Le Managing Director d’ALD Luxembourg, Dominique Roger, revient sur le changement de dénomination de la marque. (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

Le Managing Director d’ALD Luxembourg, Dominique Roger, revient sur le changement de dénomination de la marque. (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

Ce 15 avril, le leader du marché du leasing, ALD Automotive, change de nom et devient Ayvens. Le managing director de l’entreprise de leasing, Dominique Roger, nous parle de ce changement d’identité et du positionnement d’Ayvens dans le marché de la mobilité au Luxembourg. 

Parlez-nous de ce grand changement de marque. 

. – «Il faut faire un tout petit peu d’histoire. ALD a déjà connu de nombreuses étapes et de changements de noms depuis 1985. Le groupe ALD a décidé d’acquérir Leaseplan en 2022. Les autorités de la concurrence européenne ont accepté l’opération, à l’exception de six pays où cette intégration n’a pu avoir lieu. Il s’agit du Luxembourg, de la République tchèque, de la Finlande, du Portugal, de la Norvège et de l’Islande. Il a été décidé que dans trois pays, ce serait l’entité ALD qui serait conservée. Dans les trois autres, ce serait Leaseplan, de sorte qu’il n’y ait plus qu’un acteur au niveau international. Ici, les activités de Leaseplan ont été revendues à Leasys, et ALD Luxembourg devient donc Ayvens.

Leaseplan et ALD auraient-ils représenté trop de parts de marché au Luxembourg?  «Effectivement, en cas d’acquisition le nouvel acteur aurait représenté une part de marché de plus de 45%, après un processus d’analyse complexe les autorités européennes de la concurrence ont considéré que cette opération allait réduire les possibilités de mise en concurrence, il fallait donc trouver une alternative pour que l’opération puisse aboutir au niveau global.

Puisque vous avez dû laisser Leaseplan à la concurrence, que gagnez-vous au Luxembourg à faire tous ces changements?

«Le groupe a décidé de procéder à cette acquisition majeure qui concerne plusieurs pays. La taille du groupe offre de solides opportunités en termes de synergies, de création de valeur et d’innovation ainsi que la capacité à investir davantage dans de nouvelles solutions et dans le digital. En tant qu’entité locale, nous pourrons bénéficier de tout cela. Bien qu’il y ait un changement de marque, les interlocuteurs restent les mêmes, rien ne change dans la direction et le management. Notre implication pour offrir de la valeur au marché et garantir une expérience client de haut niveau reste inchangée.

Que représentez-vous au Luxembourg? 

«Nous avons à peu près une flotte de 20.300 voitures à ce jour et employons 130 collaborateurs, ce qui représente 30 à 33% de parts de marché. Je ne pense pas que nous puissions uniquement nous considérer leader en évoquant notre taille, je préfère qu’on soit identifiés comme un leader de marché parce que nous offrons une expérience client au-dessus des standards ainsi qu’une palette de produits et de services plus large. Nous avons beaucoup innové ces dernières années pour avoir une offre qui colle le plus possible aux besoins et attentes de nos clients. Ce qui m’intéresse aussi, c’est la constance dans nos engagements et la fidélité de nos clients, la qualité des relations avec nos partenaires.

Le véritable défi est de permettre à chacun de migrer vers l’électromobilité, et de réussir à projeter son quotidien avec cette nouvelle motorisation.
Dominique Roger

Dominique RogerManaging Director Ayvens Luxembourg

En quoi justement êtes-vous différent des autres? 

«Je pense que l’on se différencie véritablement en termes d’expérience client. Nous avons l’image d’un loueur à l’écoute, qui comprend les problématiques du client et propose des solutions. Nous existons depuis 1985, les premières années, nous étions une toute petite équipe et nous avions déjà ce sens du service client, il était reconnu. Fort heureusement, malgré notre croissance et l’appartenance à un grand groupe, nous avons conservé notre culture locale, et nous continuons de servir nos clients avec beaucoup d’attention et la flexibilité dont ils ont besoin.

Dans un marché devenu très compétitif, comment vous positionnez-vous?

«Au Luxembourg, la concurrence a toujours été vive, nous avons toujours cherché à nous différencier par l’innovation. Nous sommes venus rapidement avec des solutions de leasing spécifiques comme ALD switch qui offre la possibilité d’avoir un véhicule principal et un véhicule secondaire pour des besoins spécifiques, tout ceci intégré dans un même loyer. Nous avons développé la location flexible et aujourd’hui nous disposons de plus de 1.600 véhicules de tous types disponibles à la location, d’un jour jusqu’à 24 mois. Nous sommes les seuls à proposer cela. Nous avons été le premier à louer des vélos, des trottinettes, et sommes probablement les plus dynamiques dans le private lease. Il y a eu d’autres initiatives comme le car-sharing qui prend maintenant son envol.

 Est-ce que l’innovation a toujours été synonyme de succès? 

«L’innovation exige courage et persévérance. Nous avons été parfois un petit peu en avance, il est difficile de venir avec des solutions quand vous êtes les seuls sur le marché à les proposer. Le nombre de fois où j’ai présenté ALD switch, où l’on m’a dit ‘’C’est absolument génial’’, mais les clients ne souscrivaient pas… Aujourd’hui c’est un succès, car c’est un produit qui rassure lorsqu’on passe à un véhicule électrique, mais il aura fallu du temps.

Quels sont actuellement les enjeux du marché local en matière de mobilité?

