«L’Europe doit devenir un leader mondial de l’innovation en matière d’intelligence artificielle. Les usines d’IA contribueront à consolider notre position à l’avant-garde de cette technologie transformatrice.» Début septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ajoute une couche aux ambitions européennes avec les AI Factories, les usines d’IA, dont il existe déjà une dizaine d’exemplaires de premier plan, emmenées par des acteurs comme Microsoft, Bouygues, Dell, Capgemini ou Carrefour.
Sept propositions ont été soumises par 15 États membres et deux États participants: la Finlande (avec la participation de la Tchéquie, du Danemark, de l’Estonie, de la Norvège et de la Pologne), le Luxembourg, la Suède, l’Allemagne, l’Italie (avec la participation de l’Autriche et de la Slovénie), l’Espagne (avec la participation du Portugal, de la Roumanie et de la Turquie) et la Grèce. Chypre et la Slovénie ont soumis des lettres d’intérêt pour rejoindre ou créer une AI Factory à un stade ultérieur. La prochaine date limite pour les propositions ultérieures est le 1er février 2025.
Carrefour optimise ses 150 catalogues annuels
Le géant français de l’alimentaire, qui s’est lancé dans sa propre usine d’IA en 2020, l’utilise par exemple pour optimiser son catalogue des promotions ou comment choisir parmi 32.000 produits ceux qui feront qu’au milieu de 150 catalogues de bonnes affaires présumées par an, le chaland ira s’acheter quelque chose dans une des entités de la marque: 25% du chiffre d’affaires (5,3 milliards d’euros) des supermarchés et hypermarchés vient des promotions! Cette initiative a permis de mettre en production plus de 100 modèles d’IA en seulement cinq mois.
En un an et demi, en 2018, Microsoft France, qui s’est alliée à Station F pour lancer une initiative commune, avait annoncé 17 start-up accompagnées, 12,3 millions d’euros levés et près de 100 recrutements en s’appuyant sur les cinq secteurs stratégiques pour la France, à savoir l’agroalimentaire, la santé, l’environnement/l’énergie, les services financiers et les transports tels que définis dans publié en mars 2018.
Dell vise le manque d’experts
Dell, qui a lancé la sienne en septembre, a un intérêt stratégique: fournir au marché des experts qui ont toutes les compétences requises pour faire tourner ces technologies. Et son partenariat avec Hugging Face, encore plus qu’avec Microsoft, lui donne un avantage bien connu des «plombiers de l’intelligence artificielle».
Selon un modèle un peu différent, Alibaba, par exemple, en Chine, a mis plus de 100 modèles d’IA en accès libre pour permettre aux entreprises de se les approprier (et évidemment ensuite avoir besoin de cloud et de capacités de calcul qu’Alibaba peut fournir).
C’est dans ce contexte que l’Union européenne pousse la mise en route d’usines IA européennes, qui «rassembleront les ingrédients clés du succès de l’IA: puissance de calcul, données et talents. Elles aideront les développeurs d’IA à former leurs grands modèles d’IA générative en utilisant les supercalculateurs EuroHPC et en donnant accès aux données, aux calculs et aux services de stockage. Les usines seront mises en réseau dans toute l’Europe, offrant un cadre européen unique de collaboration en matière d’IA.»
Luxembourg bien équipé
«Les AI Factories seront connectées aux initiatives des États membres en matière d’IA, créant ainsi un écosystème dynamique de l’IA. Les AI Factories bénéficieront également des et des . Les AI Factories propulseront le développement et la validation d’applications industrielles et scientifiques de l’IA dans des secteurs européens clés tels que la santé, l’énergie, l’automobile et les transports, la défense et l’aérospatiale, la robotique et la fabrication, les technologies propres et agricoles», dit encore le pitch de Bruxelles.
C’est une version digitale de la stratégie de diversification amorcée au Luxembourg il y a près de 15 ans avec le développement des clusters, à ceci près qu’on parle ici d’e-clusters. .