«Bien sûr que c’est malheureux ce qui arrive à un de nos membres (Caritas, ndlr), mais notre priorité pour la Fédération est de protéger le secteur. Aujourd’hui, on voit beaucoup d’éléments négatifs, sur la gestion du secteur associatif, qu’il n’y a aucun contrôle, etc. Alors que ce n’est pas vrai, et nous avons désormais une certaine crainte que l’on tombe dans un autre extrême et que l’on mette une surrèglementation sur le secteur qui va engendrer des coûts supplémentaires», a expliqué, ce mercredi 25 septembre, Thomas Lentz, secrétaire général de la Fedas.
La Fédération des acteurs du secteur social au Luxembourg (qui représente 195 membres et quelque 15.000 salariés) organisait sa première journée du secteur social et , n’a pas été sans conséquences sur le secteur. «Le risque est que le budget que l’État dépense pour le secteur social reste le même mais soit dédié à d’autres priorités, et que les plus démunis, les bénéficiaires et les salariés en paient les conséquences. Et nous craignons que tous les besoins ne soient plus couverts», poursuit Thomas Lentz.
«Installer une culture du contrôle interne»
Le secrétaire général a aussi regretté que la Fedas ne soit pas invitée autour de la table des discussions avec les ministères concernés. «Nous appelons de manière générale à un dialogue structuré, nous voulons avoir des échanges réguliers, et pas seulement quand il y a des crises, alors que nous devons souvent forcer la main du gouvernement. On veut être inclus dans la discussion, surtout quand on dit qu’il faut changer la gouvernance, la gestion du risque et changer ou adapter les contrôles internes. Pour nous, il est très important d’inclure la Fedas, pour justement trouver des améliorations par rapport à ces trois éléments qui soient adaptées au secteur, qui touchent la cible, et donc réduisent le risque qu’une telle affaire se reproduise, et sans créer une usine à gaz.»
La Fedas a elle aussi mis en place une mini-cellule de crise, non pas sur l’affaire Caritas en elle-même, mais sur les impacts pour le secteur social. «Nous avons décidé de devenir proactifs, avec des propositions comme la professionnalisation et la rémunération des membres des conseils d’administration, car nos membres sont majoritairement des asbl. Il faut bien délimiter les rôles et responsabilités du conseil d’administration, de l’assemblée générale et d’une direction responsable de la gestion journalière. S’il n’y a pas une certaine culture du contrôle interne, vous passez à côté d’informations cruciales. C’est une culture qu’il faut installer dans toutes les structures, la liberté d’expression doit être garantie et aucun salarié ne doit avoir peur pour son poste s’il parle. Mais prendre simplement des livres sur la gestion du risque, le contrôle de gestion et la gouvernance et traduire cela dans une loi, ce n’est pas la solution», insiste le secrétaire général de la Fedas.
Et le secteur du social, qui représente à la fois les domaines d’activité de la jeunesse (crèches, maisons relais, etc.), des seniors, du handicap ou encore la cohésion sociale, a d’autres priorités que gérer les conséquences de l’affaire Caritas. «Nous avons une nouvelle convention collective qui doit démarrer au 1er janvier. Or, nous avons contacté le ministère du Travail pour éclaircir certains points, mais nous n’avons pas eu de réponse pour l’instant», confirme Thomas Lentz. «Nous avons donc actuellement 20.000 salariés qui risquent de ne plus avoir de convention collective au 1er janvier.»