Le directeur général de l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement), , a salué les résultats de : «L’accord qui a été trouvé entre les partenaires pour soutenir les ménages face à la hausse des prix énergétiques est apprécié. Ça sera un coût non négligeable pour l’État, mais je crois que c’est une mesure qui sera favorablement interprétée et comprise par les ménages.»
Toutefois, Camille Thommes estime que l’accord aura des conséquences au niveau du secteur financier. «Il y aura des tranches indiciaires qui vont tomber l’année prochaine, une en février et une autre qui avait été reportée en avril dernier», explique-t-il. Supporter ces deux tranches indiciaires constitue «un coût assez important», non seulement pour les entreprises, mais aussi pour la compétitivité de la Place financière. «Surtout que la masse salariale a déjà augmenté de 5% au premier semestre. Cela sera un coup de frein sérieux à notre compétitivité.»
L’élément-clé pris en considération par le directeur général de l’Alfi repose sur la particularité internationale du Luxembourg en tant que centre financier. «Il faudra voir comment les acteurs qui sont essentiellement d’origine internationale vont regretter cette hausse de coût. Ils ont traditionnellement du mal à saisir l’automatisme des indexations. Cela se reflètera dans leurs plans commerciaux pour leurs entités luxembourgeoises, tant pour l’année prochaine que pour les années à venir.» Cela risque donc de générer de l’incompréhension pour une majorité des acteurs internationaux de la Place.
Inquiétude pour la compétitivité
De manière isolée, Camille Thommes a déjà reçu des retours de patrons de sociétés financières de la Place depuis l’annonce des résultats de la tripartite. Il ressort de ces échanges que ces patrons font face à une situation délicate. «Ils doivent faire remonter le message à leur maison mère que les coûts salariaux vont ostensiblement augmenter l’année prochaine et que cela aura un impact sur la rentabilité de l’entreprise locale. Les maisons mères vont peu apprécier le coût que cela représente.»
Inquiet pour la capacité de la Place à rester concurrentielle pour les institutions financières étrangères, Camille Thommes rappelle également que «le fait que l’État financera les mesures de la tripartite à hauteur d’un milliard d’euros rapprochera le pays du seuil des 30% du ratio dette publique/PIB». Cela affecterait alors potentiellement la notation du triple A accordée au Luxembourg par les agences de notation internationales et, de facto, la capacité de financement du pays. «Une notation inférieure au triple A aura un coût dans la mesure où les investisseurs institutionnels et internationaux qui voudraient investir dans le cas d’un emprunt d’État exigeraient alors de meilleures conditions», souligne le directeur général de l’Alfi.
La perte d’un argument de vente
En outre, le risque pour le pays de perdre son triple A pèse sur le secteur financier lui-même. «Pour le secteur financier, le fait d’avoir une notation du plus haut niveau constitue un argument de vente et de stabilité. Les investisseurs internationaux y portent une attention toute particulière», précise Camille Thommes.
Lors d’une intervention publique, le 13 septembre, la ministre des Finances, (DP), avait d’ailleurs fait part de , en raison de l’importance de maintenir des finances publiques saines et du triple A, tous deux moteurs de la compétitivité du pays en tant que place financière.
Le centre financier luxembourgeois fait d’ailleurs déjà face à une concurrence accrue, note le directeur général de l’Alfi. «Les acteurs qui s’installent au Luxembourg ou qui y opèrent veillent à ce que leur profitabilité reste concurrentielle par rapport à ce qu’ils pourraient trouver dans d’autres pays où ils font des affaires.» Et cela ne concerne pas que les coûts salariaux, mais également la fiscalité dans son ensemble, qu’il s’agisse de la taxe d’abonnement imposée aux fonds d’investissement ou le taux d’imposition des entreprises.