La part de la production mondiale d'acier d'ArcelorMittal réalisée par la filière des fours à arc électrique (EAF) a augmenté de 19% en 2018 à 25% en 2024, l'entreprise disposant de 28 fours à arc électrique avec une capacité annuelle de 24 millions de tonnes. (Photo: Shutterstock)

La part de la production mondiale d'acier d'ArcelorMittal réalisée par la filière des fours à arc électrique (EAF) a augmenté de 19% en 2018 à 25% en 2024, l'entreprise disposant de 28 fours à arc électrique avec une capacité annuelle de 24 millions de tonnes. (Photo: Shutterstock)

De nombreux médias se sont intéressés aux suppressions d’emplois que préparerait ArcelorMittal dans le cadre de son comité d’entreprise européen. Pour l’entreprise, seules les 636 suppressions en France sont actées. Le Luxembourg n’est, a priori, pas concerné. 

La machine médiatique, puis politique, s’est emballée. En plein comité d’entreprise européen, des informations ont fuité sur des suppressions d’emplois. Il n’y a pas de fumée sans feu, disent les uns; les discussions se poursuivent, disent les autres.

«Seule la France a communiqué des chiffres», dit la direction de la communication du sidérurgiste, «parce que les projets concernant les fonctions supports et sur un projet spécifique à ArcelorMittal Nord», sont connus.

Pour le reste, indique le groupe dans le seul communiqué qui ait été diffusé, «ArcelorMittal a partagé le nombre potentiel de postes qui pourraient être affectés dans le cadre du projet d’optimisation précédemment annoncé par l’entreprise», avant la formule de politesse classique: «En plus des discussions avec le comité d’entreprise européen, l’entreprise continuera à engager un dialogue social dans les entités juridiques qui font partie du périmètre du projet et continuera à partager des informations et à engager des consultations avec les comités d’entreprise locaux.»

100 milliards d’euros dans le plan européen

En février, le groupe avait annoncé cette étude, qui permettrait de délocaliser certaines ressources en Inde, comme les ressources humaines, les services financiers, les achats et l’approvisionnement, les ventes et le marketing, ainsi que la gestion des commandes, ajoutant la chaîne d’approvisionnement (y compris l’expédition et la distribution) et les systèmes d’information. Les équipes visées par l’étude «sont réparties actuellement dans 31 entités juridiques couvrant les trois segments européens (produits plats, produits longs et solutions de distribution) en France, Pologne, Belgique, Espagne, Allemagne, Italie et Royaume-Uni», indiquait une source à l’Agence France Presse.

Jeudi soir, le commissaire européen français et vice-président de la Commission européenne en charge de la Prospérité et de la Stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, a dit son incompréhension: «Le plan acier européen que j’ai présenté le 19 mars intègre l’ensemble des demandes qui avaient été formulées par ArcelorMittal pour maintenir les sites en production. Nous avons déjà renforcé la clause de sauvegarde qui protège le marché européen des surcapacités asiatiques et nous continuerons à le faire. Le marché porteur de l’acier bas carbone sera reconnu dans la révision prochaine des marchés publics. Le pacte pour une industrie propre, que nous avons annoncé en février 2025, mobilisera plus de 100 milliards d’euros pour soutenir la décarbonation de notre industrie et protéger les emplois», a-t-il commenté sur X.

«Les détails publiés dans le plan d'action pour l'acier et les métaux montrent qu'ils comprennent l'urgence de la situation et sont prêts à s'attaquer à certains problèmes structurels critiques, notamment la défense commerciale, les failles du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et l'absence de réglementation pour stimuler la demande d'acier bas carbone. Il est désormais nécessaire de soutenir cette dynamique par une action rapide capable de mettre un terme aux pratiques commerciales déloyales, au dumping et aux transferts de ressources. Par ailleurs, il reste crucial de s'attaquer aux coûts énergétiques élevés qui rendent très difficile pour l'industrie de lancer des projets de décarbonation d'envergure», avait d’ailleurs commenté le CEO de l’entreprise, Aditya Mittal, à ce moment-là.

L’hydrogène, un élément qui met trop de temps à être mis sur les rails

Dans son rapport annuel, ArcelorMittal soulignait avoir investi déjà un milliard de dollars depuis 2018 pour parvenir à une réduction de 50% de ses émissions de scope 1 et 2 et anticiper des investissements situés entre 300 et 400 millions de dollars rien que pour 2025. Mais aussi que les investissements à grande échelle dans la décarbonisation avancent plus lentement que prévu en raison de développements politiques et de marché «insuffisants». Or, l'intention antérieure de remplacer des hauts fourneaux par des installations DRI-EAF («hydrogen ready») reposait sur une combinaison favorable de politique, de technologie et de développements de marché «qui ne s'est pas matérialisée suffisamment pour soutenir le cas d'investissement».

Des développements importants sont attendus en Europe en 2025, notamment la révision prévue du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), une révision anticipée des mesures de sauvegarde pour l'acier, et la publication du Plan d'action pour l'acier et les métaux.

Si ArcelorMittal est particulièrement sensible au prix de l’électricité, selon son rapport ESG publié en même temps que ses résultats financiers, l'électricité provenant de sources renouvelables et d'énergie récupérée représentait 43,5% de la consommation totale d'électricité en 2024.

Juste de l’autre côté de la frontière, le site de Florange, dont la fermeture est discutée… depuis 2011, devrait perdre 100 de ses 2.200 employés. Ce qui a suffi à déclencher une levée de boucliers de tout ce que le mille-feuilles administratif et politique compte de politiciens.