La société belge d’immunologie Argenx connaît une année très intéressante et monte en flèche dans le domaine de la biotechnologie.   (Photo: Argenx, Shutterstock/Montage: Maison Moderne)

La société belge d’immunologie Argenx connaît une année très intéressante et monte en flèche dans le domaine de la biotechnologie.   (Photo: Argenx, Shutterstock/Montage: Maison Moderne)

L’entreprise belge de biotechnologie Argenx a connu une ascension fulgurante ces trois dernières années et a multiplié ses effectifs par quatre. Dans la course à l’innovation, elle a su asseoir son modèle et joue dans la cour des grands, reconnue comme société mondiale d’immunologie pour ses traitements innovants. Notamment à base d’anticorps de lamas.

Les lamas permettent des avancées considérables dans le domaine de l’immunologie et dans le traitement de certaines maladies rares. Une affirmation un brin déconcertante, et pourtant… C’est bien là tout le savoir-faire de la biotech belge Argenx et qui fournit des traitements immunologiques dans le monde entier. Née en 2008 et issue de l’Université de Gand, elle s’est spécialisée dans l’ingénierie des anticorps et a clôturé 2022 avec un bénéfice d’exploitation total de 445,3 millions de dollars. À la fin du deuxième trimestre, son bénéfice d’exploitation était déjà de 510,9 millions de dollars. Année qui a donné lieu à des développements considérables.

«La société s’est développée tranquillement. Nous sommes passés de 300 collaborateurs il y a trois ans à 1.300 aujourd’hui, et sommes présents sur l’ensemble de l’Europe», amorce le responsable d’Argenx Luxembourg-France-Belgique, François Rauch. Mais selon lui, plus que le nombre de collaborateurs, c’est bien le modèle d’innovation d’Argenx et son savoir-faire qui représentent la plus belle réussite. 

«Notre savoir-faire en matière d’ingénierie des anticorps est unique. Mais l’objectif reste de traduire cela en faisant du sens, concrètement, au bénéfice des patients. Notre modèle – basé sur des partenariats étroits avec des institutions académiques et des équipes de recherche académiques leaders dans leur domaine de recherche – permet une meilleure compréhension d’une pathologie et de ses mécanismes sous-jacents. C’est comme cela que l’on peut être à la pointe de l’innovation sur certains mécanismes», défend François Rauch. Une «science de la co-création» qui est la pierre angulaire de la stratégie de la biotech belge,. L’ambition d’Argenx est ainsi d’améliorer le pronostic des patients atteints de maladies auto-immunes. «Cela concerne environ une personne sur 20 dans le monde. Si on regarde au niveau du Luxembourg, cela représente à peu près 32.000 personnes concernées par ces maladies.»

Des ventes à hauteur d’un demi-milliard de dollars en 2023

Si à l’échelle des big pharma, Argenx demeure confidentielle, elle a développé une stratégie d’innovation solide, ce que démontre la densité de son pipeline (voir plus bas). Son traitement le plus porteur: l’Efgartigimod (un principe actif qui permet de limiter les anticorps IgG à la base de certaines maladies auto-immunes), autorisé en Europe en 2022 et commercialisé sous le nom Vyvgart. Ce médicament, qui s’administre par perfusion, a reçu les autorisations nécessaires pour pénétrer les marchés américain, européen et japonais, et depuis fin septembre le Canada. Il est prescrit à des patients atteints de myasthénie grave généralisée, une maladie neuromusculaire invalidante qui se traduit par un problème entre la jonction des nerfs et des muscles.

Ses ventes nettes mondiales s’élèvent à 487,3 millions de dollars depuis le début de l’année (trimestre clos le 30 juin 2023). «Il s’agit d’un médicament, mais on le considère aussi comme un candidat médicament dans la mesure où l’on continue à le développer pour d’autres indications (d’autres maladies ndlr). Nous avons plus de 13 développements aujourd’hui pour cette molécule, pour lesquels nous attendons soit les résultats cliniques, soit les résultats de procédures d’enregistrement auprès des autorités de santé. Nous sommes confiants sur le fait qu’au vu de notre compréhension du mécanisme fondamental d’action de la molécule, nous avons le potentiel de pouvoir amener des solutions thérapeutiques dans à peu près une quinzaine de maladies ciblées dans notre programme de développement clinique», détaille François Rauch.

De belles avancées en 2023

Les maladies auto-immunes sont des pathologies qui poussent le système immunitaire d’une personne, au lieu de défendre l’organisme, à se retourner contre lui. «Nous modulons de manière assez fine un des mécanismes liés à ces anticorps, de manière à pouvoir diminuer l’impact de ces anticorps pathogène sur l’organisme. En se positionnant dans le champ de l’immunologie, Argenx a l’opportunité d’apporter des solutions thérapeutiques sur de nombreuses maladies. Dans notre pipeline, on a des développements en hématologie, en dermatologie, en néphrologie», détaille François Rauch. 

2023 a d’ailleurs été marquée, mi-septembre, par un avis positif du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) pour la version sous-cutanée de l’Efgartigimod, le Vyvgart Hytrulo, toujours pour le traitement de la myasthénie. «C’est une avancée fondamentale parce que ça va rendre possible le traitement de beaucoup de malades beaucoup plus facile, puisqu’on passe d’une perfusion d’une heure à une injection sous-cutanée qui prend 30 secondes. Cela allège la prise en charge, au bénéfice du patient et du système de santé», indique le responsable. Toujours à partir de l’Efgartigimod, un traitement contre la Thrombocytopénie immunitaire primaire devrait aussi être approuvé prochainement (voir ci-dessous).  

Le pipeline d’Argenx est construit à partir de données scientifiques, visant à traduire les avancées de l’immunologie en médicaments différenciés.  (Visuel: Argenx)

Le pipeline d’Argenx est construit à partir de données scientifiques, visant à traduire les avancées de l’immunologie en médicaments différenciés.  (Visuel: Argenx)

Dans son pipeline, Argenx développe aussi des candidats médicaments à partir d’autres molécules, comme l’ARGX-117 qui présente un potentiel pour réduire l’inflammation des tissus et la réponse immunitaire dans certaines pathologies rares. Elle a déjà fourni une preuve de concept pour des patients atteints de neuropathie motrice multifocale et est en phase de développement clinique. Elle ne compte pas s’arrêter puisque ce même programme pourrait permettre de soigner d’autres pathologies, comme la dermatomyosite. «C’est notre deuxième candidat médicament, et on aura aussi l’ARGX-119 pour lequel nous en sommes à la phase préclinique.» Les perspectives pour Argenx semblent aussi brillantes que son passé récent. La société publiera ses résultats financiers du troisième trimestre, le 31 octobre.