60 à 70% des machines chinoises à miner du bitcoin ont été déplacées dans différents pays hors de Chine. Tandis que les activités chinoises sont réduites comme peau de chagrin, le plus gros de l’activité vient des États-Unis. (Photo: Shutterstock)

60 à 70% des machines chinoises à miner du bitcoin ont été déplacées dans différents pays hors de Chine. Tandis que les activités chinoises sont réduites comme peau de chagrin, le plus gros de l’activité vient des États-Unis. (Photo: Shutterstock)

Selon la mise à jour de l’indice de consommation d’électricité de Cambridge Bitcoin (CBECI), les États-Unis ont repris le leadership du minage de bitcoin depuis les interdictions chinoises. Une position à nuancer, indique le Luxembourgeois Michel Rauchs, responsable des actifs numériques à Cambridge.

À l’heure où le cours du bitcoin affole à nouveau non seulement les cryptogeeks, mais aussi des cercles de plus en plus larges de l’industrie financière, la mise à jour de a confirmé ce mercredi l’impact de la répression minière du bitcoin en Chine.

Les États-Unis ont vu leur part de hashrate mondiale passer de 16,8% fin avril à 35,4% fin août, devant le Kazakhstan (18,1%, contre 8,2%) et la Russie (11%, au lieu de 6,8%). Avec l’interdiction de toute activité en relation avec le bitcoin et les cryptomonnaies décrétée par Pékin, la part de la Chine est passée de 38% en juin à quasiment zéro.

«Selon les informations que nous recevons régulièrement», explique le Luxembourgeois Michel Rauchs, responsable des actifs numériques au Cambridge Centre for Alternative Finance, «la répression est telle que les mineurs ne vont pas s’amuser à défier le pouvoir. Des agents scannent les réseaux sociaux, les blogs et les forums, à la recherche de ceux qui tenteraient de poursuivre une activité» très coûteuse à la Chine, qui fait la chasse aux gros consommateurs d’électricité. Certaines usines ne peuvent fonctionner que certaines semaines pour faire diminuer la facture climatique.

Direction la Russie et le Kazakhstan

«Je n’aime pas faire de la spéculation, mais il semble qu’une partie des machines chinoises ont été déplacées hors de Chine, avec une sorte d’accord des autorités», qui préfèrent les voir miner ailleurs, explique le spécialiste des cryptomonnaies et de la blockchain. 

Selon les estimations du CCAF, 60 à 70% des machines ont été réinstallées ailleurs au cours des derniers mois, probablement en grande partie en Russie – où les surcapacités de l’électricité hydraulique ne trouvaient pas preneurs auparavant – et au Kazakhstan, où la production est encore principalement assurée à partir du charbon.

Pour Michel Rauchs et les chercheurs de Cambridge, la baisse de 38% des activités après les interdictions chinoises a déjà été compensée par une hausse d’activité de 20% jusqu’à fin août. (Photo: Michel Rauchs)

Pour Michel Rauchs et les chercheurs de Cambridge, la baisse de 38% des activités après les interdictions chinoises a déjà été compensée par une hausse d’activité de 20% jusqu’à fin août. (Photo: Michel Rauchs)

Si le gouvernement central chinois a confisqué certaines machines, ce n’est pas parce que leurs propriétaires continuaient à miner. Les 30% restants sont pour le moment coincés pour des raisons purement logistiques. 

«Il n’y a pas que l’électricité à prendre en compte», explique encore M. Rauchs. «Les mineurs cherchent aussi des endroits où les capacités des data centers sont assez importantes pour gérer leurs calculs.»

«Cette baisse initiale de 38% du hashrate mondial en juin a été partiellement compensée par un ‘rebond’ de 20% en juillet et août, suggérant que certains équipements miniers chinois ont été redéployés avec succès à l’étranger. De plus, au début du mois d’octobre, la trajectoire du hashrate indique que tout, ou presque, de ce ralentissement de juin serait bientôt complètement récupéré. Si les mises à jour des données d’août sont une indication pour l’avenir, alors cette reprise sera probablement davantage répartie, principalement entre les plus grands gagnants de parts – les États-Unis, le Kazakhstan et la Fédération de Russie», dit le communiqué du CBECI, qui s’appuie sur des données de BTC.com, de Poolin, de ViaBTC et de Foundry.

De plus en plus près du «poids» du bitcoin

«L’effet de la répression chinoise est une distribution géographique accrue du hashrate à travers le monde, ce qui peut être considéré comme une évolution positive pour la sécurité du réseau et les principes décentralisés du bitcoin», dit encore le communiqué. Le Canada (9,55%), l’Irlande (4,68%), la Malaisie (4,59%), l’Allemagne (4,48%), l’Iran (3,11%) et la Norvège (0,58%) suivent le trio de tête.

Il y a deux ans que les chercheurs tentent d’établir le poids environnemental des activités liées au bitcoin. Après avoir complété les niveaux d’électricité et ceux de la localisation des mineurs – «ce qui a été très dur», raconte le chercheur – l’équipe est entrée dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre, qui devrait être prêt d’ici deux ou trois mois. «On ne se rend pas compte que dans certains endroits, comme la zone entre les tropiques, la production d’électricité hydraulique est trois ou quatre fois pire que celle à partir du charbon dans d’autres zones!»

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