Yves Stein CEO: «Il n’est pas uniquement question de rendement, mais avant tout de convictions et d’impact.»  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Yves Stein CEO: «Il n’est pas uniquement question de rendement, mais avant tout de convictions et d’impact.»  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Entretien avec le CEO, Yves Stein, et le head of private banking, Eliseo Graziani, sur les ambitions d’Edmond de Rothschild Europe qui accompagne une clientèle privée fortunée et internationale.

Comment une banque comme Edmond de Rothschild Europe veille-t-elle, au départ du Luxembourg, à répondre à l’évolution des attentes de la clientèle fortunée européenne?

Yves Stein (Y. S.) – «Au départ du Luxembourg, nous avons développé un ensemble d’activités nous permettant de répondre aux attentes de notre clientèle fortunée, mais aussi à divers besoins exprimés par les différentes entités du groupe Edmond de Rothschild, en Suisse, à Paris et ailleurs pour ce segment de clientèle. Nous sommes le premier groupe bancaire d’origine suisse à avoir ouvert une entité au Luxembourg, il y a plus de 50 ans, afin d’accompagner et de développer notre clientèle européenne et d’offrir les solutions de la boîte à outils luxembourgeoise. Le Luxembourg est le hub du groupe au départ duquel nous soutenons le développement de l’activité de banque privée sur les divers marchés européens, en dehors de la France, comme la Belgique, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie.

Au-delà de la banque privée, quelles activités avez-vous développées au Luxembourg?

Y. S. – «Au-delà de la banque privée, nous avons développé une expertise dans le domaine de l’asset servicing, nous appuyant pour cela sur deux sociétés de gestion établies au Luxembourg. La première se focalise, suivant une stratégie one-stop shop, sur notre propre gamme de fonds liquides, les fonds dédiés de notre clientèle privée. La deuxième se consacre exclusivement à l’offre d’Edmond de Rothschild Private Equity et propose l’accès à 13 expertises matérialisant les convictions de notre famille actionnaire. Une société de courtage d’assurances enrichit l’offre.

Aujourd’hui, comment résumeriez-vous les ambitions du groupe au départ de Luxembourg?

Y. S. – «Elles ne diffèrent pas de celles poursuivies par le Groupe Edmond de Rothschild à l’international. Notre ambition est de poursuivre notre développement en visant d’abord une croissance organique, dans le respect des valeurs et de la culture qui caractérisent notre groupe. Dans cette optique, nous continuons à faire grandir nos équipes. Sur les 12 derniers mois, les équipes commerciales d’Edmond de Rothschild Europe, au Luxembourg et à travers ses succursales européennes, ont augmenté de 30%. Si nous recrutons des profils expérimentés, à même d’accompagner une clientèle exigeante, nous veillons aussi à intégrer de jeunes talents, à former les banquiers privés de demain. Chaque équipe intègre ainsi des stagiaires.

Vous évoquez une croissance organique dans un contexte économique que l’on sait difficile avec d’importants besoins en investissement. Comment appréhendez-vous ces enjeux?

Y. S. – «On assiste aujourd’hui à une évolution structurante du contexte économique avec le retour des taux d’intérêt positifs en Europe. Ceci est favorable au développement de notre activité. Dans un groupe qui a toujours privilégié une gestion très prudente de ses bilans et activités, maintenant des niveaux de solvabilité élevés, le retour des taux d’intérêt positifs génère des revenus additionnels qui nous permettent d’investir dans l’avenir. Nous investissons aujourd’hui pour demain.»

 Eliseo GrazianiHead of private banking: «Nous ne sommes pas des vendeurs de commodités. C’est tout le contraire.» (Photo: DR)

 Eliseo GrazianiHead of private banking: «Nous ne sommes pas des vendeurs de commodités. C’est tout le contraire.» (Photo: DR)

Comment, au fil des dernières années, ont évolué les attentes de vos clients?

Eliseo Graziani (E. G.) – «Nous accompagnons une clientèle très fortunée et, à ce titre, très exigeante. Disposant d’un patrimoine important, le plus souvent réparti sur plusieurs juridictions, nos clients ont besoin de solutions sophistiquées, garantissant la préservation de leur patrimoine à long terme.

Comment décrire l’expérience «client» attendue?

E. G.  – «C’est un ensemble d’éléments. D’abord, les clients attendent que nous soyons très réactifs et agiles à leur égard. Ils souhaitent que nous soyons en mesure de leur proposer des solutions personnalisées. Dans cette optique, on s’adapte à leurs attentes, à travers une offre couvrant toutes les classes d’actifs, avec des stratégies et des véhicules d’investissement dédiés. Nous avons l’ambition d’être un one-stop shop pour le parcours patrimonial complet de nos clients. Nous couvrons les besoins de planification successorale et leur permettons de prendre part à des club deals, ou encore d’engager une démarche philanthropique, notamment grâce à l’expertise que nous avons acquise en la matière à travers les 10 fondations portées par la famille actionnaire de notre groupe.»

Vous avez évoqué la philanthropie. On pourrait aussi parler de finance durable. Observez-vous des évolutions dans la manière avec laquelle vos clients appréhendent l’investissement?

Y. S. – «L’un des mots-clés, dans l’approche défendue par le groupe, est de donner un sens à la richesse. La banque appartient à une famille entrepreneuriale, qui reste active et engagée. Notre actionnaire, en premier lieu, souhaite contribuer au développement futur et soutenir des initiatives qui adressent les sujets du monde d’aujourd’hui. Il n’est pas uniquement question de rendement, mais avant tout de convictions et d’impact.

E. G. – Cette dynamique s’exprime particulièrement au niveau de notre plateforme de private equity. Si celle-ci nous permet d’accéder à des acteurs importants de la gestion d’actifs réels, Ariane de Rothschild a aussi souhaité développer une approche entrepreneuriale et innovante visant à soutenir directement des acteurs économiques prometteurs dans des domaines qui sont chers à la famille, comme l’agroforesterie, la réhabilitation des sites pollués, le développement d’infrastructures environnementales, la santé ou encore l’éducation et le capital humain.

Comment appréhendez-vous le défi de la «next gen», clé pour les acteurs de la banque privée?

Y. S. – «L’enjeu, vis-à-vis de la génération suivante de clients, est de bien comprendre leurs attentes et aspirations, mais aussi d’aider les familles vis-à-vis des enjeux de transmission. Il s’agit de préparer les héritiers, à travers un ensemble de programmes que nous organisons, à prendre le relais de leurs parents à l’égard de la gestion patrimoniale ou encore d’une entreprise familiale. L’importance de donner du sens à la richesse, pour en revenir à votre question précédente, s’exprime très souvent particulièrement au sein de la nouvelle génération de clients.»

Cet article a été rédigé pour le supplément Wealth Management de l’édition de  parue le 22 novembre 2023. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam. 

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