À chaque génération ses défis pour le groupe Arnold Kontz, âgé de 104 ans. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

À chaque génération ses défis pour le groupe Arnold Kontz, âgé de 104 ans. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Transmission, gestion quotidienne… Cet été, Paperjam vous emmène dans les coulisses d’entreprises familiales luxembourgeoises. L’arrière-petit-fils du fondateur du groupe Arnold Kontz, Benji Kontz s’est fait une place en douceur. Pour relever les défis de sa génération.

Vendre des voitures et des vélos ou photographier la nature et les oiseaux? «Je me suis longtemps posé la question de savoir si je voulais faire de mes passions ma profession ou non», révèle . «J’ai finalement fait le choix de dissocier les deux», en reprenant l’entreprise familiale Arnold Kontz.

Née en 1917, elle emploie aujourd’hui 220 personnes dans quatre concessions automobiles et un magasin de cycles et avoisine les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. «Mon arrière-grand-père a commencé en ouvrant son atelier de construction de vélos à la gare», raconte son arrière-petit-fils. «Comme chaque entreprise, nous avons connu des périodes plus compliquées. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les vélos étaient moins demandés. Il s’est donc spécialisé dans la réparation et la vente de radios, marchandise prisée à l’époque». Après la guerre, la vente de vélos reprend et s’ajoutent les deux-roues motorisés. Puis les voitures, dès le début des années 60, avec BMW. L’entreprise a perduré de génération en génération, jusqu’à la quatrième avec Benji Kontz, arrivé en 2005.

Avant cela, il a suivi des études de droit, avec en tête l’idée de revenir dans l’entreprise familiale. «Je savais que cela pourrait me servir.» Et a passé une année chez sa sœur, à Londres, pour faire de la photographie, «pour le plaisir». De quatre ans son aînée, elle a choisi de se consacrer à la musique en devenant compositrice.

«J’ai toujours été attiré par le commerce», justifie-t-il. «À 11 ans, j’ai commencé à travailler dans le magasin de cycles, qui se trouvait encore avenue de la Gare, pendant mes vacances. Ce qui m’intéressait surtout, c’était le contact avec les clients, le fait de vendre.» L’argent de poche récolté lui permettait «d’acheter des jumelles pour observer les oiseaux ou des appareils photo».

Force tranquille

La transmission s’est faite en douceur. «J’ai dirigé l’entreprise avec mon père dès le début. Nous partagions un bureau, cela m’a permis d’être tout de suite imbibé dans la gestion. Il m’a laissé beaucoup de marge de manœuvre, dès le premier jour.» Une fluidité qui se retrouve dans la prise de décisions. «Nous semblons réfléchir de la même manière. Au début, les salariés qui ne recevaient pas la réponse souhaitée chez l’un essayaient de l’obtenir chez l’autre. Cela s’est vite arrêté, car ils se sont rendu compte que la réponse était deux fois la même.» La santé de Tommy Kontz le pousse à «lever le pied» en 2011, où il laisse officiellement les rênes à son fils. «Il reste très intéressé par ce qu’il se passe dans l’entreprise, j’échange toujours avec lui», confie le CEO actuel.

Comme chaque entreprise, nous avons connu des périodes plus compliquées.
Benji Kontz

Benji KontzCEOArnold Kontz Group

Sous qui l’entreprise aura pris un tournant stratégique, avec la . Benji Kontz a continué la commercialisation de marques anglaises débutée par son père. Il a aussi ouvert le nouveau magasin de cycles au 3, rue de Strasbourg. Un dans le quartier Gare après la fermeture de la boutique historique, en 2006, quand le propriétaire a vendu l’immeuble. Assis à la table de l’Akor Café, un espace cafétéria au cœur de ce nouveau commerce, il relate que «celui-ci a pris une toute nouvelle envergure» avec l. «En cinq ans, on doit avoir multiplié les volumes par dix.» Les voitures représentent quand même la majorité du chiffre d’affaires. «Nous avons d’ailleurs racheté une concession automobile en Belgique en 2020, notre première implantation à l’étranger.» Alors qu’une de semi-conducteurs touche le secteur automobile, déjà en .

Pour la suite, «notre challenge, c’est de traverser la crise». Ce qu’on fait différemment, en tant qu’entreprise familiale, selon lui. «Nous assumons nos responsabilités: même si cela vient avec une baisse de la rentabilité, nous ne mettons personne au chômage, parce que nous avons une relation différente avec nos salariés», développe-t-il. Même en temps normal, «nous n’avons jamais essayé de maximiser les profits, mais de maximiser le plaisir. Tout en restant rentables.» Ainsi, pas de nouvelles acquisitions en vue. «Notre volonté n’a jamais été de devenir le plus grand. Mais parfois, il y a une opportunité qui se présente, comme ce fut le cas en Belgique.»

Des jeunes curieux

L’actionnariat appartient à «notre famille réduite», dit-il sans donner de détails. Ce qui signifie que les jeunes enfants de la sœur de Benji pourraient, un jour et s’ils le souhaitent, reprendre l’entreprise. Tout comme les siens, âgés de 5 et 8 ans.

Nous n’avons jamais essayé de maximiser les profits, mais de maximiser le plaisir.
Benji Kontz

Benji KontzCEOArnold Kontz Group

Pour l’instant, «ils aiment surtout le magasin de vélos, comme moi à l’époque. Quand ils arrivent ici, ils commencent déjà à ranger les étalages. Ils sont à cheval sur la présentation», rit-il. La société attise leur curiosité. «Ils posent des questions sur le métier de chef d’entreprise. Ils essaient de comprendre ce que je fais de mes journées.» Comme son père, il ne souhaite pas mettre de pression à ses descendants. «Ce dont une entreprise a besoin, ce sont de gens qui ont envie de la faire avancer.» Ce qui lui a déjà permis de rouler, depuis plus de 100 ans.