À la fin de la cérémonie, le directeur du centre de recherche, Boris Donnay, a invité la quarantaine de chercheurs à le rejoindre sur scène pour une standing ovation déclenchée par le Grand-Duc héritier Guillaume. (Photo: ArcelorMittal)

À la fin de la cérémonie, le directeur du centre de recherche, Boris Donnay, a invité la quarantaine de chercheurs à le rejoindre sur scène pour une standing ovation déclenchée par le Grand-Duc héritier Guillaume. (Photo: ArcelorMittal)

Au lendemain de la signature d’une lettre d’intention à 130 millions d’euros pour permettre à ses sites de Belval et de Bissen d’être plus vertueux, ArcelorMittal a célébré les hommes et les femmes qui ont jalonné le succès de son centre de recherche luxembourgeois pendant 50 ans, ce mercredi à l’Université.

Dans un mouvement spontané, le Grand-Duc héritier s’est levé, au premier rang d’une cérémonie annoncée comme non conventionnelle. Au bout de ce 50e anniversaire réglé comme du papier à musique, mais quand même long de près de deux heures, personne n’avait imaginé que Guillaume applaudisse, debout, la quarantaine de chercheurs invités sur scène par leur directeur, Boris Donnay.

Devant leurs dirigeants, notamment le président d’ArcelorMittal, , le directeur général d’ArcelorMittal Europe Long Products, Sanjay Samaddar, ou encore le head of global research and development d’ArcelorMittal, Gregory Ludkovsky, devant des collègues et les chercheurs qui les ont précédés depuis 1972 au Schlassgoart, devant le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche,  (DP), le président du conseil d’administration de l’Université du Luxembourg, , le CEO du List, , accompagné par le directeur de son département Matériaux, Damien Lenoble, les chercheurs des cinq départements ont tour à tour lancé de courtes vidéos pour montrer sur quoi ils travaillent. 


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De la mise au point de nouveaux produits à haute valeur ajoutée, comme les poutrelles cellulaires Angelina, les Super Jumbos (poutrelles de 140 millimètres d’épaisseur) ou encore les poutrelles QST80 (qui peuvent être utilisées dans la structure des plus hauts gratte-ciel du monde), à l’optimisation des procédures de production, en créant par exemple une technologie qui permet de connaître la qualité de minerai, encore dans la benne du camion qui l’amène, pour pouvoir agir en amont sur les fournisseurs et en aval sur les produits, en passant par la mise au point des usines de demain grâce à des sortes de jumeaux numériques où toute production pourra être optimisée avant même que l’autorisation de bâtir l’usine soit écrite…

L’intuition de Paul Metz

Dans un contexte ambitieux de réduction de ses émissions – -35% d’émissions de CO2 à l’horizon 2030 en Europe, et neutralité en émissions carbone à l’horizon 2050 dans le monde –, «nos» chercheurs peuvent analyser l’impact environnemental de l’utilisation de l’acier dans des secteurs-clés du futur, comme la construction. Au point de pouvoir assurer aujourd’hui que l’acier sera bien plus intéressant et moins cher… que le béton.

Il n’y aura personne pour contester l’enthousiasme princier tant les chercheurs ont fait étalage de leurs talents, qui permettent aujourd’hui au site luxembourgeois de rester précieux pour le leader mondial de l’acier, pour une production de 69,1 millions de tonnes et une présence dans 60 pays avec des installations de production d’acier primaire dans 16 pays. 

Au milieu des quatre interventions, au début de la cérémonie, signalons la double perspective tracée par le président d’ArcelorMittal Luxembourg, Michel Wurth, historique pour rappeler les fondamentaux de ce centre de recherche, et politique pour viser sans les nommer ces Chinois qui inondent les marchés d’acier sans être soumis aux contraintes des Européens.

