Quatre nouvelles start-up répondent à trois de nos cinq questions posées à tous les candidats aux Start-up Stories. (Photo: Shutterstock)

Quatre nouvelles start-up répondent à trois de nos cinq questions posées à tous les candidats aux Start-up Stories. (Photo: Shutterstock)

Le deuxième round des Start-up Stories, organisé par le Paperjam Club et parrainé par la Bil, aura lieu le 12 juin au Knokke Out aux Rives de Clausen. 

Adapti

D’où vous est venue l’idée de votre start-up? 

«L’idée d’Adapti nous est venue pendant nos études, lors d’une conférence sur le big data. Le speaker nous démontrait à quel point il était facile pour un média ou une application de récolter et de traiter de la donnée utilisateur et à quel point elle pouvait être précise. Pourtant, ni les sites internet, ni les internautes n’en ressentaient le bénéfice direct. Le site sur lequel j’avais acheté 10 T-shirts pour homme continuait de me proposer des vêtements pour femme. Nous avons donc réalisé qu’il était possible de mettre à profit ces informations pour que les sites s’adaptent à chacun d’entre nous. 

Quelles sont les qualités nécessaires pour lancer sa start-up? 

«Je dirais que la qualité essentielle pour lancer sa start-up est l’ambition et que tout le reste dépend du domaine dans lequel vous vous lancez. Mais de ce que j’ai pu observer, je pense qu’il est de plus en plus compliqué de lancer sa start-up en 2019 sans avoir de compétences techniques dans son équipe. Plus de 9 start-up sur 10 sont numériques, et même si ce n’est pas le cas, un site web sera très certainement le premier investissement à réaliser. Pouvoir gérer cela en interne permet d’économiser des milliers d’euros qui seront cruciaux pour la suite du développement.

Il y a des erreurs dont on se passerait bien, et l’essentiel est de ne pas les reproduire par la suite! 

Adapti

On entend souvent qu’il est essentiel de faire des erreurs. Qu’en pensez-vous? 

«Rien ne vous marque plus qu’une erreur que vous ressassez pendant des jours et des jours, donc oui, c’est certainement ce qu’il y a de plus formateur. Mais a contrario, il y a des erreurs dont on se passerait bien, et l’essentiel est de ne pas les reproduire par la suite! 

EmailTree AI

D’où vous est venue l’idée de votre start-up?

«En 2003, j’ai fondé un groupe spécialisé dans la distribution de logiciels par téléchargement, sur une plate-forme e-commerce in-house. Le service clients gère des centaines d’e-mails, à traiter au plus vite. L’idée de EmailTree AI est née ainsi en 2015, avec démarrage du développement en 2017. Pour répondre d’abord à nos propres besoins internes.

Il s’agit d’une solution de management intelligent d’e-mails, basée sur différentes techniques d’intelligence artificielle qui interviennent à chaque étape du cycle de vie d’un e-mail. Ceci afin de réduire considérablement le temps de traitement d’un e-mail et augmenter ainsi la satisfaction des clients. Le mix humain-machine permet ensuite d’obtenir une sérénité augmentée, d’accroître l’efficacité des services clients/supports techniques, libérer la créativité pour plus de valeur ajoutée. De l’idée à sa concrétisation, il n’y a qu’un pas... et pourtant.

Nous pouvons parler d’aventure entrepreneuriale uniquement s’il y existe des clients potentiels qui achèteront ce que l’on construit.

EmailTree AI

Quel a été l’élément déclencheur de votre aventure entrepreneuriale?

«Avant tout, un produit ou solution doit rendre un réel service pour l’utilisateur final. C’est en présentant EmailTree AI lors d’un événement organisé par le club LOIC Luxembourg que j’ai voulu le confronter au monde ‘extérieur’. Le besoin de résoudre très rapidement un e-mail est évident. Mais est-ce que les autres entreprises étaient prêtes à adopter un tel outil, payer pour une licence d’utilisation?

Le feed-back très positif reçu ce soir-là a été LE moment déclencheur pour préparer la solution pour une distribution à grande échelle. Nous pouvons parler d’aventure entrepreneuriale uniquement s’il y existe des clients potentiels qui achèteront ce que l’on construit.

On entend souvent qu’il est essentiel de faire des erreurs. Qu’en pensez-vous?

