L’Äerdschëff est un projet pilote dont le chantier ne ressemble à aucun autre. (Photo: Äerdschëff)

L’Äerdschëff est un projet pilote dont le chantier ne ressemble à aucun autre. (Photo: Äerdschëff)

Dans le cadre de nos séries d’été, paperjam.lu vous propose de découvrir les chantiers emblématiques à travers le pays. Aujourd’hui, partons à la découverte de l’Äerdschëff, un chantier écoresponsable et participatif.

C’est à Redange-sur-Attert que le CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg), avec l’aide de nombreux volontaires, est en train de mener un chantier qui sort de l’ordinaire. En effet, l’Äerdschëff est une construction écologique, autosuffisante, et réalisée, entre autres, grâce à la participation de volontaires et bénévoles. Le futur bâtiment sera construit à partir de matériaux écologiques et/ou recyclés. Il sera aussi autosuffisant («off-grid») en eau, assainissement, électricité, chauffage, et disposera même d’une autonomie alimentaire. Son principe est inspiré des «Earthships» développés par Michael Reynolds dans les années 1970, mais sa réalité est bien évidemment adaptée au contexte luxembourgeois.

Ce projet est développé dans un esprit de co-création, porté par un groupe de citoyens engagés qui ont su trouver le soutien des autorités publiques (ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable) et s’entourer également d’experts, comme le bureau d’architectes Beng, ou d’entreprises spécialisées pour certains travaux.

Être respectueux de son environnement

Le bâtiment se trouve à Redange, sur le site dit «Atert-Lycée». Il prend en considération la topographie du terrain sur lequel il est construit et s’intègre au dénivelé naturel. Ainsi, une des façades est enterrée et construite avec des pneus recyclés remplis de terre compactée pour le soutènement et l’inertie thermique. La façade sud sera réalisée avec des fenêtres de récupération et abritera une serre.

«Actuellement, nous sommes en train de fermer le plafond et de mettre en place le carrelage au sol», explique Annick Meiers, coordinatrice d’Äerdschëff. «Le grand mur en fenêtre va également être mis en place dans les prochains jours, mais par une entreprise, car c’est un peu plus délicat comme opération.» Suivront également le chauffage et l’eau chaude. «Nous devons également travailler avec des entreprises, car pour certains postes, en tant que bâtiment accueillant du public, nous devons avoir certaines garanties», précise madame Meiers.

Dernière ligne droite

Dus à différents aléas, comme le Covid, des inondations involontaires sur le chantier…, certains postes ont pris un peu de retard. C’est le cas par exemple de l’électricité, car l’entreprise initialement missionnée a fait faillite en cours de chemin. Mais l’ensemble avance quand même à bon rythme. Tout au long de l’été, de jeunes lycéens stagiaires sont venus prêter main-forte à l’Äederschëff. C’est ainsi que des jeunes du Lycée Josy Barthel, du Lycée technique d’Ettelbruck et du Lycée des arts et métiers ont pu participer au chantier.

«Nous avons lancé dernièrement un workshop pour fabriquer un mur en pisé qui servira de délimitation entre la grande salle et la cuisine. Pour fabriquer ce mur, nous allons nous servir de l’argile du site et le préparer de manière à pouvoir mettre en œuvre des couches de 10 à 15cm qui serviront à monter le mur.» Le workshop, organisé les 17 et 18 septembre prochains, devrait permettre de finaliser cette étape.

Le mois de septembre verra aussi le commencement de la cave naturelle, une installation creusée directement dans la terre qui conserve une température fraîche constante et évite ainsi l’usage d’un frigo et de l’électricité pour la conservation des aliments.

«Nous devons finir le chantier pour la fin de l’année», complète Annick Meiers. «Mais nous ne resterons pas sans rien faire après. En effet, nous avons déjà un nouveau projet qui est en cours depuis environ un an: l’ARCS – Äerdschëff Regenerative and Circular Science – a comme objectif de développer un programme de formations et de workshops à destination des adolescents pour aborder des thématiques comme la régénération des ressources, la permaculture ou encore la transition.» Cette initiative a reçu le soutien du Fonds national de la recherche à travers le programme PSP (Promoting Science to the Public), qui leur apporte 400.000 euros pour trois ans.

«Nous avons aussi un second projet qui est, lui, soutenu par la Fondation André Losch et qui consiste en la mise en place d’ateliers sur les ‘low tech’. Nous allons encore être bien occupés, même une fois le chantier achevé!», conclut Annick Meiers.