«Drone Land» («Drohnen Land» en allemand) est une dystopie, racontant un monde dévasté par les catastrophes climatiques et ravagé par des guerres pour le contrôle des rares ressources encore exploitables. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

«Drone Land» («Drohnen Land» en allemand) est une dystopie, racontant un monde dévasté par les catastrophes climatiques et ravagé par des guerres pour le contrôle des rares ressources encore exploitables. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Meurtre, scandale politique et nouvelles technologies. Avec en toile de fond, un monde futuriste pas si éloigné du nôtre. La nouvelle production de Nicolas Steil (Iris Prod.), une série baptisée «Drone Land» et tirée d’un bestseller allemand, impressionne. Un projet à 13 millions d’euros.

Février 2018. Les premiers épisodes de «Bad Banks» font l’évènement à la Berlinale. Dans la foulée, la série, dont une partie de l’intrigue se passe au Luxembourg dans le monde de la finance, remporte , à la télé sur Arte ou la ZDF, mais aussi un peu plus tard sur Netflix. «Bad Banks», une série derrière laquelle on retrouvait notamment la société Iris Productions, basée au Luxembourg et dirigée par le duo – Katarzina Ozga, coproducteurs du projet.

Des protagonistes que l’on retrouve aujourd’hui derrière un nouveau projet d’envergure. Ce dernier, baptisé «Drone Land», vient de recevoir l’aval du comité de sélection du Film Fund Luxembourg. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom («Drohnenland» en allemand), signé par l’auteur et journaliste (pour Der Spiegel notamment) allemand Tom Hillenbrand. Si sa traduction française n’a pas connu le même succès public dans les librairies francophones, ce livre a été un vrai bestseller en Allemagne, où il a également remporté des prix littéraires. Et donc forcément au Luxembourg.

Un bestseller allemand

«Tom Hillenbrand est un auteur très connu chez nous. Grâce notamment à son héros récurrent, Xavier Kieffer, un cuisinier basé à Luxembourg qui est toujours plongé dans des enquêtes policières incroyables. C’est d’ailleurs parce que je m’intéressais aux droits d’adaptation de cette série de romans que j’ai rencontré son auteur…» sourit le producteur bertrangeois Nicolas Steil (61 ans).

Un producteur me demandait notre budget pour une saison, soit une dizaine de millions d’euros. Et il m’a alors glissé que c’était celui d’un seul épisode sur une série comme “The Crown”.
Nicolas Steil

Nicolas Steilprésident d’Iris Production co-producteur, showrunner et auteur en chef de «Drone Land»

«C’était à l’époque où les médias parlaient en boucle de la série “La servante écarlate”, le récit d’un futur dystopique, dont on imagine qu’il est proche de nous. Or, c’est également le cas de “Drone Land”. On m’a dit “tu dois lire ce livre”. Je l’ai fait et nous avons acquis ses droits d’adaptation, au même titre que ceux de la série des Xavier Kieffer.»

Iris Productions développe donc ces deux projets de série en parallèle. Mais ils avancent à des vitesses différentes. Ainsi, celui mettant en scène les aventures de Xavier Kieffer en est encore au stade de l’écriture. «Nous avons confié le rôle de showrunner à Thierry Faber (qui avait déjà assuré les mêmes fonctions sur la série “Capitani”, dont , ndlr). Personnellement, je n’en suis que le producteur» explique Nicolas Steil.

Sur «Drone Land», ce dernier porte, en revanche, les casquettes de co-producteur, de showrunner et même de scénariste en chef. Nicolas Steil est donc l’homme à la manœuvre derrière ce projet très ambitieux.

Catastrophes climatiques, ressources énergétiques et deeptech

C’est donc à lui que revient la tâche de mettre en image ce roman de 2014 qui dépeint un monde, pas si lointain, dévasté par les catastrophes climatiques et ravagé par des guerres pour le contrôle des rares ressources encore exploitables. Un monde où l’Union européenne est devenue une sorte de «Big Brother», où chaque citoyen fait l’objet d’une surveillance permanente grâce aux nouvelles technologies. Un monde où, enfin, un membre du Parlement européen est retrouvé froidement exécuté, provoquant une enquête qui est le fil conducteur d’un récit qui sera proposé en six épisodes de 52 minutes.

«Le tournage s’annonce complexe, il va falloir se montrer malin et imaginatif…» enchaîne Nicolas Steil. Effectivement. Car si le budget annoncé semble conséquent avec 13 millions d’euros (à titre de comparaison, c’est trois fois celui de la saison 2 de «Capitani»), il reste modeste au vu de la reconstitution à inventer/réaliser. «Je me souviens d’avoir un jour échangé avec un autre producteur sur le tournage de “Bad Banks”. Il me demandait notre budget, soit une dizaine de millions d’euros. Et il m’a alors glissé que c’était celui d’un seul épisode sur une série comme “The Crown”…» confesse le producteur luxembourgeois.

Quand on entend des bruits de couloirs avançant que “Capitani” a été vu par plus de 20 millions de personnes à travers le monde grâce à Netflix, cela fait rêver…
Nicolas Steil

Nicolas Steilprésident d’Iris Production co-producteur, showrunner et auteur en chef de «Drone Land»

Six mois de préparation sont en tout cas prévus, pour un début de tournage programmé en septembre 2023. Ce dernier se déroulera à Bruxelles (en studio), au Luxembourg et à Dresde où l’action a été décentralisée, la ville allemande «faisant figure de nouvelle “Silicon valley” européenne en matière de deeptech.»

ARD, RTL puis une plateforme

La diffusion sur les écrans n’est, elle, pas attendue avant fin 2024, voire 2025. À la télévision tout d’abord. «Nous sommes en négociation très avancée avec ARD, la première chaîne publique allemande. Et un accord a, lui, déjà été trouvé avec RTL Luxembourg», explique le producteur. «Ensuite, dans un deuxième temps, nous passerons sur une plateforme. On négocie à ce niveau-là. Quand on entend des bruits de couloirs avançant qu’une série luxembourgeoise comme “Capitani” a été vue par plus de 20 millions de personnes à travers le monde grâce à Netflix, cela fait rêver…»

Le réalisateur de «Capitani»

En attendant, Nicolas Steil a déjà recruté le réalisateur de «Capitani», Christophe Wagner. Il se partagera ainsi les six épisodes avec un autre réalisateur, l’Allemand Adolfo Kolmerer.

On note aussi que la présence du même Christophe Wagner derrière la caméra a, en partie, permis à la production d’obtenir la subvention la plus haute possible, à savoir 3 millions d’euros, auprès d’un Film Fund Luxembourg où on qualifie le projet comme étant «un des plus importants jamais mis en place au Luxembourg».  Les dix autres millions étant donc financés au niveau des deux autres pays qui soutiennent cette coproduction belgo-germano-luxembourgeoise.