Alibaba a décidé en 2023 de s’attaquer différemment au marché européen. Changements de leadership et de structures se poursuivent activement. (Photo: Shutterstock)

Alibaba a décidé en 2023 de s’attaquer différemment au marché européen. Changements de leadership et de structures se poursuivent activement. (Photo: Shutterstock)

Le géant chinois de l’e-commerce Alibaba, 126 milliards de dollars de revenus pour 2022-2023 et 14 milliards de résultat opérationnel, a posé un pied au Luxembourg, selon le registre du commerce et des sociétés. Il poursuit sa mue opérationnelle entamée l’an dernier.

Alibaba.com Luxembourg. Constituée le 18 décembre et officiellement enregistrée au LBR le 22 février, cette filiale de la holding d’Alibaba.com à Singapour a été confiée à trois cadres du géant de l’e-commerce:

– YingYing Chen, directeur juridique d’Alibaba.com basée à Hong Kong;

—Peng Zhou, senior strategy advisor de la division Alibaba Entertainment and Media, Youku

– et Ze Zhu.

Dans quelle perspective? Le géant chinois de l’e-commerce n’était pas revenu vers nous à l’heure de publier cet article, mais le groupe a entamé en milieu d’année dernière un changement stratégique.

Le groupe est déjà présent dans certains pays européens. Roland Palmer d’abord directeur général pour le Royaume-Uni, les pays nordiques et le Benelux, a par exemple cédé le Benelux aux directeurs généraux français, un tandem Michelle Lau et Paul de Billy, depuis deux ans. Alibaba est déjà présente au Luxembourg indirectement, puisqu’il est l’actionnaire unique d’Ant Financial qui a installé le hub européen de sa solution de paiement, Alipay, au Luxembourg en 2014. Ce n’est qu’en 2019 que celle-ci a obtenu une licence luxembourgeoise pour travailler dans toute l’Europe.

La structure d’Alibaba au 31 mars 2023, telle qu’elle a été présentée dans le rapport annuel du géant chinois fin juillet. La nouvelle société chinoise émane de l’entité qui est basée à Singapour. (Source: rapport annuel d’Alibaba Group)

La structure d’Alibaba au 31 mars 2023, telle qu’elle a été présentée dans le rapport annuel du géant chinois fin juillet. La nouvelle société chinoise émane de l’entité qui est basée à Singapour. (Source: rapport annuel d’Alibaba Group)

Après avoir annoncé des changements de structures en mars 2023 lors des résultats annuels, le président-directeur général du groupe Alibaba, Daniel Zhang, avait expliqué mi-juillet aux actionnaires qu’«après 24 ans, Alibaba est en train de passer d’une entreprise unique à un nouveau modèle de gouvernance «1+6+N» dans lequel les grands groupes d’entreprises et divers les entreprises ont des opérations indépendantes. «1» représente la société holding du groupe Alibaba, «6» fait référence à six grands groupes commerciaux: Cloud Intelligence Group, Taobao et Tmall Group, Local Services Group, Alibaba International Digital Commerce (AIDC), Cainiao Smart Logistics Network Limited et Digital Media and Entertainment (DME), et «N» fait référence à diverses entreprises telles que Alibaba Health, Sun Art Retail et Freshippo. Chaque entité du «6+N» établira son propre conseil d’administration qui assurera la supervision et le soutien du CEO de l’entreprise.»

En septembre, M. Zhang avait quitté ses fonctions, remplacé au poste de CEO par Eddie Yongming Wu, et à celui de président du conseil d’administration par Joe Tsai, tous les deux étant considérés comme des vétérans de l’entreprise et, surtout, proches de Jack Ma, fondateur de cette success-story chinoise. Ils poursuivent la transformation en profondeur de l’entreprise. 

«Plus des deux tiers (69%) des PME britanniques prévoient de trouver de nouveaux fournisseurs au cours de l’année à venir, un chiffre qui s’élève à 75% en France et à 81% en Allemagne», souligne une étude du géant chinois, qui cherche notamment à offrir de nouvelles solutions aux PME européennes. Alibaba Group fera de l’Europe la priorité absolue, car elle se concentre sur la création d’entreprises locales et de plateformes en ligne en dehors de la Chine, disait en fin d’année le président du géant du commerce électronique.

«Ce sur quoi nous nous concentrerons davantage à l’avenir, c’est de créer des entreprises locales. Vous verrez donc quelque chose appelé TMall que nous avons en Chine devenir TMall en Europe, ce qui signifie que nous servirons des marques locales et des clients locaux sur les marchés locaux», expliquait Michael Evans, président de l’activité Alibaba International Digital Commerce, lors d’une conférence technologique à Paris.

TMall doit permettre de vendre des produits locaux à des clients locaux, par opposition au modèle développé jusqu’ici de commandes passées directement dans les entrepôts chinois et livrés en Europe. De quoi réduire les délais de livraison en poussant les prix vers le bas.