Ils auraient pu choisir le chemin de la très attrayante fonction publique ou encore la voie du salariat et de son confort de vie. Mais ils ont fait le pari de l’entrepreneuriat, ont souhaité vivre de leurs mains et de leur savoir-faire. Les jeunes artisans du Luxembourg ont particulièrement mal vécu la période de confinement du printemps dernier et de l’aveu même de la présidente de leur fédération , , «cela a donné beaucoup de nuits blanches».
Entre les limitations des aides promises et les propos du ministre du Travail Dan Kersch (LSAP) qui avait justifié en avril l’exclusion du chômage aux indépendants en déclarant que , les jeunes artisans ont souffert de la crise du coronavirus. «C’était quelque chose de très blessant et très décourageant, d’autant plus venant de la part d’un ministre», commente Alexa Ballmann.
«Comme des prisonniers»
«En temps normal, les indépendants sont leur propre patron. Mais là, on nous a dit de ne plus travailler. On a dû faire avec. Et on a eu le sentiment d’être mis à l’écart et que personne ne nous comprenait», souligne l’esthéticienne. Pas de télétravail, pas de chômage partiel, mais l’obligation pour beaucoup de rester chez soi et de suspendre les activités. «Nous étions comme des prisonniers.»
Alors l’entraide a commencé à émerger. Jonk Handwierk a mis en place un pour permettre à ses affiliés de se préparer au mieux à la reprise dans le monde de l’après-confinement, mais aussi de pouvoir reprendre leurs activités. Entre les masques personnalisés au logo des entreprises, les plexiglas, autocollants et autres gels hydroalcooliques, différents artisans ont mis leur savoir-faire au service de leurs confrères pour le même objectif: aborder au mieux la reprise des activités.
Mais celle-ci ne se fait pas sans mal. Entre la crainte de certains consommateurs et la baisse du passage dans les centres-villes induite par le télétravail, les artisans ont connu des jours meilleurs. «Il y en a chez qui ça ne va vraiment plus, qui ne veulent plus se battre, et je les comprends», explique Alexa Ballmann.
Les faillites arriveront, c’est inévitable, d’autant que les quelques aides auxquelles ses affiliés étaient éligibles ont montré leurs limites. Et de citer l’obligation d’avoir un bilan positif à présenter, les changements induits dans les restrictions en cours de route, mais aussi le plafond de cotisation à 2,5 fois le salaire social minimum pour pouvoir bénéficier de certaines aides, car «parfois, ça se joue à 100 euros près», avance la représentante.
Et si les salariés ont pu bénéficier du chômage partiel, ce n’est pas le cas des patrons indépendants qui ont souvent été contraints de puiser dans leurs bas de laine de quoi subvenir à leurs besoins pendant l’interruption des activités. Enfin, les charges sociales restaient dues, un montant de l’ordre de 400 euros par salarié payé au minimum qualifié. «Dans mon cas, mon aide directe de 5.000 euros non remboursable allouée par l’État y est repartie directement, puisqu’elle m’a servi à payer les charges sociales», dit l’esthéticienne.
Mon aide directe de 5.000 euros non remboursable allouée par l’État y est repartie directement
Avec ses affiliés, elle veut aller de l’avant dans ce contexte inédit. «En temps normal, évidemment qu’on a les épaules larges pour faire fonctionner nos entreprises, nous trouvons chaque jour des solutions», souligne-t-elle. «Mais je remarque que les entreprises sont toujours considérées comme une chose par le monde politique alors que pour nous, artisans, nous avons investi toute notre vie dans notre entreprise.» Le message est lancé.
Tout l’été, Paperjam vous propose d’aller à la rencontre, chaque semaine, d’un jeune artisan pour comprendre comment il vit cette période particulière et comment il s’y adapte. Rendez-vous la semaine prochaine avec Yannick Schuler de la société de construction Serge Bressaglia.