Pour Jean-Jacques Barbéris d’Amundi, la dimension sociale de la transition climatique devient de plus en plus importante pour les investisseurs. (Photo: Amundi/Magali Delporte)

Pour Jean-Jacques Barbéris d’Amundi, la dimension sociale de la transition climatique devient de plus en plus importante pour les investisseurs. (Photo: Amundi/Magali Delporte)

Cette stratégie obligataire «innovante» veut contribuer à une transition énergétique attentive à ses impacts sociaux. Un impératif pour Amundi pour le monde de la gestion d’actifs.

Amundi met en place une nouvelle stratégie d’investissement au sein de la sicav Amundi Responsible Investing avec le fonds «Just Transition for Climate». Ce fonds d’obligations européennes a pour objectif «d’accompagner la transition énergétique tout en veillant à la cohésion sociale». Il incorpore un objectif de réduction de son empreinte carbone qu’il combine avec un volet d’inclusion sociale et un volet d’accompagnement des émetteurs d’obligations dans leur transition climatique. Ce fonds est l’héritier du fonds ARI-Green Bonds, lancé en 2015 à la suite de la COP21 et dont l’objectif était de lutter contre le réchauffement climatique.

Son évolution en une stratégie centrée sur la «transition juste» repose sur une conviction forte chez Amundi: «La transition énergétique ne doit pas se faire aux dépens de la question sociale.»

Ce concept de «Transition Juste» part du principe qu’une transition vers une économie sobre en carbone et respectueuse de l’environnement doit être acceptable pour tous, et donc prendre en compte la dimension sociale d’une telle transition.

Le critère central de l’acceptation sociale

Une dimension sociale qui se préoccupe du sort des salariés – «une transition juste doit s’assurer que les travailleurs dans les industries en restructuration puissent retrouver un emploi stable dans des industries vertes, en participant pleinement au dialogue social, et soient protégés des effets néfastes du changement climatique» –, de celui des consommateurs – «une transition juste doit s’assurer que les consommateurs aient accès à des produits durables à des prix abordables» –, des territoires – «une transition juste doit s’assurer que les coûts et bénéfices de la transition bas carbone soient équitablement partagés entre les différentes communautés» – et de la société dans son ensemble, s’assurant que «chaque partie prenante joue pleinement son rôle et participe à un dialogue social constructif».

Un score de «transition juste» est résumé par une note conçue et calculée en interne et résultant de la compilation de 37 critères reflétant cet engagement.

L’univers d’investissement basé sur l’indice Bloomberg Barclays Euro Aggregate Corporate est composé de 3.122 obligations.

Contrôle continu des engagements

La gestion effectue une sélection sur des critères climatiques et sociaux pour ne conserver que les émetteurs qui affichent un objectif de réduction de leur empreinte carbone, ne présentent pas de risque physique extrême et dont la note ESG et la note de transition juste sont jugées en ligne avec les objectifs de la COP21. Un contrôle continu des indicateurs climatiques et sociaux est mis en place afin de s’assurer que le fonds reste en ligne avec ses objectifs. En parallèle, l’équipe de gestion effectue un suivi rigoureux des engagements des émetteurs.

Une politique de suivi organisée autour de trois piliers: une lettre envoyée chaque année aux entreprises de l’univers de référence pour les pousser à déclarer des objectifs de transition, les faire certifier, et engager des ressources nécessaires pour implémenter les différentes facettes de leur transition, un engagement continu auprès des entreprises du portefeuille et un soutien à la recherche et la dissémination d’informations sur la «Transition Juste», auprès d’ONG, de forums et d’associations internationales et d’universités.

L’univers d’investissement étant représenté par l’indice Bloomberg Barclays Euro Aggregate Corporate, c’est ce même indice qui sert de référence à la performance financière. L’objectif étant évidemment de surperformer face à cet indice.

Pour Jean-Jacques Barbéris, responsable de la division Clients institutionnels et entreprises et ESG, «dans le cadre de l’accord de Paris, le concept de transition juste est central dans la transformation vers des économies ‘net zéro’. Il n’y aura pas de transition si elle n’est pas socialement acceptable. La dimension sociale de la transition devient donc de plus en plus importante pour les investisseurs. Le fonds ‘Just Transition for Climate’ est la première tentative de fournir aux investisseurs une solution unique pour mesurer et intégrer les risques financiers liés au changement climatique et utiliser leurs investissements pour une transition inclusive. La méthodologie évoluera progressivement en fonction de notre dialogue avec les entreprises.»