La finance durable a le vent en poupe au Luxembourg. Certains représentants du secteur financier s’attendent même à ce que les investissements ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) amènent un nouveau souffle à la place financière. «ESG is the new AML», entend-on parfois au cours de discussions sur la Place, en référence à l’âge d’or de la consultance dans le domaine de la conformité anti-blanchiment («anti-money laundering»).
Le Luxembourg cherche d’ailleurs à se classer en bonne position dans la course à la finance durable. La création de l’agence de labellisation , de la Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) pour la promotion du secteur, ou encore de l’International Climate Finance Accelerator (ICFA), témoigne de la volonté du gouvernement d’attirer les acteurs et les capitaux de l’industrie ESG. En outre, la Bourse de Luxembourg (LuxSE) a développé, dès 2007, le Green Exchange (LGX), une plateforme de cotation des obligations vertes.
Dans l’industrie, le terme «ESG» est rapidement devenu un mot-clé usité au quotidien. Selon une enquête menée par le gestionnaire d’actifs Schroders auprès d’un panel de 770 investisseurs institutionnels représentant ensemble un total de 27.500 milliards de dollars d’actifs, déclarent favoriser désormais l’intégration ESG au sein de leur processus d’investissement.
Coupler le rendement à la durabilité
Du côté des investisseurs particuliers, les considérations ESG font maintenant partie des discussions lors des rencontres avec les conseillers financiers. Depuis le 2 août, les distributeurs de produits d’investissement et les assureurs ont afin d’établir leur profil d’investissement en matière de finance durable. Une obligation qui s’inscrit dans le cadre des réglementations visant à la protection des investisseurs.
L’importance des produits ESG dans l’industrie financière n’est plus à démontrer. Les professionnels se retrouvent donc avec une double mission: identifier des valeurs qui génèrent du rendement et qui répondent aux critères ESG. Progressivement, le respect des critères ESG s’intègre dans des gestionnaires.
Les institutions financières font donc appel aux services d’analystes ESG qui effectuent une sur de potentielles cibles d’investissement. De façon générale, ils examinent toutes les informations disponibles relatives à l’impact environnemental d’un projet ou d’une entreprise, la perception de l’opinion publique et des médias par rapport à l’entreprise, ses rapports annuels et toutes les informations non financières rapportées par l’entreprise. Cela dans l’objectif de déterminer le degré de durabilité de l’entreprise.
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De nouveaux cursus de formation
La compilation de volumes de données reste donc capitale pour déterminer si les marges de risque associées à une entreprise ou un projet sont conformes aux critères ESG. Le résultat de ces analyses est ensuite recoupé avec les données financières qui permettront aux spécialistes en placement de prendre une décision d’investissement.
Quasiment plus aucune entreprise du secteur financier ne peut se passer d’analystes ESG. Ceux-ci se retrouvent toutefois principalement dans les sociétés de capital-investissement, les gestionnaires de patrimoine, les banques et toutes les entités qui offrent des solutions de placement.
Au-delà de la classique analyse de données, les analystes ESG disposent de toutes les connaissances réglementaires qui encadrent la qualification des produits ESG. Ils sont également sensibilisés à la recherche et la valorisation de titres. De la sorte, ils peuvent s’intégrer pleinement au sein du processus décisionnel d’investissement de leur organisation. À l’instar de l’Université du Luxembourg, qui propose , de nombreux organismes de formation académique développent de plus en plus de cursus dans le domaine.
Rendez-vous jeudi prochain avec le métier de conducting officer.