Faute d’accord avec les Russes, vendredi à l’Opep à Vienne, les Saoudiens ont décidé d’inonder le marché et de casser les prix. (Photo: Shutterstock)

Faute d’accord avec les Russes, vendredi à l’Opep à Vienne, les Saoudiens ont décidé d’inonder le marché et de casser les prix. (Photo: Shutterstock)

La Russie n’a pas voulu relever la production de pétrole, vendredi à l’Opep. Du coup, l’Arabie saoudite a annoncé à la fois une baisse de ses prix et une augmentation de sa production. La guerre du pétrole est relancée.

(Cet article a été modifié à 14h30 avec les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie)

La réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a commencé avec six heures de retard, jeudi dernier. Sans accord. La Russie a dit «niet» à une nouvelle limitation de la production de pétrole (-1,5 million de barils par jour) destinée à soutenir les prix sur les marchés dans un contexte de chute de la demande en raison du coronavirus en Chine (premier consommateur mondial et responsable de 80% de la hausse l’an dernier).

L'Agence internationale de l'Energie a indiqué ce lundi matin pronostiquer «maintenant la demande mondiale de pétrole à 99,9 millions de barils par jour en 2020, en baisse d'environ 90 000 barils par jour par rapport à 2019. Il s'agit d'une forte baisse par rapport aux prévisions de l'AIE en février, qui prévoyaient une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 825 000 barils par jour en 2020.»

Fâchée, l’Arabie saoudite a déclenché une nouvelle guerre des prix en annonçant quasiment simultanément une hausse de sa production jusqu’à fin avril (à plus de 10 millions de barils par jour) et une baisse de ses prix pour toutes les qualités et toutes les destinations de sa production.

Ce lundi matin, les cours s’effondrent de plus de 30% à l’ouverture des marchés boursiers après une première baisse vendredi soir. Et il y a de fortes chances que le mouvement s’accentue puisqu’il y a fort à parier que les neuf autres producteurs de pétrole de l’Organisation ne laisseront pas les Saoudiens prendre des parts de marché sans réagir.

La Bourse de Tokyo a accusé le coup, clôturant à -5,07%, la pire chute depuis février 2018. À la mi-journée, la Bourse de Ryad perdait 8% tandis que le cours du titre Saudi Aramco perdait 320 milliards de dollars de valorisation. En Europe, l’indice vedette de la Bourse de Milan a perdu 8% dès l’ouverture et toutes les bourses, de Paris à Londres, ont ouvert dans le rouge.

En 2014, une stratégie identique avait vu les prix du pétrole chuter de deux tiers.

, entre 2019 et 2025, la demande mondiale de pétrole devrait croître à un rythme annuel moyen légèrement inférieur à 1 million de barils par jour. Sur l'ensemble de la période, la demande augmente au total de 5,7 millions de barils par jour, la Chine et l'Inde représentant environ la moitié de la croissance.

Dans le même temps, la capacité de production mondiale de pétrole devrait augmenter de 5,9 millions de barils par jour, dont plus des trois quarts proviennent de producteurs non membres de l'OPEP, selon le rapport. Mais la croissance de la production aux États-Unis et dans d'autres pays non membres de l'OPEP devrait ralentir après 2022, permettant aux producteurs de l'OPEP du Moyen-Orient de refermer les robinets pour aider à maintenir le marché mondial du pétrole en équilibre.