La pression sociale et la mentalité de groupe influencent la prise de décision de l’individu. Crédit: Capital Group

La pression sociale et la mentalité de groupe influencent la prise de décision de l’individu. Crédit: Capital Group

Il est largement reconnu que de nombreux investissements s’apprécient sur le long terme, au travers de rendements croissants, mais qu’ils peuvent cependant avoir un faible rendement à court terme. Pourquoi les investisseurs sont-ils toujours tentés par des investissements à court terme, malgré les avantages reconnus d’une vision à long terme?

Certes, il n’est pas très excitant d’acheter un portefeuille et de le mettre de côté sans jamais intervenir, et d’aucuns trouvent plus intéressant d’être impliqué et régulièrement actif dans les marchés, sans même être découragé par le risque de rendements faibles ou des coûts de transaction élevés. L’investissement à court terme est tout simplement plus intéressant pour eux et convient donc bien à certains profils d’investisseurs. Ce qui attire notamment les investisseurs, c’est la peur de passer à côté d’une opportunité, cette crainte connue en anglais sous le nom de «FOMO» ou «fear of missing out». Dans d’autres cas, des biais comportementaux entrent en jeu, et nous voyons que la pression sociale et la mentalité de groupe influencent la prise de décision de l’individu.

La pression sociale

Rappelons-nous l’exemple classique de l’ascenseur, qui sert à illustrer certains de ces comportements sociaux: l’ascenseur arrive, et de manière plutôt inhabituelle, tout le monde se tourne vers l’arrière. La prochaine personne à entrer, non initiée, se tournera très probablement du même côté que toutes les personnes déjà présentes, peut-être sans savoir exactement pourquoi… alors que c’est tout simplement à cause du comportement des autres! Cette mentalité de groupe, ou «mentalité grégaire», est le nom donné par les chercheurs à cette propension d’un investisseur à copier ou à suivre l’exemple des autres. Le «herding», la formation d’un troupeau, est un terme issu de la finance comportementale pour décrire cette tendance sur les marchés, lorsqu’il devient difficile d’aller à l’encontre de la foule et de ne pas se laisser influencer dans ses agissements par les autres. Cela met en évidence la nature parfois irrationnelle des décisions d’investissement, lorsque l’émotion et l’instinct dominent plutôt qu’une analyse sobre et indépendante.

Mais il n’y a pas que la pression de nos pairs: des pressions institutionnelles et ce fameux «herding» entrent également en jeu. «Certains des gérants de Capital Group qui ont connu le plus de succès sont le genre de personnes qui sont prêtes à aller à l’encontre de la foule. Ils ont leur propre vision et analyse, mais réévaluent constamment leur vision différenciée en matière d’investissements pour s’assurer qu’ils ne commettent pas eux-mêmes d’erreur de jugement», explique Martyn Hole, directeur des investissements chez Capital Group. «Le désaccord sur un sujet particulier ne les dérange pas; ils écouteront poliment les commentaires des autres sans pour autant être forcément influencés par ce qu’on leur dit.» Mais il est vrai que la plupart des gens ne sont pas suffisamment convaincus de la solidité de leurs décisions d’investissement pour ne pas être influencés par les autres. Et malheureusement, on a alors tendance à se plier aux pressions extérieures au mauvais moment, souvent justement quand une décision causera les plus grands dégâts.

Le désaccord sur un sujet particulier ne les dérange pas; ils écouteront poliment les commentaires des autres sans pour autant être forcément influencés par ce qu’on leur dit.
Martyn Hole

Martyn HoleDirecteur des InvestissementsCapital Group Luxembourg

L’avantage informationnel

 Les groupes, la recherche l’a démontré, sont doués quand il s’agit d’estimer la valeur des choses. Pensons par exemple au jeu où vous devez deviner le nombre de bonbons dans une bonbonnière: si vous prenez la moyenne des réponses obtenues d’une multitude de participants, vous obtenez généralement une bonne estimation. «Pourtant, cela ne fonctionne pas dans le domaine de la gestion de portefeuille», note M. Hole, en se rappelant l’époque où il travaillait comme analyste. «Dans mon expérience, le consensus du groupe est presque toujours erroné et l’utiliser comme une source d’idées d’investissement est une approche condamnée à l’échec. Si tout le monde est d’accord pour être optimiste sur un titre en particulier, il devrait y avoir un signal d’alerte. Si tous sont convaincus que c’est une superbe entreprise et que l’action évoluera vers le haut, c’est à ce moment-là que vous devriez prendre du recul et vous dire: en quoi mon point de vue diffère-t-il de celui du marché, et quel est mon avantage en matière d’information? Qu’est-ce que je sais que les autres ignorent? Sur quoi faut-il mettre l’accent?»

Chez Capital Group, notre approche consiste à considérer un investissement dans une entreprise de manière holistique, à essayer de rencontrer autant de personnel impliqué que possible: non seulement la direction et le personnel de l’entreprise, mais aussi les fournisseurs, les clients et les concurrents. Une grande partie du travail revient à adopter une vision à plus long terme et à ne pas penser seulement au trimestre prochain, mais au-delà d’un horizon de trois ans, ce qui donne aux investisseurs une meilleure chance de s’assurer un avantage en matière d’information.

Et enfin... quel est votre avantage informationnel? Découvrez comment vous démarquer de la foule et prendre de meilleures décisions pour votre portefeuille en vous abonnant à la lettre d’information de Capital Group ou en consultant nos articles .

Martyn Hole est directeur des investissements «actions» chez Capital Group. Il dispose d’une expérience de 38 ans dans le secteur financier, et a rejoint Capital Group il y a 17 ans. Avant cela, Martyn a travaillé chez JPMorgan AM. Martyn, basé à Londres, est diplômé de l’université de Cambridge, et détient un CFA.