«Les tests, expériences, apprentissages, éducations (plus ou moins surveillées) impliquent la notion même d’erreur. Quand j’étais seul à gérer les premières sociétés, il y a eu des succès, mais aussi des erreurs. Le solde a été positif, fort heureusement. L’expérience d’un groupe aide à la prise de décision, ceci afin de diminuer l’impact des erreurs, si toutefois elles arrivent. Mais le plus important, c’est la façon dont on aborde chaque action. Si nous le faisons dans un état d’esprit positif, les chances de réussite sont accrues.

BondWeaver

D’où vous est venue l’idée de votre start-up?

«BondWeaver a développé un outil d’analyse organisationnelle basé sur l’IA, appelé BondWeaver Journey, qui cartographie le réseau d’interactions des entreprises. Notre logiciel compare les résultats aux points de repère commerciaux et aux résultats de recherche issus de la science des réseaux, de la psychologie organisationnelle, de la biologie et de l’anthropologie.

Nous croyons que la cause de chaque problème lié aux ressources humaines dans l’organisation provient du réseau interactionnel.

BondWeaver

Sur la base des résultats, notre IA prépare des rapports, des prévisions et des conseils à l’intention des responsables des ressources humaines et de la direction. Notre outil fournit également à chaque employé un rapport individuel sur la manière dont il peut améliorer sa position dans le réseau interactif. L’analyse de réseau organisationnel est un outil très puissant.

Nous croyons que la cause de chaque problème lié aux ressources humaines dans l’organisation provient du réseau interactionnel. Krackhardt – un scientifique du réseau – utilise une grande métaphore pour expliquer l’analyse organisationnelle de réseau de manière simple: imaginez que l’organigramme soit un squelette de la société et que le réseau interactionnel soit son système nerveux central.

Nous cartographions et mesurons le réseau interactionnel; nous le rendons visible et gérable. Nous avons récemment lancé notre nouveau module d’analyse, axé sur la fidélisation des employés.

Quel a été l’élément déclencheur de votre aventure entrepreneuriale?

«Au début du programme Fit4Start, nos coaches nous ont demandé de parler à nos clients actuels et potentiels et de découvrir leurs problèmes de ressources humaines les plus urgents. Cinq responsables des RH sur dix ont affirmé que la rétention des employés était soit un problème croissant, soit une priorité stratégique pour leur entreprise.

 Dans les budgets, les entreprises planifient uniquement avec les coûts d’embauche, mais elles ne calculent pas le temps consacré à la formation.

BondWeaver

Notre premier rapport d’attrition a été demandé par l’un de nos premiers clients (une entreprise de plus de 600 employés) lorsqu’il a utilisé notre analyse pour la deuxième fois en six mois. Nous avons créé un algorithme qui calcule un score de risque d’attrition pour chaque employé. Nous avons également exécuté notre algorithme lors de la première analyse, et 66% des employés identifiés comme présentant un risque élevé de quitter l’entreprise avaient déjà quitté ou donné leur préavis au moment de la deuxième analyse.

En moyenne, les entreprises qui travaillent avec nous peuvent réduire leur taux d’attrition annuel de 30%. Cela signifie des millions d’euros économisés chaque année, car le remplacement d’un employé coûte très cher: il coûte entre 75% et 200% de son salaire annuel. Dans les budgets, les entreprises planifient uniquement avec les coûts d’embauche, mais elles ne calculent pas le temps consacré à la formation, au développement, à l’intégration et ignorent la perte de productivité d’une équipe existante. Tous ces facteurs ont un prix.

Quelles sont les prochaines étapes pour votre société?

«Nous sommes déjà bien implantés dans la région d’Europe centrale et orientale. Au cours de la prochaine année, nous nous concentrerons sur les marchés d’Europe occidentale, en particulier le Luxembourg et la région. En termes de nouveaux produits, nous avons un pipeline de développement pour les trois prochaines années. Nous accompagnons déjà les entreprises dans leur processus de transformation agile.

Nous aimerions lancer un produit dédié, qui permet aux gestionnaires d’encourager la créativité et l’innovation dans les organisations.