«Aujourd’hui, tout le monde parle d’électromobilité, et la stratégie gouvernementale est clairement dans ce sens. Le véritable défi est de permettre à chacun de migrer vers l’électromobilité, et de réussir à projeter son quotidien avec cette nouvelle motorisation. Les réseaux de recharge publics sont très bien développés sur le territoire, mais ne représentent dans la réalité que 10 à 15% des besoins en recharge des usagers. La véritable difficulté est de pouvoir installer des infrastructures de recharge adaptées dans les entreprises et aussi à domicile, ce qui parfois est très compliqué lorsque les conducteurs habitent en résidence.

Pour nos métiers l’un des autres défis est de continuer à conserver l’intérêt de la voiture de société dans les packages salariaux, dans un contexte où l’avenir des primes ‘’clever fueren’’ est incertain et la fiscalité se durcit fortement. Le gouvernent pousse vers l’électrification des flottes, mais en contrepartie augmente la fiscalité sur les véhicules électriques à partir de 2025, en doublant les taux d’avantage en nature.

Dans le même ordre d’idée, pour inciter à la voiture électrique, le taux d’avantage en nature des autres voitures va devenir rédhibitoire alors qu’il est déjà aujourd’hui le plus élevé d’Europe!

Ayvens, ex-ALD a 30% des parts de marché au Luxembourg. (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

Ayvens, ex-ALD a 30% des parts de marché au Luxembourg. (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

Cela touche à l’attractivité du Luxembourg…

«La mobilité est évidemment au cœur de l’attractivité du pays, lorsqu’il est difficile de venir travailler, cela peut en refroidir plus d’un. La voiture reste un moyen de transport privilégié. Cependant, nous pensons fermement que la mobilité n’est pas qu’une question de voiture, et qu’il faut être en mesure de proposer un maximum d’alternatives pour que chacun puisse décider de son propre bouquet de mobilité. Les entreprises luxembourgeoises ont de plus en plus de difficultés à recruter et doivent redoubler d’efforts pour continuer à attirer des talents, les motiver, les conserver. Alors que la fiscalité sur les salaires n’est plus un atout et que les possibilités d’avantages extralégaux sont limitées, la négociation se concentre sur le salaire et c’est la compétitivité des entreprises qui souffre.  

Quelles sont les perspectives pour la mobilité de demain?

«Les besoins et attentes de nos clients et usagers ont changé. En termes de mobilité, cela se traduit par des solutions sur mesure, ou encore une capacité à pouvoir choisir et composer sa mobilité, ou encore changer de type de mobilité selon le besoin de l’instant. Je pense sincèrement qu’en tant qu’acteur majeur de la mobilité nous avons notre part de responsabilité, nous devons proposer des innovations permettant de se rapprocher des besoins nouveaux.

Nous misons sur la combinaison des moyens de mobilité et les mobilités alternatives comme le car-sharing ou la location flexible.
Dominique Roger

Dominique RogerManaging Director Ayvens Luxembourg

Sur quoi misez-vous pour la mobilité de demain?

«Tout ce qui relève de la mobilité nous intéresse. La nouvelle stratégie du groupe est d’avoir une plus grande ouverture encore à la mobilité de demain. Il y a plusieurs mutations majeures dans l’industrie automobile et dans la mobilité en général. On voit que la mobilité est positivement impactée par le télétravail, mais il est assez limité pour les frontaliers. Il y a la gratuité des transports en commun, mais l’offre n’est pas encore suffisamment qualitative pour pousser les gens à quitter leur voiture pour les transports en commun par exemple. Bref, nous misons sur la combinaison des moyens de mobilité et les mobilités alternatives comme le car-sharing ou la location flexible. Nous pensons également que le budget de mobilité pourrait être une solution intéressante, nous pourrions en assurer la gestion.

Concrètement, quelles sont les bonnes décisions à prendre?

«Revenir à une fiscalité raisonnée en matière de voiture de société, poursuivre l’aide financière à la voiture électrique qu’elle soit neuve ou d’occasion. Le secteur du leasing est un acteur décisif dans la décarbonisation de la mobilité, il faut prendre cette donnée en compte. D’autre part, il faudrait probablement plus de souplesse avec le télétravail. Avoir des investissements appropriés en termes d’infrastructures et les déployer assez vite. Définir une approche ‘’budget de mobilité’’ et y associer la fiscalité qui va bien.

De notre côté, pour servir une mobilité à la demande (MaaS - mobility as a service), nous disposons d’applications qui permettent de choisir la meilleure solution pour chaque déplacement. Et d’articuler cette facilité avec une solution de financement. Le gouvernement avait sponsorisé une solution de covoiturage, qui est un bon point de départ également, il devrait maintenir ce genre d’initiative dans la durée et en assurer une promotion efficace.

Quel serait alors le rôle d’Ayvens dans ce marché modifié?

«Ayvens est un facilitateur, en agrégeant des solutions. Notre métier est de faciliter la mobilité, d’intégrer des services et de couvrir les risques liés aux véhicules tout en permettant aux entreprises de maitriser leur budget sur ce poste. Nous croyons qu’il y a une place pour un budget de mobilité dont la gestion se fait au travers d’une plateforme que nous avons dans le groupe. Nous souhaiterions qu’il y ait un cadre légal et fiscal pour accueillir ce genre d’initiatives. Ayvens sera acteur et moteur d’une mobilité meilleure pour tous!»