Amal Choury, 57 ans, a créé et dirige e-Kenz, une agence de conseil en informatique et fournisseur d’hébergement. Elle préside ICT Luxembourg, une association qui regroupe les prestataires et les utilisateurs de services technologiques. (Photo: Marie Russillo/Maison Moderne)

Amal Choury, 57 ans, a créé et dirige e-Kenz, une agence de conseil en informatique et fournisseur d’hébergement. Elle préside ICT Luxembourg, une association qui regroupe les prestataires et les utilisateurs de services technologiques. (Photo: Marie Russillo/Maison Moderne)

CEO d’e-Kenz, Amal Choury est l’une des rares femmes haut placées dans la tech au Luxembourg. La présidente d’ICT Luxembourg voit trois priorités pour l’UE: la cybersécurité, les technologies avancées et la pénurie de talents.

La construction européenne vous fait-elle rêver?

. – «Je crois fondamentalement que l’UE nous permet de préserver notre économie et notre mode de vie. Je n’ai douté qu’une seule fois, en 2020, quand les pays ont fermé leurs frontières les uns après les autres. Je me suis demandé où était l’Europe.

Quel bilan tirez-vous de la législature actuelle?

«Si la gestion initiale de la crise sanitaire a été décevante, plusieurs textes sont à mettre à l’actif de l’UE. Je pense par exemple à la directive sur la facturation électronique.

Le Luxembourg a-t-il un vrai poids au Parlement européen?

«Six députés, c’est peu, mais je crois qu’ils représentent les intérêts luxembourgeois et européens avec dynamisme et influence. Plus que leur nombre, ce sont ces qualités qui comptent. Le Luxembourg étant membre fondateur de l’UE, traditionnellement, les députés européens prennent leur mandat au sérieux. En s’associant avec d’autres États de poids moyen, ils ont déjà réussi à orienter les résultats à leur avantage. Reste que si un grand pays veut quelque chose et les Luxembourgeois autre chose, ces derniers auront beaucoup de travail…

Qu’attendez-vous des députés élus le 9 juin?

«Qu’ils défendent les positions luxembourgeoises sur la réglementation numérique. Et qu’ils défendent l’Europe et sa place sur l’échiquier mondial – en termes de technologies, mais aussi de compétitivité, de formation, d’industrialisation, de mobilité, de santé… Autant de sujets où, s’ils peuvent accompagner un dossier jusqu’au bout, ce sera mission accomplie!

Quelle est votre relation avec les eurodéputés luxembourgeois?

«Actuellement, je n’ai pas de contacts réguliers avec eux. S’ils se positionnent dans la commission ITRE, en charge du numérique, nous sommes intéressés par le fait de renforcer nos échanges et de leur transmettre des propositions. Un exemple: sur le télétravail, l’UE est parvenue à une solution commune, mais elle n’est pas suffisante. Nous ne voulons plus que chaque pays réglemente dans son coin: il faut une directive!

Quelles doivent être les trois priorités de l’UE dans la tech?

«Renforcer la cybersécurité, investir dans les technologies avancées – comme l’IA et la blockchain – et résoudre la pénurie de talents. Sur ce dernier point, l’enjeu est d’abord national, mais l’UE a aussi un rôle à jouer, que ce soit pour augmenter l’intérêt des jeunes pour les métiers de la tech ou promouvoir la formation continue.

Comment avez-vous accueilli la toute nouvelle réglementation européenne de l’IA?

«Positivement: réglementer l’IA a un sens. Mais ce n’est pas une raison pour réglementer l’utilisation de toutes les technologies émergentes: blockchain, cloud souverain, super-ordinateurs, etc. Veillons à ne pas limiter notre compétitivité globale. N’est-ce pas ce que fait l’UE avec l’IA? Il sera essentiel d’évaluer l’impact de cette réglementation sur l’activité, mais jusqu’à présent, je n’ai pas entendu parler d’un impact négatif. Je pense plutôt qu’en prenant les devants, l’UE défend ses intérêts et peut inspirer d’autres pays. L’Europe doit être pionnière sur l’IA, pas suiviste.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de Paperjam , paru le 22 mai 2024. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.  

 

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