Adélaïde Dubucq est la fondatrice de Relooking & Queen. (Montage: Maison Moderne)

Adélaïde Dubucq est la fondatrice de Relooking & Queen. (Montage: Maison Moderne)

Adélaïde Dubucq a créé Relooking & Queen. Dans le cadre du dossier «Female Founders» de Paperjam, elle revient sur son parcours et son expérience en tant que fondatrice.

a fondé Relooking & Queen en 2009. La Belge, styliste personnelle, dirige la société qui œuvre dans le secteur du stylisme.

Pourquoi avoir décidé de vous lancer et de fonder votre entreprise?

«Par passion, pour la liberté, pour donner du sens et être motivée à me lever chaque matin. Le style, la parure et le beau ont toujours fait partie de ma vie, l’humain et le progrès aussi. Cela n’existait tout simplement pas au moment où je me suis lancée. Créer mon activité m’aura permis d’offrir au monde le meilleur de ce que je sais faire et de ce que j’aime faire.

Quelles sont les qualités nécessaires pour fonder une entreprise?

«La flamme intérieure, la confiance en ses capacités, la pensée positive, la résilience, et surtout le fait de ne pas s’approprier les doutes d’autrui par rapport aux décisions à prendre. Apprécier une certaine forme de solitude fait également partie du jeu. Il s’agit d’un jeu d’équilibriste entre sortir de sa zone de confort, prendre des risques et viser la stabilité.

Est-ce que le fait d’être une femme a impacté ou impacte encore votre expérience en tant que fondatrice?

«Absolument. C’est grâce au fait que je suis une femme que j’estime pouvoir éclairer le parcours d’autres femmes et que c’est devenu ma spécialité. J’ai vécu et je continue à vivre de l’intérieur, tout comme elles, de grandes évolutions, qui changent mon rapport au monde, plusieurs fois au cours de la vie.

Pouvez-vous citer un événement ou une date marquante pour votre entreprise?

«Octobre 2008, au défilé des Petits Riens (l’équivalent de Caritas) à Bruxelles, félicitée par le grand couturier belge Gerald Watelet pour le ‘chic fou’ de mes créations. Alors étudiante en stylisme, j'avais réalisé une robe de gala à partir d’une grande cape autrichienne en laine, et une collection à partir de chaussettes Burlington et d’écharpes écossaises upcyclées. Il m’a demandé de devenir son assistante à Paris, dans les anciens ateliers d’Yves Saint Laurent. C’est là que tout a commencé pour moi. C’était mon grand rêve et il s’est réalisé.

Une autre date plus récente, c’est septembre 2022, lorsque j’ai été choisie par le jury du programme Impuls, supervisé par Nyuko, afin de me voir offrir un coaching de 10 mois pour développer mon idée d’entreprise circulaire avec le vêtement au cœur du sujet.

Quelle est votre devise ou quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

«’Traitez les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être, et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être.’ Cette citation de Goethe résume ma philosophie. Il se cache parfois de merveilleuses ambitions derrière des personnalités qui ne se sont pas encore autorisées à éclore. J’aime aussi l’idée que nos différences font notre force.

Qu’avez-vous découvert sur le monde du business, ou de manière générale, en devenant fondatrice?

«Au niveau de mon business: que les hauts et les bas sont normaux, nécessaires, que l’apprentissage se fait par l’erreur. Qu’on ne peut pas vendre sans assumer d’être un personnage public, visible, inspirant et ça, ça a secoué ma modestie et mes peurs de me montrer en pleine lumière. Pour prendre soin des autres, il est également nécessaire de prendre d’abord soin de soi.

Concernant le monde du business en général, la puissance du langage corporel est largement sous-estimée. On pense qu’être bien habillé suffit. Dans la plupart des pays anglosaxons, les personnages publics ont une ou plusieurs stylistes. Ils en sont fiers. Chez nous, ces métiers sont mal compris. J’aime cette citation de Diane Von Furstenberg pour illustrer cette idée: ‘Attitude is everything’.

Avez-vous une autre activité en parallèle de votre entreprise? 

«Je suis une grande adepte de la danse classique, que je pratique à nouveau depuis que j’ai eu des enfants, après une pause de 20 ans. La danse apporte le plaisir de la musique, l’expression corporelle, à la fois la liberté et la structure, le dépassement de soi. C’est surtout un immense plaisir, la danse me vide la tête et j’en ressors toujours avec le sourire.

Quels sont vos projets et vos ambitions pour l’avenir?

«Mon entreprise circulaire qui est en train de voir le jour. Mon ambition est de créer une marque luxembourgeoise d’upcycling haut de gamme. Il s’agira de création de vêtements et accessoires en mini séries numérotées, réalisés à partir de stocks dormants de haute couture. Le projet propose aussi des capsules séduisantes de seconde main stylée.

La vocation de mon entreprise est de faire bouger les lignes de la consommation: permettre à une femme active et élégante, aux contextes exigeants, de s’habiller de manière locale, stylée et éthique. Mon projet comporte également un volet social. À moyen terme, l’idée est d’apporter à des femmes en situation de précarité (SDF, réfugiées) des capsules de vêtements de seconde main qui répondent à leurs besoins, mais aussi à leurs envies, et des services (coiffure, stylisme, maquillage) pour leur offrir dignité, joie et légèreté. À terme, je voudrais mettre sur pied un véritable projet de réinsertion sociale et professionnelle avec un atelier luxembourgeois de couturières qualifiées.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de Paperjam du mois de mars 2024, parue le 28 février 2024. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.  

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