Il existe des projets pour rendre les hauts-fourneaux plus écologiques en France, en Allemagne et en Belgique, où un énorme investissement climatique est également prévu. Mais, à la fin de l'année dernière, le groupe sidérurgiste a décidé de suspendre ses projets de décarbonation en Europe après une étude préliminaire réalisée par des ingénieurs à Gand. Il faut d'abord clarifier le marché européen pour pouvoir ensuite investir effectivement les milliards d'euros envisagés.
L'un des plus gros investissements climatiques de l'industrie belge est en jeu à Gand : le passage éventuel de hauts-fourneaux classiques à des usines électriques, éventuellement dotées d'une installation à minerai de fer préréduit (Direct Reduced Iron). La direction internationale d'ArcelorMittal n'a toutefois pas encore pris de décision définitive sur cet investissement de plus de 2 milliards d'euros.
Le géant du métal emploie plus de 4.500 travailleurs sur son site de Gand, et 1.100 autres sous-traitants gagnent leur vie grâce à cet employeur industriel, l'un des plus importants dans le port gantois. Mais l'industrie sidérurgique revêt également une importance stratégique pour la nouvelle Commission européenne, qui s'était rendue à Gand peu après son entrée en fonction pour souligner l'importance des investissements ainsi que son ambition de soutenir l'industrie.
«Bien sûr, nous sommes écoutés, mais l'écoute ne suffit pas, n'est-ce pas?», a commenté M. Mittal jeudi, dans des propos rapportés par Belga. «Les actions doivent suivre. Et c'est ce que nous attendons avec impatience. L'action.»
Le patron d'ArcelorMittal reconnaît que certains progrès ont été réalisés au cours du premier semestre et souligne que le report des règles de déclaration de la directive européenne CSRD serait une étape positive. Néanmoins, il estime que d'autres mesures sont nécessaires pour soutenir l'industrie sidérurgique européenne.
Aditya Mittal fait principalement référence au commerce et au mécanisme européen d'ajustement carbone aux frontières, mais il préconise également d'avoir une visibilité sur le coût de l'énergie, ce dont l'aciérie électrique aura grandement besoin. «L'énergie peut prendre plus de temps parce qu'il s'agit d'une question géopolitique, mais l'action sur le commerce, qui est sous le contrôle des régulateurs européens, et le mécanisme d'ajustement frontalier pour le carbone sont cruciaux», a-t-il insisté. «Notre point de vue reste donc inchangé. Nous en avons besoin pour poursuivre notre route. Nous en avons besoin pour soutenir toutes nos opérations.»
Alors que la décision concernant l'investissement à Gand est toujours en suspens, ArcelorMittal continue d'investir à l'échelle mondiale. Pour 2024, l'entreprise prévoit entre 4,5 et 5 milliards de dollars d'investissements. La priorité sera donnée aux marchés présentant de fortes perspectives de croissance et des rendements élevés, tels que le Brésil, l'Inde et les États-Unis.
Si Aditya Mittal ressent de la sympathie de la part de la Commission européenne, il souligne que la sympathie seule ne suffit pas. «Oui, il y a de la sympathie, mais il est clair que nous voulons voir des actions», ajoute-t-il.