En désignant un commissaire, Giancarlo Quaranta, «professionnel ayant une longue expérience dans le secteur sidérurgique», pour présider à la destinée de son usine italienne, le gouvernement italien a sonné le glas de l’aventure Ilva pour ArcelorMittal. Entre la suspension temporaire de l’immunité pénale, la crise du Covid et la crise énergétique, le sidérurgiste n’a jamais pu aller au bout de son projet de remettre l’Acciaierie d’Italia (Adi) en conformité avec les exigences gouvernementales et sur les rails de la production.
Prêt à mettre 320 millions d’euros pour voir sa participation passer de 38 à 66%, l’État italien reproche à ArcelorMittal d’avoir refusé de donner des garanties financières nécessaires pour assurer la continuité des activités de l’Acciaierie d’Italia. Arcelor répond dans un communiqué diffusé mardi soir que «la situation financière d’Adi a été encore plus affectée par le fait que le gouvernement italien a fourni moins d’un tiers des deux milliards d’euros de mesures de soutien qu’il avait proposées au moment de la création du partenariat public-privé avec Invitalia [la structure publique qui détient les 38% de l’État italien, ndlr.].»
Dans son communiqué, ArcelorMittal affirme avoir «présenté des propositions pragmatiques pour résoudre ce problème tout en poursuivant le partenariat public-privé avec Invitalia» lors des négociations avec le gouvernement, et même avoir «également proposé de vendre notre participation dans Adi à Invitalia». Le 18 février dernier, le ministre italien du Commerce et du Made In Italy, Adolfo Urso, avait déclaré: «Je crois qu’il est juste que le pays reprenne possession de ce qui est le fruit du travail, du sacrifice de générations entières».
10.000 personnes travaillent directement dans l’ancienne aciérie d’Ilva, située dans la ville méridionale de Tarente, tandis que 6.000 autres sont employées dans des industries. Ces dernières semaines, le gouvernement italien a multiplié les rencontres avec les organisations syndicales. «ArcelorMittal espère qu’un avenir pourra être assuré qui apportera une stabilité indispensable.»
Le site est une épine dans le pied du gouvernement depuis plus de dix ans, il avait d’ailleurs déjà été placé sous tutelle entre 2015 et la revente à ArcelorMittal en septembre 2018. Ses cinq hauts fourneaux émettaient 8% de la dioxine émise en Europe à la fin des années 1990 et 92% de celle des Pouilles, avec pour conséquence une surmortalité de 10 à 15% supérieure à la moyenne nationale et des milliers de morts liés à cette pollution, au moment où ArcelorMittal avait décidé de s’engager à tout remettre d’équerre.