Romain Mazeries reste aux manettes de Mangopay, malgré l’arrivée de l’américaine Advent International comme actionnaire principal à la place de Crédit Mutuel Arkéa. (Photo: Margaux Demaria / Mangopay)

Romain Mazeries reste aux manettes de Mangopay, malgré l’arrivée de l’américaine Advent International comme actionnaire principal à la place de Crédit Mutuel Arkéa. (Photo: Margaux Demaria / Mangopay)

Sept ans après avoir acquis 86% de Leetchi pour 50 millions d’euros, le Crédit Mutuel Arkéa s’efface au profit du fonds d’investissement américain Advent International. À la clé, 75 millions d’euros d’argent frais et 250 embauches, dont une bonne partie au Luxembourg.

Le groupe Crédit Mutuel Arkéa s’interrogeait depuis l’été dernier et s’en cachait à peine: avait-il vocation à conserver dans son portefeuille Mangopay (et sa holding Leetchi), dont il avait acquis les premiers 86% pour 50 millions d’euros en 2015 et 10 millions d’euros d’investissement supplémentaires?

Mardi 5 avril, les observateurs ont eu leur réponse: le groupe annonce avoir cédé une participation majoritaire au fonds d’investissement américain Advent International, ni la participation ni le montant de la transaction n’ayant été précisés.

Le fonds, capable de mettre de 100 millions à 2 milliards d’euros, a déjà signé trois acquisitions cette année avec la brésilienne Caldic, et les américaines McAfee et Big Panda. Il annonce aussi investir 75 millions d’euros pour «accélérer la croissance de la scale-up, en se concentrant sur l’expansion internationale, le développement de nouvelles verticales et de nouveaux produits – avec pour ambition de devenir l’une des principales solutions de paiement mondiales pour les marketplaces et les plateformes de tout type».

«Nous sommes ravis d’accueillir Advent International comme nouvel actionnaire et partenaire de croissance de Mangopay. Leur investissement, leur expertise approfondie et leur réseau dans le domaine des paiements vont nous aider à accélérer considérablement notre croissance. Dans un avenir très proche, les échanges mondiaux, les business model et les nouvelles habitudes de consommation apporteront davantage de complexité et d’intermédiaires dans le domaine des paiements. Mangopay est bien positionné pour relever ces nouveaux défis et je suis très enthousiaste quant à l’innovation que nous allons apporter au marché et à nos clients existants. Nous sommes également très reconnaissants envers Arkéa, qui a été un actionnaire très mobilisé depuis 2015», souligne le CEO de Mangopay, Romain Mazeries, dans le communiqué de presse.

Garambois, ex-Amazon Luxembourg, devient executive chairman

«Nous avons identifié Mangopay comme l’un des principaux acteurs des paiements pour les marketplaces et les plateformes, un marché final stratégique et très attractif. Au cours des deux dernières années, nous avons suivi l’entreprise et son fort développement aux côtés de l’actionnaire majoritaire Arkéa. Nous sommes ravis de nous associer à l’équipe de direction et aux actionnaires actuels pour accompagner la prochaine étape de son parcours de croissance et créer un leader mondial de sa catégorie», a de son côté indiqué le directeur d’Advent International basé à Londres, Fabio Cali.

Alors que l’API est utilisée par plus de 2.500 entreprises, comme Vinted, Chrono24, Leboncoin, Rakuten, Wallapop ou Malt, la fintech ayant son siège au Luxembourg devrait recruter jusqu’à 250 personnes, soit quasiment doubler la taille de son effectif. La moitié d’entre eux seront des postes d’ingénieur et de product manager pour accélérer le développement et déploiement de nouvelles fonctionnalités. «Mangopay va également étendre ses activités et ses recrutements (commerciaux, ingénieurs avant vente, chargés de relation client) au Royaume-Uni, en Europe du Nord et Europe de l’Est, ainsi que renforcer sa présence en Allemagne et en Europe du Sud», stipule le communiqué.

Parmi les nouveautés, Xavier Garambois, vice-président d’Amazon pour l’e-commerce en Europe jusqu’à 2020 – il était basé au Luxembourg – avant de rejoindre Advent International en septembre dernier, devient executive chairman. Une stratégie habituelle pour le fonds d’investissement, généralement très actif dans les sociétés où il investit.

La fintech, qui avait franchi pour la première fois la barre des 10 milliards d’euros de transactions en 2021, soit 20 milliards d’euros au total, est aujourd’hui à plus de 25 milliards d’euros.