La directrice Isabelle Schlesser, sous l’œil du ministre du Travail, Georges Mischo. Entre autres défis, l’Adem sait avoir à relever celui de la digitalisation. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

La directrice Isabelle Schlesser, sous l’œil du ministre du Travail, Georges Mischo. Entre autres défis, l’Adem sait avoir à relever celui de la digitalisation. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Postes vacants, langues, formation… L’Adem a présenté, ce mardi, son rapport annuel d’activités. On fait le tour des dossiers importants.

Pas de document papier, uniquement une version online. Manière d’illustrer l’énorme défi à relever pour elle aussi en matière de digitalisation, l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) a joué la carte du symbole, ce mardi 4 juin, lors de la présentation de son rapport d’activités pour l’année 2023, qui s’était conclue sur un taux de chômage de 5,5%. Défi qui doit permettre de «donner plus d’autonomie aux demandeurs d’emploi et aux employeurs qui le souhaitent», a souligné la directrice de l’Adem, , sous l’œil du ministre du Travail (CSV).

Les usages continuent de se transformer, puisque 24% des inscriptions se sont effectuées en ligne l’an dernier, contre 18% en 2022, et plus d’un tiers (36%) des employeurs y ont déclaré leurs postes vacants (contre 29% un an plus tôt). Parallèlement, pratiquement deux fois plus de CV ont été enregistrés sur le jobboard de l’Adem (15.000 l’an dernier).

Pour Isabelle Schlesser, la digitalisation doit aussi permettre de «libérer des ressources en interne pour consacrer davantage de temps aux personnes plus éloignées du marché de l’emploi, par exemple du coaching pour les jeunes demandeurs d’emploi sans projet professionnel». Ce pourrait donc être le mot de l’année. Surtout que l’Adem a annoncé travailler au déploiement d’un outil de matching intégrant l’IA en collaboration avec le Réseau européen des services publics de l’emploi, piloté par l’UE. Mais il y a eu d’autres enseignements à retenir de ce traditionnel point d’étape du printemps…

Postes vacants

À la fin de l’année dernière, le nombre de postes disponibles s’établissait à 6.997 unités, en recul de 36% sur douze mois. Cinq secteurs sont tout spécialement concernés: conseil en entreprise (-60,4%), informatique (-56,7%), transport et logistique (-53,4%), hôtellerie-restauration (-45,5%) et construction (-45%).

Ce chiffre de -36% illustre l’une des problématiques auxquelles se heurte l’Adem dans sa recherche d’une photo du marché de l’emploi aussi proche que possible de la réalité: de nombreuses offres d’emploi échappent à ses radars. Sans doute deux ou trois plus que le nombre de postes déclarés, nous avait récemment indiqué le chef adjoint du service «employeurs», Alex Erpelding.

Cette déclaration est pourtant une obligation légale pour les entreprises. Le Code du travail prévoit même des sanctions à l’encontre des étourdis.

Au 30 avril dernier, le nombre de postes vacants était proche de 8.000, pour 17.596 demandeurs d’emploi disponibles.

Les courbes s’étaient rejointes, mais… (Infographie Adem. Source: Adem)

Les courbes s’étaient rejointes, mais… (Infographie Adem. Source: Adem)

Pénurie

Cela étant, la déclaration de postes vacants ne vaut pas garantie de recrutement. Pour preuve, plus de la moitié (807) des 1.467 offres d’emploi déclarées dans le secteur «études et développement informatique» sont restées lettre morte.

Comptabilité (685 postes n’ont pas trouvé preneur sur les 1.489 disponibles), analyse de crédits et risques bancaires (378/504), analyse et ingénieure financière (520/852) et défense et conseil juridique (420/933) complètent le top 5 du classement des domaines les plus à la peine, en proportion, pour recruter.

Langues

Focus intéressant permis par le tableau de bord Jobinsights.lu, qui offre un suivi pratiquement en temps réel d’un marché de l’emploi dont les trois quarts des 518.000 salariés sont étrangers. L’Adem a relevé, en 2023, que la moitié des postes enregistrés chez elle demandait la connaissance de plus d’une langue. «La langue la plus fréquemment exigée est le français, mentionné dans 72% des postes», ajoute l’agence.

Suivent l’anglais (demandé dans 58% des postes), l’allemand (31%) et le luxembourgeois (24%).

Tests

Objectif affiché par la directrice Isabelle Schlesser, et du reste rappelé dans le rapport en ligne: «Mieux connaître ses clients, pour mieux les servir et cibler ses efforts.»

«Mieux les servir», cela passe par exemple, pour l’Adem, par la mise en place de tests de langues (on y revient) disponibles en ligne. Avantage: ces tests permettent à l’Adem de se reposer sur des résultats objectifs et non plus sur du simple déclaratif du demandeur d’emploi, via une méthode pour les quatre langues que sont le luxembourgeois, le français, l’allemand et l’anglais reconnue à l’échelle européenne. Une attestation est délivrée à l’issue. «Elle est appréciée des employeurs.»

En 2023, quelque 12.000 demandeurs d’emploi ont passé ces tests. Avec en moyenne 2,5 langues chacun.

Formation

Il a été plusieurs fois question de «reskilling» et de «upskilling» dans les mots d’Isabelle Schlesser. Ainsi, avec plus de 1.000 contrats conclus, l’année 2023 a marqué un «plus haut» historique en matière d’apprentissage pour adulte.

L’Adem, qui dit vouloir investir dans la formation, met en avant les bons scores enregistrés auprès de ses publics: 5.200 demandeurs d’emploi ont suivi au moins une formation en 2023 (contre 3.434 en 2024). Sur un an, la part de chômeurs inscrits en formation a quadruplé par rapport à 2019.

Immigration

«De bons résultats rapidement!» Satisfectit de l’Adem quant à l’impact de sur le recrutement. Entré en vigueur en septembre, le texte permet aux ressortissants de pays tiers détenteurs d’un titre de séjour luxembourgeois de travailler librement, et ce dès leur arrivée dans le pays.

Pour 2023, 1.445 des 3.979 certificats demandés ont été accordés sur la base de cette loi. En quatre mois donc. «77% d’entre eux portent sur des métiers très en pénurie», précise l’Adem.