À la différence d’une question parlementaire qui porte sur une question bien précise, une interpellation a pour vocation de permettre de faire un tour d’horizon sur une thématique particulière. En raison du contexte sociopolitique tendu et des décisions commerciales récentes aux États-Unis, , vice-président de la commission des Finances, a voulu faire le point sur la santé de la Place, son évolution et les niches porteuses d’avenir. «Il ne faut jamais oublier que notre place financière constitue un secteur économique important dont dépend la santé de notre économie et de nos finances publiques. Bien que nous ne soyons pas totalement dépendants de la place financière, notre écosystème financier représente 25% du PIB, 65.000 emplois directs et encore plus d’emplois indirects, il ne faut pas le négliger. Sans lui, beaucoup d’avantages pécuniaires dont nous disposons n’existeraient pas.»
Innover pour être moins vulnérable
Qu’est-ce qui inquiète André Bauler, c’est la vulnérabilité de la Place face aux chocs externes qui pourraient avoir des conséquences globales pour notre pays. «Certes, la Place est moins vulnérable qu’en 2008 parce qu’elle s’est fortement diversifiée et qu’elle a su innover.» L’innovation est la clé pour André Bauler. L’innovation et un esprit de pionnier. «Au milieu des années 80, nous avons été les premiers à transposer la directive Ucits. Aujourd’hui, encore quelques mois seulement nous avons traduit en législation luxembourgeoise un cadre réglementaire concernant la blockchain, les technologies DLT. Pas nécessairement pour être les premiers, mais pour développer davantage de confiance dans cette technologie, pour créer un cadre réglementaire à la fois plus résilient et plus sécurisant pour les clients. Si nous transposons cette directive de manière rapide, nous pouvons assurer des avantages compétitifs.»
«Il faut conserver l’esprit pionnier de la place financière! Il ne s’agit pas simplement de veiller au cadre réglementaire à proprement parler, mais d’assurer aussi des niches de compétences, c’est-à-dire être ingénieux. Être ingénieux, c’est créer de la valeur ajoutée. Il faut mettre l’accent davantage sur l’ingénierie financière et pas seulement sur le backoffice. Et là, nous devons faire encore davantage d’effort à mon avis», insiste-t-il.
Trois niches à explorer
«À cause de notre exiguïté territoriale, nous ne pouvons pas tout faire, nous avons toujours été obligés de nous spécialiser dans certains domaines», poursuit-il. Ces niches qu’il faudrait développer, André Bauler les voit d’abord dans le financement de la défense. «Nous devons nous poser la question de la création de fonds d’investissement spécialisés dans ce secteur.»
La question du financement des pensions, politiquement explosive, peut également, selon lui, offrir de nouvelles perspectives. «Je crois que le Luxembourg pourrait faire dans ce dossier davantage d’efforts. D’autres pays, notamment les pays scandinaves, sont plus ingénieux et efficaces que nous en offrant aux ménages et aux travailleurs des possibilités additionnelles de financer leurs retraites avec des plans de pension. Cela est probablement dû à une question de culture. Une culture qu’il faudrait peut-être développer au Luxembourg. Il y a pour la Place un fort potentiel de développement.»
Troisième niche à développer: la mobilisation de l’épargne privée au profit des start-up et des PME. «L’actuel ministre des Finances, (CSV), en tant que député était l’auteur d’une proposition de loi. Maintenant, le ministère des Finances est en train de finaliser pour un projet de loi pour mobiliser davantage l’épargne des ménages, principalement placée sur les livrets d’épargne. Dynamiser cette épargne offrirait un potentiel certain.»