Les voitures neuves sont équipées de récepteurs DAB+ depuis 2021 et le Luxembourg compte déployer cette technologie entre 2024 et 2027. (Photo: Shutterstock)

Les voitures neuves sont équipées de récepteurs DAB+ depuis 2021 et le Luxembourg compte déployer cette technologie entre 2024 et 2027. (Photo: Shutterstock)

Dans son avis sur le projet de loi pour le déploiement du DAB+ au Luxembourg, l’Alia multiplie les critiques. Elle remet en question sa pertinence d’un point de vue technologique, le qualifiant d’«obsolète».

Sa mise en place a déjà pris du retard. , le DAB+ ne devrait finalement pas arriver au Luxembourg avant 2024, Ce système de radio numérique débarque-t-il trop tard? C’est en tout cas ce que laisse entendre l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia), dans son avis sur le projet de loi pour son déploiement.

Son message peut se résumer en une question, à lire sur le ton de l’ironie: «Le DAB+, la solution technique la plus appropriée?» L’autorité détaille: «D’un point de vue méthodologique, il faut constater que l’analyse menée portait sur la seule faisabilité technique du DAB+, sans le comparer ou le confronter à d’autres techniques de diffusion qui pourraient être envisagées. Identifier le DAB+ dans ces conditions comme étant “la solution technique la plus appropriée” semble dès lors être une conclusion un peu hâtive.»

Questionné sur la méthodologie, le Service des médias, de la connectivité et de la politique (SMC) n’avait pas répondu à Paperjam lors de la publication de l’article. L’Alia regrette, en outre, que le texte laisse imaginer qu’elle a été partie prenante du projet, alors que dans deux précédents avis, elle avait «émis des doutes quant à l’opportunité de la mise en œuvre du DAB+, alors que la technologie est considérée, dans plusieurs pays pionniers en la matière, comme étant d’ores et déjà obsolète.»

Radioplayer, 5G et 6G

Par quoi la remplacer? L’Alia évoque la diffusion via la 5G et la 6G, donc avec internet,  Ou encore , l’application disponible depuis mars qui réunit plusieurs radios luxembourgeoises. «Son lancement semble être pour partie l’expression d’une certaine frustration auprès des opérateurs qui considèrent que le déploiement du DAB+ n’avance que très (trop?) lentement», commente l’autorité. «Toutefois, les petites radios locales n’ont pas pu s’y joindre en raison de la nécessité de certaines adaptations techniques qu’elles ne peuvent pas financer.» Pour y remédier, l’Alia propose de redéployer «les deniers publics destinés au financement du DAB+ vers le développement de l’application, qui semble être l’instrument le moins onéreux et techniquement le plus adapté. Pour le moins, une étude comparative des deux solutions devrait être envisagée.»

Puisqu’on lui a demandé son avis sur le projet de loi pour le déploiement du DAB+, l’Alia ajoute que le fait que les permissions d’émettre en DAB+ sont accordées par le gouvernement risque de créer des incohérences pour les radios régionales et locales, qui dépendent, pour leurs autorisations d’émettre par voie hertzienne, de l’Alia. Elle propose alors de devenir l’interlocuteur unique.

Le projet de loi mentionne le lancement, dans un premier temps, d’un seul multiplex à couverture nationale. Puis, dans un deuxième temps, d’un second pour les radios locales. Ce qui nuirait au pluralisme des médias, selon l’Alia. «Si le DAB+ venait à être déployé», commente-t-elle, «il faudra exploiter les ressources disponibles à travers la mise en service des deux multiplex qui sont disponibles ou bien sauter le pas du DAB+ et investir dès à présent dans une autre technologie.»

Pas de points positifs sans «mais»

L’autorité de l’audiovisuel note tout de même un point positif: «Il est désormais prévu d’ouvrir la possibilité de solliciter une concession à tous les fournisseurs, que ce soient des radios à émetteur de haute puissance, des radios à réseau d’émission ou des radios locales, que ce soient des fournisseurs luxembourgeois ou étrangers, que ce soit pour des programmes existants ou nouveau à développer». Mais, un paragraphe précisant que «la qualité de service radiodiffusé luxembourgeois existant “est retenue en faveur de la candidature” semble réintroduire par la petite porte une priorité aux programmes luxembourgeois existants.»

Aucune surprise alors dans sa conclusion: «L’Autorité est amenée à mettre en doute la pertinence du projet technique poursuivi par le projet de loi sous examen, et demande en tout état de cause qu’il fasse l’objet de certaines modifications.»

Y aura-t-il des modifications, voire une nouvelle étude comparative des technologies? Le SMC «prend note de la publication de l’avis et est en train de l’analyser».

Pour rappel, depuis le 21 décembre 2020, tous les constructeurs automobiles doivent équiper leurs nouveaux véhicules d’un récepteur pouvant recevoir des réseaux de diffusion numérique.