«En 1972, quand nous avons construit le premier bâtiment sur le domaine du Schlassgoart, le monde était encore en ordre», a-t-il commencé. «C’était la fin des Trente Glorieuses, la sidérurgie luxembourgeoise était à son apogée en contribuant pour 30% au produit intérieur brut luxembourgeois, en y employant directement ou indirectement 30.000 personnes, un quart de la population active. C’est à ce moment-là que Paul Metz, directeur général et descendant d’une des familles qui ont façonné la sidérurgie luxembourgeoise, eut l’intuition qu’il fallait créer ce centre de recherche parce qu’il sentait que le monde était en train de changer et qu’il fallait de nouveaux instruments pour assurer l’avenir. Il pressentit que l’avenir de la sidérurgie était maritime avec la construction de méga-usines en bord de mer transformant le minerai de fer du Brésil ou d’Australie, dont la teneur en fer est le double de celle de notre minett.»


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«L’Arbed avait érigé elle-même, cinq ans plus tôt, l’usine Sidmar, sur le port de Gand, montrant qu’elle avait anticipé le mouvement et anticipé la transformation du groupe, qui allait s’accélérer à une vitesse fulgurante avec le premier choc pétrolier à l’automne 1973», a rappelé le gardien de la mémoire du groupe. «Aujourd’hui, le site de Gand produit l’équivalent de 5 millions de tonnes d’acier plat de très haute qualité, soit l’équivalent des produits finis de notre pays au début des années 1970. L’initiative de ce centre de recherche était de susciter l’intelligence et l’innovation pour se procurer des avantages compétitifs en matière de procédures et de produits par rapport à la concurrence.»

Il n’est malheureusement pas acquis à ce jour que la sidérurgie européenne soit la gagnante d’être à l’avant-garde du combat contre les émissions de CO2.
Michel Wurth

Michel Wurthprésident d’ArcelorMittal Luxembourg

«Aujourd’hui, de nouveaux défis que ceux auxquels notre sidérurgie a été confrontée dans les années 1970 nous guettent et doivent être surmontés. Il s’agit en premier lieu du choc des prix de l’énergie, qui dépasse par son ampleur celui de 1973 et a des effets comparables, en matière d’inflation, à celui de l’époque. Il se greffe sur la menace du changement climatique, dont l’enjeu devient chaque année plus important. Le groupe ArcelorMittal en est pleinement conscient et y travaille de manière globale dans le but d’atteindre la neutralité carbone en ligne avec les objectifs des accords de Paris. Nous le faisons, car nous sommes intimement convaincus que, pour autant que la sidérurgie réussisse à atteindre cet objectif, l’acier sera encore plus le matériau de choix pour l’avenir. Indispensable pour la réalisation des grandes infrastructures de transport, d’énergie et de construction, l’acier est non seulement recyclable à l’infini, démontable et réutilisable, comme le montre la construction de notre nouveau siège au Kirchberg, construction qui démarrera, je l’espère, cet automne», a encore dit M. Wurth.

«Il n’est malheureusement pas acquis à ce jour que la sidérurgie européenne soit la gagnante d’être à l’avant-garde du combat contre les émissions de CO2. La hausse stratosphérique des prix de l’énergie, causée à la fois par les conséquences de la guerre en Ukraine, la situation géographique de notre continent et les effets du système d'échange de quotas d'émission de l'Union européenne, fait que la sidérurgie européenne connaît un énorme handicap de compétitivité, rendant les exportations de nos produits phares presque impossibles et invitant nos clients à délocaliser leur production à l’extérieur de l’Union européenne. Notre industrie presse les dirigeants européens à prendre des mesures de sauvegarde incisives en faveur de l’ensemble de la chaîne de valeur de la production et de la transformation des métaux, fleuron de l’industrie européenne et primordiale pour les infrastructures et produits dont nous avons besoin pour réussir la transition énergétique.»

Intégré à un réseau de 1.500 chercheurs dans une dizaine de centres de recherche, ce département de pointe quittera prochainement Esch… pour Belval. Un court déplacement symbolique d’une nouvelle ère, celle qui tourne un peu le dos à l’histoire locale pour se rapprocher de celle qui s’écrit dans le haut lieu de l’enseignement et de la recherche luxembourgeoise. Les bâtiments existent déjà, mais doivent être spécifiquement réaménagés dans cette perspective.