Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes (déi Gréng), se dit «confiant» pour l’hiver à venir quant à l’approvisionnement en gaz, mais appelle à la «solidarité». (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes (déi Gréng), se dit «confiant» pour l’hiver à venir quant à l’approvisionnement en gaz, mais appelle à la «solidarité». (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Claude Turmes a présenté, ce mercredi 19 octobre, le nouveau plan d’urgence relatif à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel, qui établit une hiérarchie des clients impactés en cas de crise. Les citoyens et services essentiels – hôpitaux, maisons de soins, écoles – sont protégés et ne seraient concernés qu’en tout dernier recours.

En cas de grave crise d’approvisionnement en gaz, qui sera impacté en premier? Une hiérarchie a été mise en place par le ministère de l’Énergie, qui a présenté mercredi son nouveau plan d’urgence relatif à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel.

Quatre catégories de clients sont ainsi différenciées, la quatrième catégorie, N4, étant «à délester en premier», jusqu’à N1, à délester en tout dernier recours. Les plus protégés sont les clients résidentiels et les services essentiels. «Les citoyens ne seront pas déconnectés, ni les hôpitaux, ni les maisons de soins, ni les maisons de retraite», explique le ministre de l’Énergie, (déi Gréng). «Nous avons aussi placé les écoles dans cette catégorie de ceux qui seront déconnectés au tout dernier moment, et, je l’espère, jamais.»

Pour le reste, en cas de grave crise d’approvisionnement en gaz, «il faudra réduire les températures, comme dans les bâtiments publics, voire fermer certains établissements, comme les piscines extérieures chauffées», explique le ministre.

Bien sûr, les industriels sont aussi impactés. Un modèle a d’ailleurs été trouvé, en concertation avec le ministère. «Les 60 plus grands consommateurs de gaz devront tous réduire leur consommation de 15% et pourront s’échanger du gaz entre eux: si un fait -50%, il pourra donner ces quantités de gaz inutilisées à un autre industriel qui a de grandes difficultés à réduire sa consommation», explique Claude Turmes. Un modèle qui permet d’éviter d’avoir à déterminer qui est l’industriel prioritaire en situation de crise. «Je ne voulais pas de cette discussion, je suis très content qu’on ait pu trouver un accord», se réjouit Claude Turmes.

Trois niveaux d’alerte

Les différentes catégories de clients seront par ailleurs impactées différemment selon trois niveaux de crise: alerte précoce, alerte, urgence. Pour déterminer le niveau d’alerte, le ministère suivra différents indicateurs. «Si jamais les gestionnaires de réseau ont, par exemple, l’information selon laquelle il pourrait y avoir une interruption d’approvisionnement, l’alerte précoce est déclenchée», explique le ministère. «S’il y a une information précise d’un problème d’approvisionnement, on déclenche l’alerte. Et si le problème d’approvisionnement est actuel, présent, c’est l’urgence.»

Quid en cas de refus d’obtempérer de la part d’un client qui devrait, en cas de crise, cesser sa consommation de gaz? «Il y a toujours la possibilité d’imposer la mesure», en fermant les vannes, à distance si cela est techniquement possible, ou manuellement. Mais bien sûr l’idée est que tout le monde collabore. D’où des discussions en amont, commencées dès février 2022, avec les représentants des entreprises, notamment l’UEL et la Fedil, pour préparer, «en étroite concertation» avec ceux-ci, ce plan d’urgence.

Hiver «bien préparé»

Actuellement, la sécurité d’approvisionnement du Luxembourg est assurée et aucun de ces trois niveaux nationaux de crise n’a donc été activé, assure le ministère de l’Énergie. L’hiver à venir est quant à lui «bien préparé», assure Claude Turmes. Cela grâce à deux décisions: l’obligation européenne de remplir tous les stocks de gaz – tout en «expropriant» Gazprom, qui contrôlait 50% des stockages de gaz en Europe. Et la réduction collective de la consommation de gaz de 15%, de façon volontaire. «Pour l’instant, en Europe, nous suivons les -15%», selon le ministre.

Actuellement, le Luxembourg atteint son objectif de réduction de 15% de la consommation. En août, la réduction et, en septembre, la réduction correspondait à environ 26% par rapport aux années de référence.

Plateforme d’achat de gaz

Un troisième instrument «pertinent» devrait d’ailleurs s’ajouter: une plateforme européenne d’achat de gaz. «Cette proposition de loi européenne est sur la table depuis mardi et je suis optimiste que dans les trois ou quatre semaines nous allons parvenir à trouver un accord», espère Claude Turmes, pour qui cela facilitera le remplissage des stocks de gaz.

Le ministre se dit donc «confiant» pour l’hiver à venir, mais appelle à la «solidarité»: «Nous avons fait un gros effort budgétaire de plusieurs centaines de millions pour remplir les stocks de gaz. En contrepartie, il faut consommer de façon responsable. Moins le gaz est consommé dans les bâtiments, plus cela réduit le risque qu’un jour il faille de manière obligatoire faire diminuer la production industrielle au Luxembourg.»