L’histoire serait incroyable. Nous serions en août, au moment de la rentrée des classes aux États-Unis. Un livre audio luxembourgeois serait recommandé par le plus gros libraire américain, Barnes & Noble, acheté par le système éducatif américain et, en même temps, peut-être propulsé par Amazon comme LE livre du mois.
Incroyable, parce que jusqu’au 6 avril dernier, la start-up luxembourgeoise de l’Américano-Luxembourgeoise Michelle Glorieux et de Jesse Lewis (quatre fois lauréat d’un Grammy Award), Ta-Da!, n’avait pas encore mis sur le marché le moindre livre. Et ce lundi, 20 jours plus tard, le premier stock des livres audio interactifs à destination des enfants a déjà trouvé preneur, raconte Michelle Glorieux, avec l’énergie débordante dont elle ne se départit jamais.
Celle qui a vécu dix ans au Luxembourg et qui se considère comme Luxembourgeoise «dans le cœur» a non seulement fédéré, autour de son projet, une dizaine de salariés et de prestigieux invités, mais elle a tapé dans l’œil d’un marché sur lequel il n’y avait aucun produit comparable, malgré la demande.
«Nous devons être un des rares producteurs de livres, sonores qui plus est, qui soit dans chacun des 700 magasins de Barnes & Noble aux États-Unis! Mais tous les jours, nous enregistrons de nouvelles commandes de nos livres en six langues», s’amuse-t-elle. Car la particularité des livres de la start-up luxembourgeoise, membre de la House of Startups, est de permettre à de très petits enfants d’apprendre des langues, grâce à ces livres audio où chaque mot peut être prononcé par une quinzaine de «voix» différentes, qui intègrent les subtilités linguistiques de chacun.
Et le tout en six langues (le luxembourgeois, l’allemand, l’anglais, le français, l’espagnol et le mandarin).
Seulement, avant de pouvoir vendre ses livres, la start-up doit pouvoir les produire. Et la prochaine levée de fonds, d’un million d’euros, devrait encore mettre quelques semaines à se finaliser. «Et nous sommes face à deux problèmes: d’un côté, la pénurie de puces électroniques et, de l’autre, les retards pris dans les livraisons en raison du canal de Suez qui était bloqué. Si nous voulons que nos clients aient les livres en août, il nous faut les commander le plus vite possible!»
Donc là. Maintenant. Tout de suite. D’où l’idée d’un «SAFE», simple agreement for future equity, sorte d’accord entre l’entreprise et investisseur pour qu’il ait accès à des parts lors d’un prochain tour contre un investissement aujourd’hui. «J’ai vu ça dans la Silicon Valley, où je suis contactée presque tous les jours pour cela! Mais moi, ma vie est ici, et je veux que cela vienne d’Europe, du Luxembourg. C’est d’ici que je veux construire cette réussite!», explique celle qui est parvenue à qualifier sa start-up .
En attendant de rêver, déjà, à une introduction en bourse d’ici sept ans, il va falloir «servir» ses deux premiers clients prestigieux et tous les «petits» qui ont commencé à commander les livres en de plus petites quantités, mais avec l’envie de trouver un produit qui réponde à une demande récurrente de leurs clients.
Ce mercredi, la jeune entepreneure a rendez-vous avec le directeur du Script, Luc Weis, parce que le système éducatif luxembourgeois est aussi intéressé par ces livres qui permettent à l’enfant d’apprendre plus vite une langue.