La mauvaise performance de l’économie de la zone euro a principalement été due à la crise énergétique qui a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages. Mais depuis le milieu de l’année passée, la croissance annuelle des salaires a redépassé l’inflation, qui a chuté d’un plus haut de 10% à moins de 3% le mois dernier. En plus de cela, l’économie de la zone euro a continué de créer de l’emploi, et ce, malgré une croissance économique nulle. En tenant compte de ces variables, les revenus disponibles réels des ménages dans leur ensemble croissent désormais de l’ordre de 3% en rythme annuel, ce qui est un facteur de soutien pour l’économie.
Ensuite, la confiance des agents économiques et des ménages en particulier s’est redressée dernièrement, notamment en ce qui concerne les intentions d’achat de biens durables. Cela est de bon augure pour les dépenses futures à un moment où le taux d’épargne des ménages reste supérieur à sa moyenne historique (à la différence des États-Unis où il a atteint un niveau historiquement faible).
Un troisième point positif est la fin de la récession manufacturière mondiale. En effet, la zone euro (et l’Allemagne en particulier) est fortement exposée au cycle manufacturier mondial. D’un point de vue conjoncturel, l’économie chinoise envoie des signaux plus positifs, ce qui devrait être bénéfique aux exportations des sociétés de la zone euro.
Enfin, la Banque centrale européenne a commencé à abaisser son taux directeur, et d’autres réductions de taux sont attendues. Cela devrait contribuer à redynamiser le crédit, dont on aperçoit un début d’embellie depuis fin 2023.
Gare aux éléments perturbateurs
Cela étant dit, deux éléments pourraient venir perturber cette reprise économique naissante. Le premier a trait à l’incertitude géopolitique qui continue d’impacter négativement le comportement des ménages. Par exemple en Allemagne, les intentions d’épargne des ménages restent extrêmement élevées, ce qui reste un frein pour la consommation. De plus, les tensions commerciales avec la Chine et les États-Unis, si elles s’enveniment, risquent d’affecter négativement l’économie de la zone euro qui est fortement dépendante du commerce. Pas plus tard que la semaine passée, la Commission européenne a décidé d’augmenter de manière significative les taxes à l’importation sur les voitures électriques chinoises. Pour l’instant, la réponse de la Chine est restée relativement contenue, mais il n’est pas exclu que les relations commerciales se détériorent davantage.
Le deuxième élément plus négatif est l’issue des élections européennes et l’incertitude politique qui découle de la défaite des partis au pouvoir en Allemagne et en France. Ce développement n’est pas le bienvenu étant donné l’état fragile des finances publiques de certains pays. Un dérapage fiscal de partis populistes qui arriveraient au pouvoir reste un risque pour la cohésion de la zone euro.
En dehors de ces éléments de nature négative, les nuages qui planaient sur l’économie européenne se dissipent. L’économie renoue avec l’expansion, et l’évolution des fondamentaux – dont la hausse récente des revenus réels disponibles des ménages – plaide pour de meilleurs jours pour l’économie de la région.