Franck Marchand, président de l’Institut luxembourgeois des actuaires, recense 270 membres. (Photo: Nader Ghavami)

Franck Marchand, président de l’Institut luxembourgeois des actuaires, recense 270 membres. (Photo: Nader Ghavami)

Indispensables au bon fonctionnement d’une compagnie d’assurances, les actuaires sont peu nombreux, alors que leurs compétences sont de plus en plus recherchées, y compris par d’autres secteurs d’activité.

L’actuaire a toujours été une perle rare. C’est un des métiers les plus recherchés du secteur financier, et la Place luxembourgeoise ne fait pas exception.

L’Ilac (Institut luxembourgeois des actuaires) recensait 33 membres lors de sa création il y a 27 ans; il en compte aujourd’hui 270.

Et la croissance du nombre d’actuaires au Grand-Duché n’est pas près de s’arrêter. «Nous avons jusque-là connu un rythme de croissance d’environ 20 actuaires par an, mais dans cinq ans, nous aurons probablement dépassé les 100 membres supplémentaires», estime Franck Marchand, président de l’Ilac, qui entame sa dernière année de mandat.

Pilier de la construction d’une offre d’assurance, l’actuaire est celui qui effectue (entre autres) des calculs pour évaluer la probabilité qu’un risque survienne, en fonction de différents paramètres statistiques. De ses calculs ressortent au final le montant des tarifs d’assurance.

Hausse des besoins

Solvabilité 2, entrée en vigueur en 2016, avait déjà créé une forte demande, générant le recrutement d’environ 70 membres supplémentaires. «IFRS 17 va probablement créer un appel d’air au moins aussi important que Solvabilité 2 en son temps», parie Franck Marchand.

Dans tous les pays, les actuaires sont très demandés par les compagnies, mais sont peu nombreux par rapport aux besoins, qui augmentent nettement au Grand-Duché également.

«Le spectre des besoins s’élargit: le métier était d’abord spécialisé sur l’assurance-vie avec l’analyse des tables de mortalité, puis sur l’assurance-dommages avec la modélisation des risques, et sur l’actuariat financier avec les calculs du risque de ruine, devenu le risk management. Il s’étend aujourd’hui à l’analyse des données au sens large», explique Franck Marchand.

Les actuaires ont donc développé au fil du temps une polyvalence, aujourd’hui très prisée: «L’avantage de l’actuaire consiste dans le fait qu’il dispose à la fois d’une formation technique et statistique, et d’une pratique du fonctionnement des contrats, de la déontologie et du droit», souligne Franck Marchand.

Data science

Pour faire face à la pénurie de candidats, les compagnies d’assurances et les cabinets spécialisés luxembourgeois sont ainsi obligés de chasser sur les terres des pays limitrophes. Et l’Ilac a par ailleurs des discussions avec l’Uni pour mettre en place un master avec des modules d’actuariat.

Le Brexit pourrait aussi faciliter quelques recrutements: «Il existe environ 15% d’actuaires anglophones au Luxembourg, ce qui est une spécificité en Europe. Le Brexit devrait en attirer encore davantage», note Franck Marchand.

La digitalisation a encore amplifié le besoin d’actuaires, générant une explosion des demandes en matière de risk management et de data science, en plus des problématiques actuarielles historiques.

«Les actuaires disposent des connaissances de base pour le métier de data scientist: les entreprises qui en cherchent tentent donc de recruter parmi eux. L’actuaire étant spécialiste de l’analyse algorithmique, il peut désormais se mettre au service de n’importe quelle entreprise qui en aurait besoin», remarque Franck Marchand.

De quoi tendre encore un peu plus le marché de l’emploi sur ce métier. Et placer davantage en position de force ceux qui ont choisi cette voie royale.