C’est sous la forme d’une tribune libre que l’eurodéputée Monica Semedo a souhaité commenter pour la première fois . , , tout en souhaitant poursuivre son travail à Bruxelles et Strasbourg.
«Ma période de suspension par le Parlement européen, à présent terminée, m’a permis de prendre du recul par rapport à ces événements.
Ma volonté est de présenter une nouvelle fois publiquement mes excuses les plus sincères aux trois assistants concernés. Je veux leur dire par cette voie que jamais je n’ai eu l’intention de les blesser ou de les humilier.
Le plus fondamental, à mes yeux, est ma volonté de présenter une nouvelle fois publiquement mes excuses les plus sincères aux trois assistants concernés. Je veux leur dire par cette voie que jamais je n’ai eu l’intention de les blesser ou de les humilier. Je me suis rendu compte trop tard que mes messages musclés, mes exigences élevées, ma manière de m’exprimer et les critiques pouvaient les blesser.
Nouvelle élue au Parlement européen, sans expérience de mandat politique, j’ai voulu travailler avec zèle et dynamisme aux causes pour lesquelles les électeurs m’ont élue. Ce zèle et ce dynamisme, ainsi que le rythme de travail au Parlement se sont transformés en marche forcée et en acharnement au travail. C’est le revers de la médaille de l’enthousiasme qui continue à m’habiter.
Loin de moi l’idée de me plaindre et de me victimiser, j’assume la totale responsabilité de mes actes. Je souhaiterais qu’en conscience, mes anciens assistants, mais aussi mes collègues de travail et tous mes électeurs soient conscients que je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal ou de mépriser qui que ce soit. Je réitère donc, du fond du cœur, mes excuses les plus sincères à mes anciens collaborateurs et je leur souhaite tout le meilleur dans leur future carrière.
Je ne mérite en rien le statut de victime et telle n’a jamais été mon intention.
Une fois la décision du président du Parlement rendue publique, j’ai été l’objet de la critique publique. Je ne mérite en rien le statut de victime et telle n’a jamais été mon intention. Les commentaires condescendants, populistes et partiellement racistes sur les réseaux sociaux montrent un côté du Luxembourg qui n’est pas le plus sympathique. Je suis profondément déçue.
Par contre, je respecte totalement que la presse fasse son travail en publiant ce qui a été publié, mais je dois souligner que je n’admets nullement que, de manière déloyale, des membres du comité consultatif du Parlement européen aient pu commenter leur rapport, alors que celui-ci devait demeurer confidentiel. Il en va de même pour des membres du cabinet du président du Parlement, qui se sont exprimés dans les médias sur le degré de gravité qu’il fallait imputer à mes comportements. Ce rapport est confidentiel pour protéger toutes les parties concernées. C’est inacceptable.
Mon propre parti politique, le DP – Demokratesch Partei – s’est laissé influencer par les critiques publiques.
Mon propre parti politique, le DP – Demokratesch Partei – s’est laissé influencer par les critiques publiques. Bien que la direction du parti m’avait exprimé tout son soutien seulement la semaine précédente, elle a changé d’avis. C’est pourquoi j’ai donc pris la décision d’en démissionner.
J’y avais exprimé mon accord pour ne plus participer provisoirement aux réunions du comité directeur du parti et m’expliquer devant un comité des sages, moyennant le respect de cette confidentialité en tout cas jusqu’à la décision de ce comité. Quelques instants après la réunion en visioconférence, j’ai constaté que les plus hautes instances de mon parti avaient publié une vidéo, produite à l’avance, et la faisaient circuler sur les réseaux sociaux. Les interviews des prochains jours ont été données en totale violation des accords donnés. C’est écœurant. On ne m’a ni conseillée ni informée.
