Produire plus. Et plus «écolo». Au-delà du slogan, c’est l’ambition portée par SteelUp!, le nouveau projet «vert» qu’ont présenté les dirigeants d’ArcelorMittal Long Products Luxembourg, ce mercredi 24 janvier, lors de l’habituelle conférence de presse servant de cadre à la cérémonie des vœux du groupe industriel. Deux sites sont concernés par cet imposant chantier: Rodange et Belval.

Actuellement, l’aciérie de Rodange, spécialisée dans la confection d’un acier premium destiné aux rails, est très majoritairement alimentée par les hauts fourneaux de Dabrowa Górnicza, en Pologne, et de Duisbourg, en Allemagne. Une infime partie provient de Belval. Et encore, uniquement pour ce qui concerne les produits les moins exigeants.

Électrique haut de gamme

«L’objectif est de relocaliser la production étrangère sur l’aciérie de Belval», dévoile le chef du projet SteelUp!, Michael Szefer. Donc de transformer la fabrication «haut fourneau» fournie par les lointaines Dabrowa Górnicza (1.300km de transport ferroviaire) et Duisbourg (350km) pour les produits haut de gamme de Rodange en fabrication «four électrique» à Belval, pour ces mêmes produits. 

Problème: si un four électrique comme celui de Belval performe au niveau du CO₂ avec jusqu’à six fois moins d’émissions (350kg par tonne d’acier) qu’une aciérie haut fourneau, il est aussi nettement moins qualitatif. À preuve, Belval se concentre jusqu’ici sur des produits de type standard, «sans grandes spécificités métallurgiques». Des poutrelles par exemple.

La nécessité de monter en gamme se traduira par le remplacement de l’actuel four électrique, construit en 1996, par un équipement flambant neuf, doté des dernières avancées au plan technologique. La livraison et le prémontage sont prévus dans les prochains mois. Le calendrier programme une «mise en place finale lors d’un arrêt collectif qui aura lieu du 15 décembre 2024 au 15 janvier 2025». La première charge suivra immédiatement après, dans la deuxième quinzaine de janvier 2025.

L’investissement de 67 millions d’euros (dont 15 millions sont supportés par l’État) doit permettre une réduction de la consommation d’énergie de 15%, tandis que le four électrique favorisera une hausse de la productivité de l’ordre de 15%, soit environ 150.000 tonnes par an. La labellisation XCarb de la production économisera, selon ArcelorMittal Long Products Luxembourg, le rejet de 200.000 tonnes de CO₂ par an en Europe.

«Avec ce projet, on va pouvoir assurer une autosuffisance complète d’ArcelorMittal dans le pays. Tout ce qui sera vendu au Luxembourg viendra du Luxembourg», se félicite Michael Szefer.

Des poussières à éliminer

«On déploie beaucoup de projets sur l’optimisation des procédés de réduction de l’empreinte, mais c’est aussi associé à la réduction de nos impacts environnementaux purs. L’un ne va pas sans l’autre», note le responsable environnement, Guilhem Dollé, qui de son côté pilote deux projets sur le site de Differdange. Ils s’étaleront jusqu’en 2026, moyennant une enveloppe d’environ 20 millions d’euros.

«Les impacts pour une industrie comme la nôtre sont liés à la gestion des émissions diffuses, une poussière générée par le procédé de fabrication», éclaire Guilhem Dollé. Ces poussières émanent des scories de production, évaluées à 100 kilos par tonne d’acier. «Mais c’est un produit noble, recyclé pour un usage civil», précise le responsable. 

Dans un premier temps, ArcelorMittal Long Products Luxembourg s’est penché sur l’aspect manutention, avec un changement de procédé dans l’abattement des poussières. Le lieu de manipulation a été déplacé, afin de l’éloigner des plus proches habitations. Une halle a également construite pour l’hébergement des produits.

Revoilà Florange

Deuxième temps: l’aspiration des poussières sur les installations. Pour ce faire, ArcelorMittal n’est pas allé chercher loin. Vieux d’une dizaine d’années, mais n’ayant fonctionné que durant huit mois, l’outil de dépoussiérage de l’aciérie de Florange, à l’arrêt, est en cours de démantèlement. Il sera réinstallé à Differdange, avant la mise en place de capteurs «au plus près» de chaque source de poussière. Leur construction et la connexion doivent se faire fin d’ici fin 2025-début 2026.

ArcelorMittal Long Products Luxembourg compte six unités de production (deux aciéries et quatre laminoirs) et une unité d’usinage dans le pays. Le groupe industriel, qui se targue d’injecter 505 millions d’euros dans l’économie nationale (salaires, cotisations, coûts des fournisseurs locaux, etc.), employait 3.368 collaborateurs à date de décembre 2023. En matière de transition écologique, comme l’a rappelé le Country Head, Henri Reding, ses objectifs à l’international sont, avant la neutralité carbone escomptée pour 2050, une diminution de 35% des émissions de CO₂ en Europe dès 2030. «Et 2030, c’est vraiment très bientôt.»