BondWeaver

Vous pouvez donc vous attendre à un nouvel outil d’analyse dans ce domaine. Nous développons également un produit qui se concentre sur les équipes, les personnes-clés et l’innovation. Notre cofondateur, Balázs Vedres, professeur à l’Université d’Oxford, a mené des années de recherche dans le domaine des réseaux et de l’innovation, plus précisément, il a identifié la source de la créativité dans les réseaux de collaboration.

Nous tirons déjà parti des résultats de la recherche de Balazs, mais nous aimerions lancer un produit dédié, qui permet aux gestionnaires d’encourager la créativité et l’innovation dans les organisations, de leur donner l’avantage dont ils ont besoin pour devenir les leaders de leur secteur.

Serpico

Quel a été l’élément déclencheur de votre aventure entrepreneuriale?

«Un travail de back-office pour remplacer un congé maternité dans une banque américaine à Bertrange. La sensation d’être insignifiant… le PDG était, à New York, mon N+11. Que savait-il de moi? Rien, pas beaucoup plus que les ressources humaines même locales qui résidaient dans le même building que le mien. J’ai voulu améliorer la vie du département, en automatisant des tâches répétitives et on m’a fermement éconduit.

Si l’on accepte de donner du labeur en échange d’argent, on cherche surtout à donner un sens à ce que l’on fait tous les jours. J’avais déjà une grande envie de créer mon entreprise. Le fait que l’on me demande de détruire mon travail – consécration de l’absurde – a été plus qu’un élément déclencheur, ça a été un point de non-retour.

Quelles sont les qualités nécessaires pour lancer sa start-up?

«Du réseau. Qu’on le veuille ou non, le monde et les opportunités de vente sont encore majoritairement dirigés par le réseau. Personnellement cela me rend triste, mais le monde des idées est à mettre au second plan, l’important est de se mettre dans les petits souliers de ses potentiels acheteurs, qui plus est dans ce petit village qu’est Luxembourg.

Les décideurs ignorent souvent que leurs tergiversations peuvent avoir notre peau; ne pas hésiter à insister, et accélérer le consentement.

Serpico

Et encore, je ne parle pas de ‘buzzer’ en parlant d’IA ou fintech à toutes les sauces… Le Grand-Duché est très fort pour cela! Ne pas négliger donc les afterworks, conférences, cocktails… qui sont autant d’occasions pour les décideurs de vous jauger, vous ‘renifler’. Je n’ai pas utilisé le terme ‘acheter” car je ne crois pas au coup de foudre, mais la récurrence fait que l’on est pris chaque fois un peu plus au sérieux. Les cycles de vente sont longs, bien plus longs qu’ils n’y paraissent à première vue. Une entreprise manifeste un intérêt: bien.

Mais le temps que X en parle à Y, que Y mette Z dans la boucle, les mois passent et nous en sommes toujours au même point. Oussama Ammar, guest star de la session Start-up Stories et gourou de nombreux start-upper en France, définit bien ce qu’est une start-up: une entreprise en état de faillite perpétuelle. C’est une bataille contre le temps qui passe, et les décideurs ignorent souvent que leurs tergiversations peuvent avoir notre peau; ne pas hésiter à insister, et accélérer le consentement.

N’est-ce pas comment les grands séducteurs agissent? C’est sûrement une lapalissade, mais mieux vaut être convaincu de la valeur de son produit. Et savoir l’affirmer haut et fort. De même qu’une femme admire un homme qui sait ce qu’il veut et où il va, les gens s’identifient et se prennent d’amitié pour ceux qui croient en leurs projets et remuent ciel et terre pour les mener à bien.

Avez-vous un conseil à donner à celles et ceux qui hésitent encore à se lancer?

«Faites une ‘market validation’ de votre idée: réalisez un sondage et demandez franchement une estimation de ce que vous pensez être votre valeur ajoutée à des décideurs, ça aide beaucoup pour commencer sur une base. Essayez aussi au maximum de ne pas vous créer de contraintes extérieures (achat d’une maison, quête d’un partenaire, enfant…): ça peut paraître choquant, mais dites-vous que dès que vous rentrez dans le monde des start-upper, sauf si vous avez déjà créé une entreprise avant, vous commencez un marathon pour lequel vous n’êtes pas entraîné. Vous savez qu’il y aura des moments difficiles, mais votre unique objectif est de terminer ces 42,195 kilomètres: évitez donc de trop vous lester.»

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