilisaient des cigarettes électroniques. 

Directement, le secrétaire d’État américain à la Santé et aux Services sociaux, Alex Azar, annonce que l’administration Trump a «l’intention de réglementer le marché des cigarettes électroniques aromatisées afin de stopper cette épidémie très préoccupante. Tout le monde est touché: les enfants, les familles, les écoles et les communautés. Nous ne resterons pas les bras croisés alors que ces produits deviennent un vrai fléau dans notre pays. Ils contribuent à rendre dépendants nos jeunes.» Plus d’un jeune Américain sur quatre tire sur sa cigarette électronique quotidiennement.

En ce qui concerne les arômes, les données relatives aux effets de leur inhalation à moyen et long terme sur la santé des consommateurs ne sont pas encore assez complètes pour en quantifier le risque et en évaluer la toxicité réelle.

Ministère luxembourgeois de la Santé

Sans attendre une décision gouvernementale, dimanche, .

«Nous ne connaissons pas encore la cause spécifique de ces maladies. L’enquête n’a pas identifié de produit de cigarette électronique ou de vapotage spécifique (appareils, liquides, capsules de recharge et/ou cartouches) ni de substance liée à tous les cas», modère toutefois le CDC.

Le tabac, un arôme à réglementer

Le ministère luxembourgeois de la Santé pourrait aller encore plus loin. Sollicité par Paperjam, il indique qu’au vu des développements américains, «seul le goût tabac serait autorisé. De notre point de vue, le goût tabac provient aussi d’un arôme artificiel qu’il faudrait réglementer.»

Au Luxembourg, où la législation de 2017 va plus loin que la directive européenne de 2006, «la loi oblige les fabricants ou importateurs de produits e-cigarettes à déclarer la composition complète de leurs produits à la Direction de la santé. En cas de doute, nous avons la possibilité de faire analyser les produits déclarés», lesquels sont déjà taxés à hauteur de 5.000 euros par nouveau produit qui arrive sur le marché luxembourgeois.

«Saveur» au caramel, aux fruits rouges, à la vanille, à la menthe, à la pêche, à la noix de coco. Ceux qui commercialisent ces produits ne manquent pas d’imagination pour séduire les consommateurs potentiels.

Selon l’étude de la Fondation Cancer (2017), le Luxembourg compte 6.000 vapoteurs, soit 1,2% de la population résidente, à mettre en comparaison avec les 21% de fumeurs.

«Un lien de causalité n’est pas établi»

«La cigarette électronique représente un risque potentiel pour la santé, qui est bien documenté depuis plusieurs années, en particulier en ce qui concerne les substances irritantes. En ce qui concerne les arômes, les données relatives aux effets de leur inhalation à moyen et long terme sur la santé des consommateurs ne sont pas encore assez complètes pour en quantifier le risque et en évaluer la toxicité réelle. Les récents cas d’intoxication déclarés aux États-Unis doivent faire l’objet d’investigations complémentaires et, à ce stade, leur lien de causalité avec des ingrédients ou arômes spécifiques n’est pas établi», dit encore le ministère de la Santé.

Le problème, relève aussi le ministère, c’est que «la combinaison de nicotine et d’arômes dans les e-cigarettes rend ces produits attractifs et addictifs, ce qui les rend inefficaces pour la grande majorité des fumeurs voulant arrêter de fumer et peut constituer un mode d’entrée vers le tabagisme durable chez les jeunes».

Une campagne de communication plus utile

Dans un des magasins qui vendent ces produits au Luxembourg, celui proche de la place d’Armes, où l’on peut trouver la recharge de 10ml à la saveur «pommes vertes» pour 6,90 euros, on «dédramatise». «Nos produits ne contiennent ni huile, ni cannabis», explique la commerciale. «Nous ne nous fournissons pas en Chine ni sur internet mais auprès d’Alfaliquid.»

Gaïatrend, entreprise familiale de l’est de la Moselle, à Rohrbach-lès-Bitche, dispose d’une gamme de 80 produits et 500 références d’Alfaliquid , et n’utilise que de la glycérine végétale et du propylène glycol, purs à près de 100%. Autrement dit, rien qui ne justifie les mesures imaginées aux États-Unis. Et la grande majorité passe à la certification de l’Afnor pour lever tout doute.

«Les e-cigarettes sont classées dans la catégorie ‘produits du tabac’ dans la loi. À l’heure actuelle, une campagne sur les dangers du tabac incluant les e-cigarettes et la shisha fait plus de sens», conclut le ministère.