Les intervenants lors de la table ronde du mardi 17 septembre à la Chambre de commerce. (Photo: Emmanuel Claude / Focalize)

Les intervenants lors de la table ronde du mardi 17 septembre à la Chambre de commerce. (Photo: Emmanuel Claude / Focalize)

Un million d’habitants et 600.000 frontaliers à l’horizon 2060: les intervenants de la table ronde organisée mardi 17 septembre par l’OAI et la Fondation Idea autour du thème de la démographie ont débattu des solutions pour s’adapter à cette perspective. Retour sur quelques propositions-clés.

«Alors que la taille des ménages diminue, celle des logements augmente. Le retard du Luxembourg est historique», a estimé l’architecte-urbaniste Christine Muller à propos de la problématique du logement, lors de la table ronde organisée mardi 17 septembre à la Chambre de commerce par l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI), en partenariat avec la Fondation Idea, autour de la démographie au Luxembourg et des problématiques qui en découlent.

Tous les acteurs présents – la ministre de la Famille et de l’Intégration et à la Grande Région, , le président et le vice-président de l’OAI, et Marc Feider, le coordinateur en matière de politique nationale au Liser, Patrick Bousch, et Christine Muller – s’accordent sur la crédibilité d’une hypothèse où, à 3% de croissance du PIB et 1,1% de productivité, la population du Luxembourg atteindrait à l’horizon 2060 un million de résidents, pour 600.000 frontaliers.

Des problèmes et des solutions

De ce constat découlent de nombreuses problématiques: mobilité, cohésion sociale, mais surtout logement.

«Des solutions existent», relativise Corinne Cahen. La table ronde a permis d’en avoir un panorama, avec, par exemple: l’augmentation du nombre de personnes par voiture, le covoiturage, la diversification des lieux de travail, le télétravail, l’amélioration des transports publics, ou encore l’augmentation de la hauteur des bâtiments ou du nombre de zones mixtes, mélangeant bureaux, commerce et résidentiel.

Parmi celles-ci, quatre propositions se sont démarquées:

1. Diminuer la taille des logements

Le nombre de logements étant contraint par leur taille, trop importante, une solution consiste à en diminuer la surface. «Il faut construire des logements plus petits», estime ainsi Corinne Cahen. «Alors qu’un 70m2 ne contient qu’une chambre au Luxembourg, il en contiendrait deux, voire trois, à Paris», compare-t-elle.

2. Séduire les propriétaires

«Il y a suffisamment de terrains constructibles au Luxembourg», analyse encore la ministre. Cependant, «les Luxembourgeois, qui sont à plus de 70% propriétaires, n’ont aucun intérêt à voir les prix diminuer», ajoute-t-elle. Il s’agit donc de les convaincre.

«Il faut séduire les propriétaires pour débloquer le foncier, en leur proposant quelque chose d’intéressant, comme les décharger des démarches administratives», propose Christine Muller.

«Un point primordial, c’est la communication», renchérit Jos Dell. «Il faut un travail de communication de tous les jours, impliquant l’ensemble des acteurs de la société.»

3. Une réglementation plus flexible

«Il faut créer un cadre plus flexible afin qu’un grand logement ne puisse être inoccupé», explique encore Jos Dell. «Je loue une chambre si elle est libre.»

Or, «si une personne âgée veut accueillir quelqu’un, un règlement communal peut l’interdire, car cela est hors ménage», rappelle pour sa part Patrick Bousch.

«Il faut changer la législation, qui date des années 80 et n’est pas adaptée aux enjeux actuels», rejoint Christine Muller.

4. Changer de modèle

«Un changement de modèle est nécessaire», affirme Patrick Bousch. Le paradigme où «tout est mis sur l’accès à la propriété» ne fonctionne pas, selon lui: il faut créer «un autre segment où les logements créés ne seront pas privatisés, mais serviront à la location à destination des jeunes».

Et peut-être faut-il «s’interroger sur notre modèle de croissance à 3,5%», continue-t-il, estimant qu’on ne peut pas continuer à croire «qu’on va accueillir 400.000 personnes», car «la question des infrastructures ne se résoudra pas à notre échelle».