Pour 2022, Bill Street (à g.) et Daniele Antonucci, Chief Investment Officer et Chief Economist de Quintet Private Bank, tablent sur une croissance de 4,3% de l’économie mondiale, une baisse des pressions inflationnistes et un resserrement des politiques monétaires. (Photo: Quintet Private Bank)

Pour 2022, Bill Street (à g.) et Daniele Antonucci, Chief Investment Officer et Chief Economist de Quintet Private Bank, tablent sur une croissance de 4,3% de l’économie mondiale, une baisse des pressions inflationnistes et un resserrement des politiques monétaires. (Photo: Quintet Private Bank)

Dans ce contexte de ralentissement de la croissance, les analystes de Quintet Private Bank s’attendent à une baisse de performance des actions, à un recul de l’euro et à une montée en puissance des thèmes d’investissement liés aux pays émergents, à la durabilité et à la technologie.

D’un point de vue global, Bill Street et Daniele Antonucci estiment que l’accélération cyclique n’est plus le moteur dominant de l’économie mondiale: «Le monde se situe désormais au-delà du pic de croissance». Pour eux, le coup de fouet donné à la croissance par la réouverture des économies est terminé, la demande confinée a été satisfaite et les mesures de relance vont perdre en intensité. «Dans ce contexte de normalisation, les prix des actifs seront dictés par le bras de fer entre le ralentissement des taux de croissance et la poursuite de l’amélioration des niveaux d’activité.»

Ceci posé, Bill Street s’attend à une baisse de performance des actions. «Cela signifie que les investisseurs vont devoir redoubler d’efforts pour trouver des sources de valeur en recherchant les domaines dans lesquels la dislocation est la plus forte et où la croissance continue de présenter des opportunités. Il pourrait s’agir de secteurs comme ceux des biens de consommation, des valeurs industrielles, des matières premières, des matériaux et de l’énergie. Parallèlement, lorsque les chaînes d’approvisionnement seront rétablies et que les échanges internationaux reprendront pleinement, les entreprises internationales devraient être les mieux placées pour prospérer.»

Les obligations devraient également profiter d’un contexte de recul de l’inflation et de politiques de soutien moins généreuses pour voir leur rendement augmenter «progressivement».

Sur les marchés monétaires, Daniele Antonucci s’attend à un recul de l’euro. «Les niveaux de dette publique sont extrêmement élevés et les banques centrales doivent veiller à ce que les coûts de financement restent abordables. Dans la mesure où la Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale américaine relèveront leurs taux avant la Banque centrale européenne, nous anticipons un raffermissement de la livre sterling et du dollar US accompagné d’un recul de l’euro. La Chine pourrait également laisser sa monnaie s’affaiblir pour doper sa compétitivité à l’échelle internationale.»

Trois thèmes clés à surveiller

La Chine reste pour les deux économistes une thématique à surveiller. Ils estiment que le pays amorce une transition structurelle vers une économie portée par la demande intérieure et l’essor des services, ce qui l’obligera à adapter son infrastructure institutionnelle et réglementaire. Ce processus favorisera selon eux les secteurs de la technologie et l’industrie de pointe.

Plus globalement, ils perçoivent des opportunités sur les marchés émergents et plus particulièrement en Asie.

Des opportunités, ils en voient également dans le secteur des infrastructures qui sera porté par l’engagement accru des États pour le développement durable. Un engagement aura un effet d’entraînement sur certains segments du secteur de l’immobilier, ainsi que sur des secteurs comme la logistique et le stockage. «L’investissement à long terme dans les infrastructures, notamment dans les routes, les ponts et les chemins de fer, ainsi que dans des domaines tels que la santé et la protection sociale constitue désormais une tendance macroéconomique structurelle», explique Daniele Antonucci. «Les dépenses publiques vont s’accélérer, venant ainsi compléter les lourds investissements privés et stimuler la croissance globale. Les entreprises œuvrant dans des secteurs liés aux infrastructures au sens large pourront tirer parti de cette tendance mondiale; celles qui seront en mesure d’améliorer les performances environnementales des projets pourraient sortir gagnantes.»

Enfin, l’innovation sera un thème majeur. «Au sortir de la pandémie, les progrès technologiques en cours doperont la productivité et continueront à bouleverser des pans entiers de l’économie. Les progrès réalisés dans l’automatisation, la transition numérique, l’intelligence artificielle, le commerce électronique et l’informatique à distance continueront d’être alimentés par des dépenses massives en recherche et développement. Parallèlement, les niveaux élevés de dépenses d’investissement, notamment en matière de propriété intellectuelle, de durabilité et d’infrastructures, favoriseront également la création d’emplois et la croissance globale.»