Le soleil a troué un ciel noir de nuages menaçants. Au-dessus du bâtiment de la Poste, un arc-en-ciel a pris forme au moment précis où la délégation, emmenée par le bourgmestre, Vincent Magnus (Cdh), sortait du premier étage du parking souterrain où se tenait une conférence de presse pour présenter le nouvel espace. Un heureux présage salué par l’arrivée de plus en plus d’habitants qui avaient là un bon moyen de prendre de l’avance sur les très réputées fêtes du Maitrank.
«Nous sommes particulièrement contents», se réjouissait le bourgmestre. «Cela fait quelques années que ce projet est en gestation. Nous avons commencé en janvier 2022. Deux ans et demi plus tard, nous pouvons inaugurer la place. D’ici un mois les gens pourront entrer au parking» de 200 places, «et dans quelques mois de plus, avant la fin de l’année, les gens pourront se promener dans le parc. C’est la renaissance complète de l’hypercentre d’Arlon.»
Il a fallu extraire 25.000 mètres cubes de terre, a expliqué l’architecte Pierre Hebbelinck, «soit 220 millions verres de Maitrank», a-t-il glissé avec malice pour rendre le chiffre compréhensible. Le bourgmestre et son chef de projet ont assisté à toutes les réunions de chantier, parfois avec l’association des commerçants dirigée par Catherine Arnold. «Avec les vestiges romains que nous devions trouver en dessous, certains nous prédisaient que le chantier resterait un trou géant comme la place Saint-Lambert à Liège», dira M. Magnus dans son speech pour le public. «J’ai aussi eu beaucoup de contrôleurs de chantier qui me demandaient si ceci était normal ou s’il n’aurait pas fallu faire cela autrement…» Les fouilles n’ont pas permis de trouver ce qui était espéré mais dix panneaux sur les deux étages du parking souterrain témoignent de ces trouvailles, dont des pièces frappées au Luxembourg.
Après la réfection de la rue Paul Reuter, de la Grand-Rue, la famille Filipucci, qui a repris le Twins, emblématique pâtisserie puis restaurant de Paul Gathy depuis 1932, a aussi racheté les Arcades, pour étendre son activité de brasserie et réaliser des appartements sur la partie supérieure, explique Raphaël Filipucci entre deux conseils à ses serveurs. Cette semaine, Dany Van Melsen a annoncé reprendre le Café de la Paix. À côté l’hôtel-restaurant L’Écu de Bourgogne aurait trouvé un nouvel investisseur, dit le bourgmestre sans aller plus loin. Début 2023, il aurait été racheté par l’entrepreneur luxembourgeois Steve Darné, à la tête de 1Com et à qui l’on doit quelques adresses très connues au Luxembourg comme l’Ikki, le Sud, l’Aka Cité et bientôt le Strike, futur restaurant sportif et salle de jeux avec quatorze pistes de bowling, billards, bars à cocktails, espaces de fléchettes, escape games «et plus encore», répartis sur trois étages et sur 2.000 m2, selon nos confrères du Chronicle. M. Darné n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment de boucler cet article.
Aujourd’hui, la commune y a investi 20 millions d’euros. «Au départ, nous partions sur un budget moins élevé mais comme tout le monde, ces dernières années, tout a augmenté. Nous tablions sur une augmentation de 15 à 20%, c’est ce qui s’est passé. N’oublions pas que nous avons des subsides importants, environ six millions d’euros, notamment du fonds Feder avec Idelux, et qu’un parking, cela rapporte de l’argent.» La première demi-heure est gratuite et la demi-heure est ensuite facturée 0,60 euro. «C’est tout à fait raisonnable!»
Aujourd’hui, le parking compte 197 places sur deux niveaux, soit une cinquantaine de places de plus que précédemment, plus l’espace vélo sécurisé et la possibilité de garer des motos. Le premier niveau est ouvert, ce qui rend son accès très facile et il pourra servir à accueillir des manifestations ou des concerts – il est en tout cas prévu pour cela, avec assez peu de colonnes centrales pour favoriser toutes les configurations.
Neuf millions d’euros de compensation pour les frontaliers
Au-dessus, les commerçants pourront avoir une terrasse sous les arbres et il pourra y avoir des concerts ou des événements. «Et aussi l’avoir de temps en temps au repos pour que les gens puissent simplement en profiter, se balader, apprendre à leurs enfants à rouler à vélo. Pendant l’été, nous aurons des manifestations de la Gestion de la ville, une asbl qui s’occupe de l’animation du cœur de ville. J’espère que ce parking fera revenir des gens au centre-ville.» Le marché aussi reviendra sur cet espace.
Le bourgmestre pointe dans les années à venir la rénovation du Palais puis du bâtiment qui se trouve derrière qui seront ensuite reliés tous les deux. «C’est pour la prochaine législature!» Il sera d’ailleurs candidat à sa propre succession, en octobre prochain, en tête de la liste Arlon 2030.
L’attractivité de la ville se traduit déjà au niveau du nombre croissant d’habitants, près de 32.000 aujourd’hui, dont 70% de frontaliers qui travaillent principalement au Luxembourg. L’an dernier, 600 Luxembourgeois ont aussi décidé de venir s’y établir. «Nous croyons que c’est une chance d’avoir ces frontaliers. Ils investissent à Arlon, ils ont un pouvoir d’achat à Arlon. Nous avons la chance d’avoir le Luxembourg qui est là pour donner de l’emploi. Il est évident que nous devons aussi nous adapter mais à la différence des villes frontalières françaises, nous avons le fonds de compensation des travailleurs frontaliers qui nous aide beaucoup. Il apporte neuf millions d’euros sur un budget de 70 millions d’euros.»
«Nous célébrons notre capacité à transformer les idées en réalité», a conclu le bourgmestre sur scène. Arlon vivra ces samedi et dimanche sa célèbre fête du Maitrank et M. Magnus a déjà donné rendez-vous sur la place – pardon l’espace – pour suivre l’aventure des Diables rouges à l’Euro de football en Allemagne à partir du 14 juin. Soit le 17 juin à 18h contre la Slovaquie pour le premier match de la Belgique.