La sanction du président du Parlement européen et la médiatisation dont elle a fait l’objet ont créé un vent de panique au sein du DP, qui, jusqu’ici, ne se souciait absolument pas de cette affaire. Toutes les instances dirigeantes du parti, je ne cite pas de noms, mais j’écris bien toutes, étaient informées des problèmes auxquels je faisais face et des reproches précis formulés à mon égard. J’ai toujours communiqué sur ce sujet depuis le début avec une totale transparence. Les plaintes à mon égard étaient connues dans leurs moindres détails puisque j’avais notamment transmis les écrits de mon avocat au parti. La crise de panique qui s’est ensuivie aurait pu être évitée si on avait plutôt accepté de m’écouter.
Je suis consciente que certains de ces comportements, et j’écris bien certains et non pas tous ceux qui m’étaient imputés, étaient excessifs, étaient critiquables.
Je suis consciente que certains de ces comportements, et j’écris bien certains et non pas tous ceux qui m’étaient imputés, étaient excessifs, étaient critiquables. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté la sanction modérée du président du Parlement, j’ai renoncé à tout recours et j’ai spontanément présenté des excuses.
Partir dans ces recours impliquerait à nouveau une forme de victimisation et de refus d’assumer mes erreurs, qui sont aux antipodes de mon éducation et de mon engagement politique. Je veux, au contraire, que l’expérience que j’ai vécue puisse être partagée, qu’elle puisse servir de socle à une vraie réflexion.
Mais, néanmoins, exercer un mandat de parlementaire européenne est un immense honneur pour moi, c’est aussi une grande responsabilité vis-à-vis de mes électeurs. Je sais que la plupart de mes collègues éprouvent les mêmes sentiments qui débouchent sur du stress, qui peut ensuite entraîner certains débordements auprès de l’entourage professionnel. L’observer n’est pas le rendre admissible, mais constitue le premier pas vers une remédiation. Se remettre d’une mauvaise expérience et obtenir le pardon de ses pairs s’acquiert aussi en acceptant de partager cette expérience. Je souhaite qu’au sein de mon groupe politique, je puisse faire partie de cette réflexion et pourquoi pas qu’elle soit étendue au sein du Parlement, car, nous le savons, les relations entre assistants parlementaires et députés sont parfois problématiques, et ceci remonte à bien avant mon cas.
Finalement, je veux dire à tous ceux qui me soutiennent, et je l’ai ressenti fort les dernières semaines: plus que jamais, je souhaite exercer mon mandat de députée. Cette rude expérience n’a pas entamé mon enthousiasme politique. Elle restera ancrée en moi et me guidera à l’avenir dans ma manière de gérer une équipe. Je continue plus que tout à vouloir défendre mes idéaux européens au sein du groupe Renew Europe.
J’assume mes erreurs, je n’ai aucune volonté de vengeance vis-à-vis de qui que ce soit.
La fin de ma suspension arrivée, je reprends avec enthousiasme mon travail au sein des nombreuses commissions dont je fais partie. Je dois cela à mes électeurs, si nombreux à m’avoir fait confiance. Je m’engage pour tous ceux qui, chaque jour, se lèvent et font de leur mieux pour joindre les deux bouts, les monoparentaux et ceux qui ont besoin de soutien et de perspectives. Je veux aider à réaliser une intégration sereine sans discrimination de toutes les minorités et de toutes les communautés. C’est là que se situe le cœur de mon engagement politique et c’est là-dessus que je souhaite me recentrer aujourd’hui avec une équipe où la confiance règne et où j’ai pu retenir les leçons du passé.
Je n’entends en aucun cas renoncer à mon mandat de députée européenne. Il me reste trois ans pour porter à bon port, avec mes collègues, les sujets qui me sont chers. Ça a été confirmé mercredi: je siège au sein du groupe Renew Europe, dont je partage les valeurs et la volonté de renouveler l’Union européenne, qui mérite plus que jamais toute notre attention.
J’assume mes erreurs, je n’ai aucune volonté de vengeance vis-à-vis de qui que ce soit. Je poursuis mon mandat et mon combat politique, et reste à la disposition de chacun.»