ArcelorMittal a annoncé ce jeudi matin des bénéfices à moins d’un milliard (919 millions) de dollars pour 2023, dix fois moins que l’an dernier (9,3 milliards), appuyé sur des ventes en baisse de 14,5% à 68,3 milliards de dollars. La faute, principalement, aux provisions pour se retirer du Kazakhstan, anticipées à 1,47 et 1,7 milliard de dollars et annoncées désormais à 2,4 milliards de dollars et à une provision de 1,4 milliard de dollars face aux difficultés de trésorerie de sa filiale italienne, Acciaerie d’Italia. L’Ebitda, qui mesure l’efficacité opérationnelle, chute lui aussi sévèrement de 14,1 milliards de dollars à un peu plus de la moitié (7,558 milliards) et la dette augmente elle aussi (de 2,2 à 2,9 milliards de dollars).
«Nos résultats pour l’ensemble de l’année reflètent les avantages des améliorations structurelles que nous avons apportées à notre base de coûts, à notre portefeuille d’actifs et à notre bilan au cours des dernières années», relève toutefois le CEO du géant de l’acier, Aditya Mittal. «Même si l’environnement opérationnel devient de plus en plus difficile au fil de l’année, notre rentabilité par tonne est saine et bien supérieure aux moyennes à long terme. Cela met en évidence la durabilité accrue que nous avons intégrée à l’entreprise, nous permettant de générer des flux de trésorerie sains à investir dans la croissance future et de restituer des niveaux de capital attrayants à nos actionnaires.»
«Pour l’avenir, il y a les premiers signes d’un contexte industriel plus constructif. Ceci parallèlement aux progrès que nous réalisons avec notre portefeuille de projets de croissance stratégique – dont plusieurs seront achevés cette année – signifie que la société continuera à franchir des étapes importantes dans sa volonté de devenir une entreprise plus forte, plus rentable et bien sûr plus sûre», assure-t-il.
De meilleurs indicateurs financiers, hors reprise post-Covid
Car si les chiffres montrent les difficultés de l’entreprise dans un contexte annuel où les prix de l’acier ont chuté d’avril à novembre avant de commencer à remonter, l’Ebitda reste supérieur à la période pré-Covid à 157 euros la tonne dans la nouvelle définition (ou 136 euros jusqu’ici), tout comme le revenu net ajusté à 4,9 milliards d’euros ou la trésorerie disponible, qui à 2,9 milliards d’euros montre la meilleure santé financière hors 2021 et 2022 (et qui est surtout positive) depuis 2016. Dans le détail de ce chiffre stratégique, les 2,9 milliards s’entendent comme «7,6 milliards de dollars de trésorerie nette générée par les activités opérationnelles moins 4,6 milliards de dollars de dépenses en capital (capex), incluant 1,4 milliard de dollars de dépenses en capital pour la croissance stratégique». À 10%, le rendement des capitaux propres sur 2019-2023 est identique à celui pour la période 2017-2021 et nettement supérieur à ceux sur cinq ans exprimés depuis 2014.
Les investissements stratégiques devraient ajouter environ 1,8 milliard de dollars à la croissance de l’Ebitda d’ici la fin de 2026. Seront mis en service en 2024: le complexe de laminage à froid à Vega, une capacité supplémentaire à la mine Serra Azul et à Barra Mansa (au Brésil); la première phase de la nouvelle capacité d’aciers électriques en Europe; le premier concentré de minerai de fer au Libéria; 1 GW de capacité d’énergie renouvelable en Inde; et le nouveau four électrique à arc (EAF) chez AMNS Calvert (États-Unis). De plus, l’expansion de l’usine AMNS India Hazira à une capacité d’environ 15 millions de tonnes dans sa première phase progresse bien et est en bonne voie pour être achevée en 2026 avec la phase suivante. L’expansion de la capacité à Hazira (Inde) à 20 millions de tonnes est prévue et les plans pour une expansion à 24 millions de tonnes (incluant 1,5 million de tonnes de capacité longue) sont en préparation, complète le communiqué de presse.
Une nouvelle d’autant plus intéressante que le groupe s’attend à une croissance de 3 à 4% de la consommation d’acier, hors Chine. Les dépenses en capital en 2024 sont attendues pour rester dans la fourchette de 4,5 à 5,0 milliards de dollars (dont 1,4 à 1,5 milliard de dollars sont attendus comme dépenses en capital pour la croissance stratégique).
Une hausse de 14% du dividende à 0,50 dollar sera proposée à l’assemblée générale en avril.