Amélie Guittet-Garreau (47 ans) exerce depuis 2019 au sein de divers fonds d’investissement et auprès de sociétés de gestion. Elle aide les conseils d’administration à s’orienter dans les développements et les défis actuels du secteur au profit de toutes les parties prenantes et de tous les actionnaires.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?
«En tant qu’administratrice indépendante, un des principaux défis a été le réseau, aussi bien au sein de ma propre industrie qu’au travers d’autres secteurs d’activité. Apporter son expertise au sein d’industries opérant dans des domaines différents reste un challenge. Par ailleurs, il est à noter que depuis deux à trois ans, le secteur de la finance fait preuve de plus de transparence en publiant les mandats à pourvoir.
Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?
«Oui, la répartition hommes-femmes progresse, cependant cela se fait très lentement. D’un côté, nous avons certes une prise de conscience au sein des conseils d’administration, qui aujourd’hui considèrent ce critère lors de la recherche de nouveaux administrateurs; cependant, la rotation au sein des conseils est faible. Ce point vaut également pour l’intégration d’administrateurs indépendants. Certains pays européens sont plus avancés et ont mis en place des politiques incitatives pour accélérer le mouvement.
Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils d’administration?
«Normalement, il ne devrait pas y avoir besoin de quota pour les femmes. La diversité et l’inclusion doivent faire partie des conseils afin d’appréhender et cerner au mieux notre société. La mise en place de quota peut s’avérer très compliquée voire contre-productive. Cependant, si l’on regarde nos pays voisins, la mise en place de quotas a clairement été un facteur d’accélération du changement.
En tant que femme administratrice, vous sentez-vous investie d’une responsabilité particulière dans la défense de la parité et de l’inclusion?
«Oui, si elle n’est pas naturellement présente au sein du conseil.
Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration ?
«La diversité est source d’enrichissement. Je fais partie d’un groupe de directeurs indépendants (European Governance Partners) ayant différentes expériences, nationalités, genres. Nos différences renforcent nos analyses et nos échanges. La diversité est bénéfique, elle accroît la performance d’un conseil. Elle est le meilleur levier pour éviter les consensus mous.
Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?
«Actuellement, avec la mise en place des nouvelles réglementations en termes de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, notre société tend de plus en plus à intégrer les critères de diversité et d’inclusion. Les nouvelles générations sont plus réceptives à ces aspects qui devraient pousser les conseils/sociétés à s’adapter.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?
«Je lui dirai: ‘Vas-y, fonce!’ Notre société a besoin de femmes administratrices.»