John Penning, Luxempart (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

John Penning, Luxempart (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Dans un contexte économique et géopolitique compliqué et avec beaucoup de cash en début d’année, Luxempart est parvenue à boucler 2023 avec une performance de la valeur liquidative à 8,3%, en continuant à développer ses deux axes stratégiques: un resserrement et un renouvellement de ses investissements directs et des engagements vers des fonds.

Luxempart procédera en 2024 à une «traditionnelle» revue stratégique, que la société luxembourgeoise d’investissement mène tous les quatre ou cinq ans. Et 2024 sera justement la cinquième année où est aux commandes (jusqu’à l’automne dernier avec Olaf Kordes). Le CEO continue de déployer une stratégie en deux volets: un resserrement et un renouvellement des participations directes (qui atteignent 750 millions d’euros) et des engagements avec des fonds d’investissement.

Sur le premier volet, l’année a été marquée par trois investissements pour 273 millions d’euros: en février dans la française Kestrel Vision, en avril chez la française Coutot-Roehrig et fin octobre dans l’allemande Alphacaps. En quatre ans, le nombre de lignes a baissé de 43 à 28 pour un objectif au départ de 20 à 25 prises de participation. «C’était et c’est toujours une de nos priorités», rappelle John Penning. «Il faut consacrer assez de temps à nos sociétés en portefeuille et pouvoir y faire des choix et y jouer un rôle.»

La position de cash est de 173 millions d’euros (contre 451 millions un an plus tôt). Les exits ont permis d’engranger 83 millions d’euros et 135 millions suivront en avril avec la sortie de l’allemande ESG Elektroniksystem-und-Logistik. Un beau multiple en perspective: x7. «Cela faisait six ou sept ans que nous étions avec 26-27% du capital. Nous avions des contacts plus gros que nous pour les aider à atteindre de nouveaux objectifs de croissance. Comme il y a une certaine consolidation dans le secteur et que le management voyait cela d’un bon œil, nous nous sommes dit que c’était le bon moment.»

Sur le second volet, en quatre ans, Luxempart a pris des engagements pour 356 millions d’euros, mais tous les fonds n’ont pas encore été appelés, ce qui rend l’impact de cette stratégie encore difficile à lire correctement. «C’est une stratégie qui prend du temps. Chaque engagement avec un fonds peut mettre quatre à cinq ans à être exécuté et ses effets sur la valeur liquidative ne sont perceptibles qu’au bout de sept ou huit ans», explique le CEO de Luxempart.

La société lorgne des fonds américains et a donc pris du temps à monter équipes et outils, tout en continuant à travailler avec ses partenaires européens (surtout allemands, italiens et français).

Avec une performance de NAV annuelle de 12,2% sur quatre ans et une NAV à 2,32 milliards d’euros (+6,4%), Luxempart est en ligne avec ses objectifs et ses retours sur 10 ou 20 ans, mais aussi avec l’indice de référence qu’elle s’est choisi. Le dividende passera de 1,97 à 2,17 euros.

2023 a aussi été l’année qui a clôturé le volet pénal de l’affaire espagnole Pescanova. Les dirigeants de l’entreprise dans laquelle Luxempart avait investi en 2011 et 2012, devenant le troisième plus gros actionnaire, ont été reconnus coupables, mais pas l’auditeur, BDO. Luxempart a récupéré 1,2 million d’euros en attendant le volet civil. «No comment», répond John Penning, interrogé pour savoir si Luxempart espérait toujours récupérer les 65 millions d’euros qu’elle pensait recouvrer.