Claude Turmes, ministre de l’Aménagement du territoire, a participé à la septième réunion sectorielle Aménagement du territoire qui s’est déroulée le 12 janvier 2021. (Photo: MEA, DATer)

Claude Turmes, ministre de l’Aménagement du territoire, a participé à la septième réunion sectorielle Aménagement du territoire qui s’est déroulée le 12 janvier 2021. (Photo: MEA, DATer)

Suite à la septième réunion sectorielle Aménagement du territoire qui s’est déroulée le 12 janvier par visioconférence, la Grande Région dispose désormais d’un document de stratégie opérationnelle approuvé par ses partenaires.

Il y a tout juste un an, pour approuver un schéma de développement de ce territoire transfrontalier. Entre-temps, ce document, qui résulte d’un important travail réalisé pendant cinq ans, dans le cadre d’un programme Interreg, par des experts des régions participantes, a été adopté à la fois par les ministres de l’Aménagement du territoire et par les Premiers ministres des pays de la Grande Région.

Quatre axes de travail

Mardi 12 janvier 2021, la vitesse supérieure a été passée dans le processus de développement, puisque le document «Une stratégie opérationnelle transfrontalière pour la Grande Région», finalisé endéans les 12 derniers mois, a été adopté en séance, permettant ainsi de passer d’une vision à des actions concrètes.

Ce document définit quatre axes de travail:

1. Anticiper, accompagner, orienter les transitions pour pouvoir agir sur la gestion des ressources.

2. Améliorer les services et favoriser l’implantation équilibrée des activités au bénéfice des populations.

3. Développer des territoires ruraux et urbains décarbonés et résilients.

4. Faire évoluer ensemble les projets et les structures du territoire en impliquant davantage les citoyennes et citoyens.

En ce qui concerne la gestion des ressources, deux priorités ont été retenues: la gestion du bois, matière naturelle largement présente sur le territoire de la Grande Région et qui peut participer activement à améliorer le bilan carbone, et à l’économie circulaire et à la gestion de l’eau, avec par exemple un projet transfrontalier de centrale d’épuration des eaux située à proximité de Steinfort et qui servira aussi bien aux eaux belges que luxembourgeoises.

Un autre point pivot est celui de la formation, puisque la Grande Région est le bassin d’emplois le plus intégré d’Europe avec 200.000 frontaliers qui changent de pays quotidiennement pour exercer leur métier. «Nous devons travailler sur l’apprentissage des langues, mais aussi la reconnaissance des diplômes, encourager la mobilité, trouver des solutions pour le télétravail…», énumère sans exhaustivité (Déi Gréng), ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire du Grand-Duché de Luxembourg.

La mobilité est aussi un point hautement discuté et qui doit être amélioré, avec, en premier lieu, le développement de l’électromobilité. À cette fin, une carte interactive signalant les bornes de recharge électrique à l’échelle de la Grande Région va être développée.

«Les services publics, dont la santé, sont évidemment importants et nous devons encore travailler à leur optimisation, sans jamais négliger une autre priorité qui est celle de la crise climatique», insiste Claude Turmes.

En parallèle, les services rendus aux citoyens pourront être renforcés, avec par exemple un axe de travail pour l’échange entre les écoliers, ou un travail interuniversitaire facilité sur le territoire de la Grande Région.

S’appuyer sur Interreg 2021-2027

Mais une question importante va devoir se poser: celle du financement de ce plan opérationnel. «Au 1er janvier 2022 commencera une nouvelle période Interreg. Nous allons anticiper cette échéance et élaborer des projets qui pourront être soumis au programme spécifique Interreg Grande Région doté d’un peu plus de 200 millions d’euros, budget alimenté en grande partie par la Commission européenne et complété par les contributions régionales», éclaire Claude Turmes.

Suite à un appel à projets lancé le 8 avril 2020, 35 idées de projets, émanant aussi bien des administrations publiques que des acteurs de la société civile ou des acteurs économiques, ont été intégrées au document stratégique. «Certains de ces projets peuvent être regroupés, afin de contribuer à la réalisation des objectifs retenus», explique le ministre de l’Aménagement du territoire. «Aussi, je propose que nous définissions sept ou huit grands projets qui pourraient être financés par ce nouveau programme Interreg Grande Région à hauteur de 10-15-20 millions d’euros par projet. Imaginez que l’année prochaine, la filière bois reçoive une enveloppe de 20 millions pour se développer. Il y aurait vraiment moyen d’accélérer la collaboration et la chaîne de valeur! C’est pourquoi d’ici la tenue du prochain sommet en janvier 2022, nous allons définir ces grands projets, qui pourront par la suite être introduits de manière conjointe dans le nouveau programme Interreg Grande Région 2021-2027, avec de bonnes chances de se voir cofinancer.»

Une conscience accrue due à la crise

La crise sanitaire que nous traversons aura au moins un point positif, celui de faire prendre conscience de manière accrue de l’importance d’avoir un territoire ouvert et collaboratif en Grande Région.

«Tous les ministres de l’Aménagement du territoire sont convaincus que la notion de Grande Région est maintenant plus visible qu’avant la crise. C’est aussi une prise de conscience politique sur laquelle il faut s’appuyer pour faire avancer l’instrument facilitateur qu’est l’European Cross-Border Mechanism (ECBM)», assure Claude Turmes.

L’ECBM est une directive européenne initialement portée par Camille Gira lorsqu’il était secrétaire d’État à l’aménagement du territoire et a pour objectif de faciliter le développement de projets joints au-delà des frontières. «Actuellement, les frontières juridiques sont belles et bien présentes entre les pays de la Grande Région», regrette Claude Turmes. «Pour aboutir à un espace où les frontières ne sont plus visibles, ni pour les projets ni pour les citoyens, nous avons besoin de l’appui de mes homologues allemand et belge de manière soutenue pour rendre plus flexible la notion de souveraineté nationale qui nous bloque encore. À terme, cet outil devrait permettre de concrétiser de plus grands projets dans la Grande Région.»

Avant cela, le document de stratégie opérationnelle transfrontalière sera soumis au conseil de la Grande Région le 20 janvier prochain et donnera le top départ de la suite du travail.