Nasir Zubairi (CEO de la Lhoft) et Steven Libby (EMEA Asset management leader de PwC) ont lancé la présentation du sondage le plus attendu de la Place financière sur les crypto-assets. (Photo: Lhoft)

Nasir Zubairi (CEO de la Lhoft) et Steven Libby (EMEA Asset management leader de PwC) ont lancé la présentation du sondage le plus attendu de la Place financière sur les crypto-assets. (Photo: Lhoft)

L’étude que la Lhoft, l’Alfi et PwC ont présentée ce mercredi soir au Crystal Park ne laisse aucun doute: les professionnels de l’industrie financière, poussés par leurs clients, ont de plus en plus d’appétit pour les crypto-assets, même s’ils ne sont que 38% à avoir pris une décision.

Y aller ou pas? «That is the question» pour les professionnels de la Place financière. Au moment où les crypto-assets sous gestion n’atteignent encore «que» cette goutte d’eau estimée à 60 milliards de dollars par trimestre à l’échelle de la planète, l’étude menée par la Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft), l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) et PwC à l’automne dernier – avant que la CSSF publie ses lignes directrices en matière d’actifs virtuels et son white paper sur les technologies de registre distribué – semble montrer une certaine impatience des professionnels luxembourgeois.

Les 123 d’entre eux qui ont répondu au sondage et qui se considèrent à 62% comme des experts ou des professionnels ayant une bonne connaissance des crypto-assets sont 33% à penser que le Luxembourg a pris du retard sur les autres pays européens. 45% considèrent que la Place est à peu près au même niveau que les autres et 12% pensent que le Luxembourg est au niveau des leaders en Europe.

Quel est le potentiel de ce nouveau secteur? C’est un peu le verre à moitié plein ou à moitié vide, a commenté le leader blockchain de PwC, Thomas Campione, lors de la présentation des résultats en compagnie de l’analyste de la Lhoft, Jérôme Verony. Si 28% y voient un gros potentiel, 16% n’y voient aucun intérêt et 17% un intérêt limité, pour 39% qui y voient un intérêt.

Près de trois sur cinq ne voient qu’un impact limité sur leur business, loin devant ceux qui voient un impact significatif (28%) ou ceux qui ne voient aucun impact (12%).


Lire aussi


Pour 18% d’entre eux, les crypto-assets sont déjà une priorité et ils le deviendront d’ici deux ans pour 43%, contre 39% qui ne voient pas une priorité stratégique du tout.

Alors que 41% d’entre eux prédisent une adoption graduelle d’ici deux ans et 28% considèrent que la gestion de crypto-assets reste un marché de niche pendant la même période, 33% des professionnels attendent une large adoption d’ici cinq ans ainsi qu’une plus grande exposition de certains secteurs d’ici cinq ans (24%).

Les crypto-assets importants pour 73% des sondés

Quelle est l’importance des crypto-assets pour l’«asset management» à Luxembourg? Les personnes qui ont répondu vont plutôt dans le même sens: extrêmement importante pour 20% d’entre eux, très importante pour 27%, importante pour 26%, limitée pour 16% et très limitée pour 7%

Les véhicules les plus appropriés seraient les fonds d’investissement alternatifs (70%) devant les structures non régulées (65%), les ETF, ETN et ETC (40%), les «hedge funds» (27%) et les Ucits (15%). Pour plus de trois quarts des professionnels qui ont répondu, le principal levier de cette adoption serait la diversification des investissements, devant la protection contre l’inflation (38%) ou le retour sur investissement supérieur (23%).

Si, en théorie, l’appétit grandit, 39% ont répondu qu’il n’y avait aucun plan en cours dans leur société, et 22% ont déclaré que leur société se tâtait. 2% ont décidé de proposer des produits ou des services en crypto sans le faire pour l’instant, 16% les développent et 9% l’ont déjà fait au niveau du groupe.

Principalement pour satisfaire la demande de leurs clients (70%), argument qui devance la volonté de rester aux avant-postes de l’innovation financière (45%), de créer un argument différenciateur (31%), de rester commercialement attractif sur du long terme (30%) ou de viser de nouveaux clients (27%).

Trois freins au développement

Sans beaucoup de surprise – même si la demande semble être très différentes selon les typologies de services retenus –, les services d’administration de fonds (45%) sont en tête des services ou produits qu’ils voudraient mettre sur le marché, devant le «custody» (39%) et les produits d’investissement directement exposés aux cryptos (31%).

Ce dernier produit est le plus demandé (60%) devant le «custody» (42%) ou l’accès à des produits financiers encore plus «avancés» que sont les NFT, les «stable coins» ou les produits issus de la finance décentralisée.

Le manque de guidance du régulateur (37%), le manque de cadre légal (35%) et les obstacles nés de l’absence de cadre européen (31%) sont les trois principaux freins au développement de ce marché.

Ce à quoi la représentante du régulateur, directrice de l’innovation, des paiements, des infrastructures de marché et de la gouvernance à la CSSF, Karen O’Sullivan, a répondu qu’il ne fallait pas attendre autre chose que la poursuite du dialogue avec toutes les parties prenantes d’ici l’entrée en vigueur de la directive européenne MiCa. Elle devrait être finalisée d’ici le printemps, les États membres ayant deux ans pour la transposer dans leur droit national.

La CSSF continuera d’ici là à œuvrer à l’éducation financière, jouant pleinement son rôle de protectrice des intérêts des consommateurs. Une position définitive? L’avenir le dira. Selon le sondage, 53% des professionnels considèrent déjà que le Luxembourg doit jouer un rôle plus actif.

, à laquelle ont assisté près de 200 personnes dans l’auditorium de PwC et plus de 400 en ligne, signe de l’intérêt de la Place, avait commencé par un tour d’horizon, depuis Munich, du directeur du Frankfurt Blockchain Center de la Finance school of Management de Francfort, Philipp Sandner. Elle s’est terminée par une table ronde «autour» de laquelle étaient réunis, outre Mme O’Sullivan, Ananda Kautz (head of innovation, digital banking & payment de l’ABBL), Frank Desvignes (founding partner de True Global Ventures), Nestor Verrier (general manager de Swissquote Bank Europe) et Nicolas Louvet (CEO de Coinhouse et Coinhouse Custody).

Puis tout le monde a pu renouer – prudemment – avec les joies du réseautage…