Le DRH de Raiffeisen, Laurent Derkum, ne regrette pas la mise en place du «Quality Time». (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne. Montage: Maison Moderne)

Le DRH de Raiffeisen, Laurent Derkum, ne regrette pas la mise en place du «Quality Time». (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne. Montage: Maison Moderne)

Pour fidéliser les talents ou en recruter de nouveaux, certaines entreprises n’hésitent pas à accorder des avantages supplémentaires à leurs salariés. Raiffeisen a instauré le «Quality Time», congé bonus mensuel, en début d’année. Bilan avec son DRH.

Le concept: un jour de congé en plus chaque mois

Le concept est simple: chaque salarié a droit à huit heures de temps libre supplémentaire par mois. On peut les prendre en une journée ou deux demies. Mais contrairement aux congés officiels, le Quality Time n’est pas cumulable et se perd s’il n’est pas utilisé durant le mois en cours. L’objectif étant vraiment d’avoir un jour en plus pour «équilibrer vie privée et professionnelle», explique le directeur des ressources humaines, Laurent Derkum.

Six mois après le lancement, Laurent Derkum en tire un bilan «positif». 80% de l’effectif l’utilise régulièrement. Avec une équité entre «les départements, les âges, les cadres et non -cadres, les salariés du siège et ceux des agences».

«Aucune problématique majeure n’est apparue dans l’organisation générale du travail.» À part pour deux salariés, sur les 669, à qui le Quality Time a été retiré pour une durée de six mois parce qu’ils n’arrivaient pas à organiser leurs tâches ou à atteindre leurs objectifs.

Combien cela coûte-t-il à l’entreprise?

«Si tout le monde profite chaque mois du Quality Time, on a une diminution des heures prestées de 5%. Mais je pense que c’est un calcul beaucoup trop simpliste», répond le DRH. Car «nous n’avons réduit ni les objectifs individuels ni ceux globaux de la banque», explique-t-il. «C’est donc aux salariés de réorganiser leurs tâches, améliorer leur productivité et modifier leurs priorités.»

Qu’est-ce que cela rapporte?

Les responsables d’équipe soulignent «un impact positif sur la disponibilité, l’engagement et la flexibilité des salariés, d’où une meilleure productivité qui reste à évaluer plus complètement.» Les candidats connaissent l’initiative et l’évoquent lors des entretiens d’embauche.

S’il fallait chiffrer son effet, on peut parler du taux de rotation, passé de 12,57% en 2021 à 9,01% en 2022 puis 3,29% au 30 juin 2023. «Donc, si on calcule d’ici la fin d’année, on devrait tourner autour de 6,5%.» Difficile cependant de dire si cette diminution résulte du Quality Time ou d’autres facteurs.

De même pour le taux d’absentéisme, qui a diminué de 35% sur les six premiers mois de 2023 par rapport à la même période en 2022. «Il faut tenir compte du contexte particulier de 2022», encore marquée par le Covid.

Quel bilan en tirer?

«De manière globale, on peut dire que notre initiative a atteint ses objectifs et coche toutes les cases», se réjouit Laurent Derkum. Qui estime qu’il faut de plus en plus penser «out of the box» (différemment), à une époque «où l’on évoque beaucoup la santé et le bien-être au travail». Il qualifie son projet d’«extrêmement motivant» même s’il nécessite «une solide dose de courage et une vraie notion de prise de risque pour se lancer».

D’autres mesures pour le bien-être…

Au-delà du Quality Time, les salariés disposent d’horaires flexibles. Les résidents (79% de l’effectif) ont aussi droit à 100 jours de télétravail par an, alors que les frontaliers doivent respecter la limite fiscale de 34 jours par an.